LE SECTEUR DU NUMÉRIQUE CONNAITRAIT DES PROBLÈMES DE RECRUTEMENT.
Ces difficultés de recrutement peuvent être formulées comme ci-dessous :
« Les raisons sont multiples, plus ou moins connues et reconnues : système d’éducation (du primaire au supérieur) mal adapté face aux technologies qui évoluent vite[1], la formation professionnelle qui ne parvient pas à s’accorder avec les emplois proposés par les entreprises, méconnaissance des métiers du numérique par les jeunes, image très masculine du secteur qui rebute les femmes à s’y engager, ingénieurs formés qui préfèrent partir à l’étranger… »[2]
Mais elles restent assez relatives. Le besoin en « ingénieurs informatiques » apparait le plus pressant. Et s’y ajoutent des déficits dans les formations prodiguées, car « les cursus n’auront pas eu le temps d’intégrer les dernières innovations en Big Data, IA, etc., ce qui ne facilitera pas l’employabilité immédiate des jeunes diplômés. »
Un déficit d’image existerait sur ces métiers[3], il expliquerait, pour une part au moins, un manque d’attractivité en dépit des salaires pratiqués. C’est le cas au moins au niveau des jeunes femmes.
Le bilan du programme « 10 000 formations aux métiers du numérique (10 KNUM) »[4], lancé par le ministère du Travail en 2018, dans le cadre du PIC, sur les bas niveaux de qualification n’est pas connu à ce jour.
Les employeurs du secteur pourraient participer davantage aux efforts d’information et de formation, des jeunes et des moins jeunes, pour contribuer à résoudre ce problème.
Par exemple, le président du Syntec-Ingénierie estime que le secteur de l’ingénierie serait confronté à « un sous-effectif structurel majeur », de l’ordre de 2 à 4%[5].
Mais l’histoire récente des emplois dans ce secteur informatique a été marquée par une certaine instabilité en matière de flux de recrutement, d’une évolution rapide des spécialités demandées, de délocalisations de métiers, etc. Ces expériences poussent à la prudence.
LES MÉTIERS DU NUMÉRIQUE SE DÉVELOPPENT. MAIS LES EFFECTIFS RESTENT PEU NOMBREUX.
Les chiffres publiés récemment par l’Insee[6] portent sur 2017, la situation a sans doute déjà en partie évolué, mais les tendances mises en avant apparaissent significatives.
« En 2017, en France, environ 3% des personnes en emploi [soit environ 800 000 personnes][7] exercent un métier dans les domaines du support informatique et des systèmes d’information, de la programmation, du management et de la stratégie numériques, de la communication numérique, de l’expertise et du conseil numériques, des télécommunications ou de l’analyse de données »
Ce pourcentage de 3% varie selon l’ancienneté. Il est de 2,7% pour ceux qui ont 10 ans ou plus d’ancienneté et 4,1% pour ceux qui ont moins d’un an d’ancienneté.
LE NOMBRE DES TRAVAILLEURS DANS LES MÉTIERS DU NUMÉRIQUE AUGMENTE, SANS EXPLOSER.
On se trouve sur une montée en charge de 2,7% en 2009 à 3% en 2017, mais assez progressive.
CES EMPLOIS SONT CARACTÉRISÉ PAR LEUR QUALITÉ
- Des emplois salariés à 91% (la proportion des indépendants marque le pas),
- Pour plus de 61% en statut-cadre[8],
- En CDI à 84% et
- à temps complet à 92%.
Par familles de métiers, depuis 2009, la répartition des emplois numériques a évolué[9]. Mais les « Supports informatiques et systèmes d’information » restent en tête à 38%.
Par secteur d’activité de l’employeur, les métiers du numérique se répartissent de la sorte : activités informatiques et services d’information : 36%, télécommunications : 6%, autres services tertiaires : 49% et industrie (et agriculture) : 9%.
LE PROFIL DES TRAVAILLEURS DU NUMÉRIQUE EST ASSEZ HOMOGÈNE.
