L’ABANDON PROGRESSIF DE LA POLITIQUE SOCIALE DE L’EMPLOI SE TRADUIT EN CHIFFRES CONCRETS POUR 2017.
La DARES publie les chiffres des Contrats aidés pour 2017[1]. Ils font état d’une forte baisse engagée dès le second semestre 2017 par le nouveau gouvernement.
Cette politique a été confirmée par la loi de finances 2018 et se poursuivra en 2019. Il s’agit d’un abandon progressif de la « politique sociale de l’emploi », qui a été décidée pour parvenir à une réduction budgétaire massive en 2018 qui devrait se poursuivre pour 2019.
Les chiffres de 2017 illustrent une étape de cette politique avec 140 000 suppressions de contrats aidés.
« En 2017, 293 200 contrats aidés ont débuté – recrutements initiaux et reconductions –, dont 259 400 contrats dans le secteur non marchand et 33 800 dans le secteur marchand. Près des deux tiers de ces recrutements ont été réalisés au premier semestre. »
« L’ensemble des recrutements est en baisse de 36 % par rapport à 2016 : -65 % dans le secteur marchand et -29 % dans le secteur non marchand. Au total, fin 2017, les effectifs de contrats aidés ont diminué de 35 %, et atteignent 260 900 personnes. »
LES JEUNES SUBISSENT LE RÉÉQUILIBRAGE EN FAVEUR D’AUTRES PUBLICS CIBLES
Cette politique conduit à un rééquilibrage du ciblage du public bénéficiaire au détriment des jeunes[2]. Le taux moyen pour l’année a été de 23,5% des contrats aidés accordés à des jeunes mais les chiffres cités ci-dessous indiquent bien la tendance sur l’année 2017.
« Sur l’ensemble des dispositifs, les jeunes qui représentaient 29% des recrutements en début d’année 2017 n’en représentaient plus que 14% en décembre 2017. »
La priorité donnée à d’autres publics (seniors (50 ans ou plus), bénéficiaires de minima sociaux, inscrits à Pôle emploi depuis plus d’un an pour les CUI) dans un contexte de diminution des contrats a débouché sur une diminution des entrées de jeunes. Une carence a été ressentie au sein des missions locales qui ont ainsi perdu l’une des solutions offertes au terme de la « garantie jeune ».
La baisse du nombre de contrats aidés signés en 2017 par rapport à 2016 est de 51 000[3].
Le choix politique du ministère est d’orienter les « jeunes sans formation » vers l’apprentissage, sauf que la croissance des effectifs d’apprentis n’est pas au rendez-vous ! Ceci explique la remontée du taux de chômage des jeunes que l’on connait actuellement (voir chiffres du 3ème trimestre 2018).
UNE ESTIMATION DE 77 000 DESTRUCTIONS NETTES D’EMPLOI EST AFFICHÉE
« Selon les dispositifs, une part plus ou moins importante des embauches n’aurait pas eu lieu sans l’aide de l’État. » « La diminution du nombre de bénéficiaires se traduit, à court terme[4], par des destructions nettes d’emploi et une hausse du nombre de demandeurs d’emploi. »[5]
La DARES estime les résultats de la diminution du nombre de bénéficiaires des contrats aidés[6] en 2017 à une baisse de 77 000 emplois et une hausse de 55 000 demandeurs d’emploi.
Ce chiffre de 77 000 semble assez bas au regard du nombre de 140 000 contrats aidés supprimés. La raison de la fin des contrats tient à des considérations financières qui dépassent bien largement la proportion d’un emploi sur deux. Le chiffre évoqué tient probablement à la progressivité de la fin des contrats dans les associations et à leur échelonnement.
LES CHIFFRES ATTENDUS POUR 2018 VONT VENIR CONFIRMER ET AMPLIFIER CETTE ÉVOLUTION.
[1] Source : DARES Résultats – Les contrats uniques d’insertion et les emplois d’avenir – 29/11/18
[2] « En 2017, 88 % des recrutements ont concerné des demandeurs d’emploi de longue durée, des personnes de 50 ans ou plus, des bénéficiaires de minima sociaux ou des jeunes peu qualifiés. Cette part augmente en 2017 après un repli en 2015 et 2016 (86 %). »
[3] Tableau des contrats aidés occupés par des jeunes en fin d’année
| Nombre de contrats | Part des emplois aidés par rapport à l’ensemble | Part des contrats aidés parmi les emplois occupés par des jeunes | |
| 2012 | 55 000 | 25,0% | 2,1% |
| 2013 | 107 000 | 27,1% | 4,2% |
| 2014 | 126 000 | 27,0% | 4,9% |
| 2015 | 142 000 | 26,8% | 5,5% |
| 2016 | 120 000 | 26,5% | 4,8% |
| 2017 | 69 000 | 23,5% | 2,6% |
Source – Les jeunes et les politiques de l’emploi – 18/09/18 – https://bit.ly/2pkaLQG
[4] « À moyen terme, les effets sur l’emploi et le chômage des dispositifs de contrats aidés sont différents, car ils doivent prendre en compte les effets de bouclage et de financement des mesures, ainsi que l’impact des dispositifs en termes d’insertion ou de réinsertion des bénéficiaires dans des emplois non aidés. »
[5] Le détail est très bien expliqué dans DARES Résultats de novembre 2018 – N° 054 : https://dares.travail-emploi.gouv.fr/IMG/pdf/2018-054.pdf
[6] CUI et emplois d’avenir.
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