LA VIE DES MISSIONS LOCALES S’ADAPTE AUX CIRCONSTANCES DES PLANS D’URGENCE SANITAIRES.
La période de septembre à octobre a permis aux Missions locales de commencer à rattraper le retard pris à l’occasion du confinement, tant sur l’accueil que sur les entrées en prestations. Les conseillers étaient sur le terrain.
Cette phase a pris fin en novembre avec le « reconfinement ». Les Missions Locales restent ouvertes et s’efforcent « de trouver un équilibre entre le maintien d’un accueil et l’activité en télétravail »[1], explique le président de l’UNML. La fréquentation des jeunes a diminué.
« Nous restons attachés au présentiel et n’avons pas opéré de basculement vers le tout numérique. Au-delà de cet accueil, le principe est de télétravailler au maximum. » Il précise que « la Garantie jeunes est aménagée mais elle n’est pas dégradée[2] ».
Les conseillers prescrivent l’ensemble des mesures, alors qu’au printemps, les Missions locales avaient arrêté de prescrire des Services Civiques, des Périodes de Mise en Situation en Milieu Professionnel (ou PMSMP) et que l’inscription en Garantie jeunes était suspendue.
« L’organisation du télétravail relève de chaque structure, qui est autonome. Chacun s’adapte en fonction de ses personnels et de son matériel. » (…) Parmi les salariés, certains souhaitent télétravailler pour différentes raisons. D’autres, à l’inverse, ne souhaitent pas revivre de confinement total. »
De mi-mars jusqu’en novembre, on a constaté une baisse du nombre des prestations des Missions locales. Les entrées initiales de jeunes sont à -6% en PACEA et -23,4% en Garantie jeunes. C’est-à-dire 16 000 jeunes de moins qu’en 2019 pour la même période[3].
L’APPLICATION DU PLAN JEUNES DÉMARRE PROGRESSIVEMENT.
L’UNML juge positif le renforcement du partenariat entre Pôle emploi et les Missions locales pour le déploiement de ce Plan jeunes. Cela permettrait d’éviter la concurrence dans la réalisation d’objectifs commun.
Les remontées de terrain permettront de savoir comment s’est passé la répartition des jeunes entre les deux « partenaires » selon les territoires.
Les conseillers des Missions locales devraient retrouvent un choix de mesures dans le Plan jeunes, afin de proposer le parcours le plus adapté à chaque jeune : emplois aidés (PEC), augmentation potentielle du nombre d’entrée en Pacea ou en Garantie jeunes, offre de formation et aides aux employeurs pour l’embauche des jeunes ou l’apprentissage.
Mais, « le gouvernement n’est pas allé jusqu’à remettre en place les emplois d’avenir » précise le président de l’UNML.
LE LANCEMENT DES ACTIONS EN FAVEUR DE L’OBLIGATION DE FORMATION POUR LES JEUNES 16/18 ANS SEMBLE RALENTIE.
L’obligation de formation pour les jeunes 16/18 ans, que les Missions locales devaient mettre en œuvre dès septembre, parait retardée par l’Éducation nationale.
« Les listes de décrocheurs devraient nous être communiquées mi-novembre. » (…) « Nous avons, de plus, le sentiment que l’État tarde à se mobiliser sur une mesure qui est pourtant dans la loi. Il n’y a toujours pas de campagne d’information prévue. »
Cet objectif est freiné par les circonstances. La question du repérage des jeunes décrocheurs demeure dans l’immédiat.
Des mesures du plan jeunes devraient normalement être à disposition[4] des conseillers des Missions locales.
Le désordre scolaire du printemps (fermeture des collèges et lycées) et de la rentrée depuis novembre pourraient contribuer à augmenter le nombre des jeunes abandonnant leur scolarité avec des cas fictifs de travail à domicile. Les statistiques le diront en 2021.
Le rôle attribué aux personnels des Missions locales, dans la mise en œuvre de cette « obligation » de formation, fait l’objet de critiques des organisations syndicales. Tout dépend en fait comment la démarche sera menée concrètement dans chaque ML.
L’AUGMENTATION DES MOYENS DES ML POURRAIT ÊTRE PLOMBÉE PAR LE CALENDRIER DE LEUR VERSEMENT.
Une difficulté subsiste, selon l’UNML, concernant le budget supplémentaire, alloué pour le fonctionnement des Missions Locales.
Les dotations de l’État arrivent plus tard dans l’année pour atteindre les objectifs.
Or, paradoxalement, c’est la réalisation des objectifs qui débloque les financements supplémentaires[5] qui permettent de recruter des personnels pour atteindre les objectifs !!!
Le financement des Missions locales et des prestations changeantes de la politique de l’emploi donne lieu à des difficultés récurrentes qui pourraient semble-t-il être résolue par des prises de décisions claires.
Le rapport de force entre l’organisation patronale UNML et le ministère du Travail ne semble pas très favorable aux Missions locales…
LES MISSIONS LOCALES S’INTERROGENT SUR LEUR PLACE DANS LE PROJET DE « SERVICE PUBLIC DE L’INSERTION ET DE L’EMPLOI. »
Les expérimentations sont à peine entamées qu’il serait question d’une extension.
Or les Missions locales se trouvent, de fait, dans le champ de l’insertion et de l’emploi quant à leur public. L’UNML s’en inquiète sans doute à tort[6], car rien ne semble pouvoir se concrétiser désormais avant la fin du quinquennat.
[1] Interview AEF – «Il faut que les dotations de l’État arrivent plus tôt si nous voulons remplir les objectifs» (Jean-Patrick Gille) – 5 novembre 2020
[2] « La dimension collective, qui est au cœur de la GJ, aura lieu. Elle sera peut-être décalée dans le temps ou réalisée, en partie, à distance mais elle n’est pas remise en cause. Il n’y aura pas de Garantie jeunes sans phase collective. »
[3] Point Dares – DGEFP sur la situation sur le marché du travail au 10 novembre 2020.
[4] « En revanche, avec le Plan jeunes, la boîte à outils est importante pour apporter des réponses aux jeunes concernés. Notamment « La promo 16/18″ de l’Afpa, qui bénéficiera à 35 000 jeunes, même si ce n’est pas la seule mesure. »
[5] « L’ensemble des crédits de 2020, soit 371 millions d’euros, sont maintenus. Les 100 millions d’euros supplémentaires figurent dans un budget à côté, consacré au plan de relance. » (…) « Or, nous sommes des associations, nous avons besoin de garanties. Nos fonds de roulement ne nous permettent pas de porter, seuls, pendant des mois, une telle avancée. Il faut que les dotations de l’État arrivent beaucoup plus tôt dans l’année si nous voulons remplir les objectifs. » – le président UNML.
[6] « Nous avions l’impression que ce projet n’était pas encore mûr. Nous nous demandons aussi quelle va être notre place. Alors que justement, nous sommes un service public territorialisé pour l’insertion et l’emploi des jeunes. » – le président de l’UNML.
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