UNE TRIBUNE EN FAVEUR DES « EMPLOIS VERTS » VIENT DE PARAITRE.
Une tribune, signée par une dizaine de maires, PS ou EELV, de grandes villes[1], est parue dans le JDD[2], elle répond à une préoccupation politique en vue des échéances de 2022.
Cet appel est destiné à introduire l’idée qu’il est souhaitable de mêler l’écologie et l’emploi.
« Nous soutenons la mise en place d’une garantie de l’emploi pour les personnes qui en sont privées, dans des activités utiles à la reconstruction écologique. » – La tribune.
Il apparait comme un critère de campagne présidentielle susceptible d’unir les différents partis de gauche, aujourd’hui cantonnés dans l’opposition.
Au-delà de l’enjeu politique qui n’est pas du ressort de ce Billet, la question est de savoir si cette idée est sérieuse ou non.
ELLE APPELLE AU RETOUR A UNE POLITIQUE D’EMPLOIS AIDES.
Cette tribune cite des moyens, qu’il conviendrait sans doute de développer, mais qui existent déjà.
« Construite à partir de dispositifs déjà existants et qui fonctionnent comme les « Territoires zéro chômeur de longue durée », les contrats subventionnés publics ou privés ou bien l’insertion par l’activité économique, elle permet de satisfaire de très nombreux besoins individuels et sociaux dans des secteurs variés comme le bâtiment, l’agroécologie ou encore l’économie circulaire. » – Tribune.
Avec ces « emplois verts », on retrouve simplement l’idée d’une relance des emplois aidés, mais limitées à un seul objectif : la décarbonatation !
Cette proposition reprend des politiques bien connues, depuis des décennies.
Deux des signataires, Martine Aubry, ministre du travail, et Anne Hidalgo, conseillère à son cabinet, ont développé la politique des « emplois jeunes » en 1997 !
Cette proposition rompt avec la politique menée par le gouvernement qui a été marquée dès la mi-2017 par la décision de suppression des emplois aidés.
MAIS LE NOMBRE DES « EMPLOIS VERTS » RESTENT STRUCTURELLEMENT LIMITÉS.
Le discours sur les « emplois verts » a été développée depuis des décennies sans réel bilan positif (en donnant lieu à des rapports réguliers et à des services ministériels ad hoc).
Les efforts fait en faveur de la politique environnementale ont conduit à peu de créations d’emploi.
D’un côté, des métiers existants ont évolué vers des techniques ou des pratiques ayant une motivation environnementale. Le cas type est l’isolation thermique des bâtiments et le choix des solutions de chauffage (promotion de l’installation de panneaux solaires et des pompes à chaleur).
De l’autre divers métiers, plus spécifiques se sont développés (tri des déchets, réparations d’équipements, etc.), mais ils ont conduit à la création de peu d’emploi.
Enfin, une orientation des travaux de recherche publique ou privé vers des priorités environnementales se poursuivent utilement (mais évidemment ils mobilisent des chercheurs).
La grande majorité des métiers concernés imposent l’obtention de diplômes ou de qualifications correspondantes !
Ils ne sont pas tous forcément accessibles à des chômeurs de longue durée.
LA RELANCE D’UNE POLITIQUE D’EMPLOIS AIDES EST UN ENJEU QUI DÉPASSE LE SEUL SECTEUR DES « EMPLOIS VERTS ».
La relance d’une politique d’emplois aidés peut constituer une voie dans un contexte de chômage de masse à condition d’être calibrés, durables, intéressant pour les employeurs et les salariés, etc. pour réussir ce projet.
Le choix de la nature des employeurs marchands ou non marchand (associations, collectivités, etc.) est également fondamentale.
Enfin, limiter les missions aux seules missions environnementales apparait un choix idéologique trop limitatif face à l’ensemble des besoins sociaux.
[1] Les signataires sont Martine Aubry, maire (PS) de Lille, Jeanne Barseghian, maire (EELV) de Strasbourg, Emmanuel Denis, maire (EELV) de Tours, Anne Hidalgo, maire (PS) de Paris, Léonore Moncond’huy, maire (EELV) de Poitiers, Benoît Payan, maire (PS) de Marseille, Johanna Rolland, maire (PS) de Nantes, Cédric Van Styvendael, maire (PS) de Villeurbanne et Anne Vignot, maire (EELV) de Besançon.
[2] JDD DU 10 avril 2021 – TRIBUNE. « Neuf maires PS et EELV, dont Aubry et Hidalgo, défendent une « garantie à l’emploi vert » ».
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