50% ont moins de 38 ans. 44% sont des diplômés à bac+5 ou plus. 40% travaillent en île de France. La part de l’emploi numérique dans l’emploi total culmine dans les Hauts-de-Seine à 10,2%[10]. Cette proportion est forte dans les métropoles comme Nantes (4,4%), Nice (4%), Lyon (4,3%) ou Toulouse (5,4%)
La proportion de femmes (23%) est faible[11]. Cela provient principalement des choix de formation initiale des jeunes femmes, et de leurs orientations successives au cours de leurs cursus, compte tenu de la nature qualifiée des emplois. L’orientation des femmes sur ces formations a progressivement diminué.
Néanmoins, deux familles de métiers du numérique se rapprochent de la parité : la communication avec 47% de femmes et l’analyse de données avec 45% de femmes. De la même manière, au niveau des cadres, on se rapproche également de l’équilibre avec 42% de femmes pour 58% d’hommes.
[1] « Les racines du problème sont à trouver en amont, dès le primaire et au collège, où chaque parent peut constater le retard effarant de l’enseignement de l’informatique. »
[2] JDN – « Comment faire face à la pénurie d’ingénieurs informatiques » – Chronique d’Eve Royer, Directrice des Ressources Humaines d’Umanis – 15/10/19 – https://bit.ly/2upACgf
[3] Il faudrait « effacer les clichés qui existent encore trop souvent chez certains étudiants pour qui ingénieur informatique rime avec geek introverti et anti-social ».
[4] « Dans le cadre du Plan d’investissement dans les compétences, le programme 10 000 formations aux métiers du numérique est mis en place, pour donner l’opportunité à des jeunes et des demandeurs d’emploi peu qualifiés de se former au numérique. Ce programme privilégiera 80% de personnes ne disposant pas du baccalauréat. » – 05/04/2018.
[5] « L’essence de l’ingénierie, c’est d’accompagner les grandes transitions : climatique, numérique, énergétique, mais aussi sociétale », le président de la fédération Syntec-Ingénierie, Pierre Verzat.
[6] Insee Références – 4 novembre 2019 – « Data scientists, community managers… et informaticiens : quels sont les métiers du numérique ? » – Aurore Desjonquères, Claire de Maricourt, Christophe Michel, in « L’économie et la société à l’ère du numérique. Edition 2019 », Coordination Anne Sophie Cousteaux.
[7] Selon les sources, ce chiffre tourne entre 730 000 et 850 000 en 2017.
[8] « Pour plus de 60 % d’entre eux, il s’agit de postes de cadre (alors que ces derniers représentent 18% de l’ensemble des emplois), et pour 32 % d’entre eux de professions intermédiaires (contre 26% dans l’ensemble). »
[9] Répartition en 2017 des emplois numériques par familles de métiers
Famille de métiers | 2017 | Évolution 2017/2009 |
Support informatique et systèmes d’information | 38% | -13% |
Programmation et développement informatique | 14% | +18% |
Management, stratégie du numérique | 14% | +9% |
Communication, interface utilisateur et création numérique | 13% | +13% |
Expertise et conseil | 9% | +12% |
Infrastructures réseaux et télécommunications | 9% | -14% |
Analyse de données et intelligence artificielle | 3% | +86% |
[10] La part de l’emploi numérique dans l’emploi total en Ile de France (2017).
Départements franciliens | Part des emplois |
Hauts-de-Seine | 10,2% |
Paris | 5,4% |
Seine-Saint-Denis | 4,6% |
Yvelines | 4,4% |
Val-de-Marne | 4,1% |
Essonne | 3,3% |
Val-d’Oise | 2,1% |
Seine-et-Marne | 1,7% |
[11] Les actifs occupés dans les métiers du numérique par sexe en 2017
Femmes | Hommes | |
Support informatique et systèmes d’information | 17% | 83% |
Programmation et développement informatique | 17% | 83% |
Management et stratégie | 27% | 73% |
Communication, interface utilisateur et création numérique | 47% | 53% |
Expertise et conseil | 24% | 76% |
Infrastructure réseaux, télécommunications | 9% | 91% |
Analyse de données et intelligence artificielle | 45% | 55% |
Métiers du numérique | 23% | 77% |
Ensemble des cadres | 42% | 58% |
Ensemble des actifs occupés | 48% | 52% |
Pas de commentaire sur “Les métiers du numérique sont-ils porteurs ?”