LE TAUX DE CHÔMAGE DES JEUNES DE 15 A 24 ANS SOUS LA BARRE SYMBOLIQUE DES 20%

Selon le Ministère du Travail, la légère baisse du taux de chômage enregistrée entre la fin 2017 et la fin 2018 tiendrait essentiellement à une baisse du taux de chômage des jeunes de 15 à 24 ans[1] qui serait passé en dessous de la barre symbolique des 20%[2].

« Sur un an, le recul du taux de chômage des jeunes ressort à -1,8 point (dont -2,7 points pour les jeunes hommes), les autres tranches d’âge présentant une évolution quasiment stable. »

« Une tendance se dégage ainsi en faveur d’une embellie du marché du travail pour les jeunes : le repli du taux de chômage, dans un contexte de hausse de leur taux d’activité sur un an (+0,8 point), traduit une nette amélioration de leur taux d’emploi (+1,3 point). »

L’enquête emploi de l’Insee[3], en France métropolitaine, pour le quatrième trimestre 2018, indique, à titre provisoire, les chiffres suivants pour les jeunes de 15 à 24 ans[4] :

• Le taux de chômage BIT est de 18,8% (soit 532 000 jeunes au sens du BIT),

• Le taux d’emploi BIT est de 31% de la classe d’âge[5],

• Le taux d’activité BIT est de 38,2%[6].

La prise en compte des jeunes à partir de 15 ans[7], compte tenu de l’âge croissant de sortie des études secondaires ou supérieures, donne une image peu significative de la réalité. Il faudrait disposer de ces données par groupe d’années (15-19 ans, 20-24 ans et 25- 29 ans) pour en tirer quelques leçons.

LE NOMBRE DE MOINS DE 25 ANS INSCRITS A POLE EMPLOI DIMINUE PEU.

A titre de comparaison avec les chiffres du taux de chômage de l’Insee, les chiffres de la Dares indiquent que 727 700 jeunes étaient inscrits à Pôle Emploi (en catégorie A, B ou C) en décembre 2018 contre 740 400 en décembre 2017, soit une baisse de 12 700 inscrits ou -1,7%[8]. Le tableau donne la variation du nombre des inscrits par genre.

Ces chiffres montrent que la baisse du nombre des moins de 25 ans inscrits à Pôle emploi reste bien faible : -0,6% en catégorie A (immédiatement disponible). Soit plus de 461 500 jeunes[9].

Le pourcentage de baisse du nombre des inscrits jeunes à Pôle emploi en catégorie A reste inférieur à celui de l’ensemble des inscrits qui se situe à -1,3%. La diminution est plus forte pour les 25 à 49 ans (-1,9%).

Une nouvelle fois les données Pôle emploi et Insee ne correspondent pas tout à fait.

Tous les jeunes « sans emploi » ne sont, par ailleurs, pas inscrits à Pôle emploi.

DES ÉLÉMENTS SPÉCIFIQUES CONDITIONNENT L’ÉVOLUTION DU CHÔMAGE DES JEUNES.

1. La durée des études secondaires ou supérieures peut influer sur le taux de chômage des jeunes. Cette donnée n’est pas connue pour 2018.

2. Le nombre d’entrée en contrat d’apprentissage, signés entre juin et décembre 2018[10], aurait augmenté de 4,2% de plus que sur la même période de 2017. Il aurait ainsi atteint les 271 300 nouveaux contrats signés[11].

3. Parallèlement, le nombre de contrats aidés pour des jeunes a dû mécaniquement diminuer dans une proportion qui reste à connaitre précisément.

L’affirmation du ministère du Travail selon laquelle « le taux d’emploi des jeunes réagit toujours plus fortement que les autres classes d’âge à la conjoncture », reste à confirmer tant les variations sont soumises à des facteurs divers.

LA PRUDENCE S’IMPOSE SUR LES CHIFFRES DU TAUX DE CHÔMAGE

Le rapport de « Conjoncture du marché du travail 2018 » fait, d’ailleurs, preuve de prudence puisqu’il commente les chiffres de la sorte :

« À l’instar de la fin d’année 2017, ce recul marqué du taux de chômage peut surprendre par son ampleur au regard de l’évolution de ses fondamentaux, en particulier de celle des créations d’emplois qui sont restées plus modestes. Toutefois, sur un an, le recul du taux de chômage de 0,2 point (soit 38 000 chômeurs en moins) est cohérent avec l’évolution de l’emploi et les comportements d’activité[12]. »

[1] La conjoncture du marché du travail au 4^ème trimestre 2018 – Ministère du Travail – https://travail-emploi.gouv.fr/IMG/pdf/situation-marche-travail-4et2018-ok.pdf

[2] Le taux de chômage des jeunes était de 19,5% au quatrième trimestre 2018.

[3] Source : Insee, enquête Emploi – Données CVS, en moyenne trimestrielle – Informations rapides N^o 36 – 14/02/2019. « Chômage au sens du BIT et indicateurs sur le marché du travail » (résultats de l’enquête emploi) (BIT) – quatrième trimestre 2018

[4] Les chiffres pour la France entière n’ont pas été publié. Ils sont généralement moins bons.

[5] Le taux d’emploi d’une classe d’individus est calculé en rapportant le nombre d’individus de la classe ayant un emploi au nombre total d’individus dans la classe.

[6] Le taux d’activité est le rapport entre le nombre d’actifs (actifs occupés et chômeurs) et l’ensemble de la population correspondante.

[7] Age historique de début de fin des études du milieu du XXe siècle…

[8] Demandeurs d’emploi inscrits en fin de mois à Pôle emploi en catégories A, B, C : par sexe et tranche d’âge – Dares

[9] La diminution du nombre de jeunes inscrits à Pôle emploi en 2018 a principalement porté sur les catégories B et C (-3,5%) plus que la catégorie A (-0,6%).

[10] Les campagnes de recrutement en contrats d’apprentissage débutent traditionnellement en juin en phase avec l’année scolaire. La possibilité de recrutement décalés est désormais possible, mais la distribution des entrées en apprentissage est encore peu connue.

[11] « Avec 437 100 contrats en cours dénombrés fin 2018, le nombre d’apprentis approche de son point haut atteint en 2008 (438 400 contrats) ».

Ces chiffres concernent a priori les jeunes jusqu’à 30 ans depuis l’ouverture de l’apprentissage au 26-30 ans (contrairement à ceux de 2008).

[12] « En 2018, l’emploi total a augmenté de plus de 150 000 postes et la population active tendancielle de l’ordre de 100 000. » L’estimation de la population active reste une hypothèse à ce jour. L’« emploi total » doit cumuler indépendants et salariés d’une manière qui reste à connaitre.