Un des enjeux de 2022 porte sur une nouvelle réforme de l’assurance chômage figurant dans le programme de candidats à la présidentielle.
Un débat s’ouvre sur l’extension de la dégressivité des allocations chômage.
Les raisons de ce thème portent :
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D’une part sur l’importance de la dette (de l’ordre 65 milliards d’euros pour un budget annuel de 30 milliards) et du maintien du déficit annuel, et,
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D’autre part, sur une partie opinion publique croissante critiquant les chercheurs d’emploi.
Au-delà de la réduction des dépenses de l’Unédic, lié à une baisse de l’indemnisation, ces mesures sont la réponse apportée à cette part d’un électorat « anti-chômeurs », qui éclaire les projets de réforme.
Cela a été le cas pour le quinquennat qui prend fin, dont l’une des actions majeures aura été cette réforme.
La dégressivité de l’indemnisation des cadres ne rétablira pas les comptes de l’Unédic et il mettra à terme en cause la situation financière de milliers de cadres.
Cette mesure a été prise pour des raisons purement électorales.
La perspective qui s’ouvre est celle de l’extension de cette dégressivité à d’autres catégorie de demandeurs d’emploi, sans doute de manière différencié.
Une enquête relative à l’opinion des français vis-à-vis des chômeurs donne une bonne idée du contexte existant début 2022.
LES REPRÉSENTATIONS DE LA SOCIÉTÉ SUR LE CHÔMAGE ET LES DEMANDEURS D’EMPLOI ÉVOLUENT.
Les résultats de la 3ème édition du baromètre Unédic/Elabe de la perception du chômage[1] donne des indications sur le « regard croisé des Français et des demandeurs d’emploi ».
Une analyse en ressort quant à l’évolution des représentations de la société sur le chômage et les demandeurs d’emploi.
En particulier, il apparait que les chercheurs d’emploi souffrent du regard de la société.
48% des Français considèreraient que la plupart des demandeurs d’emploi ne cherchent pas vraiment à retrouver un emploi (+3 points par rapport à la précédente enquête).
Ce sentiment est ressenti par des chômeurs[2].
« La perception de demandeurs d’emploi « victimes » d’une situation subie, plutôt que choisie, demeure majoritaire mais un certain soupçon à leur égard progresse. »
L’OPINION PÂTIT D’UNE CONNAISSANCE PARTIELLE DES RÉALITÉS DU CHÔMAGE
Une part des actifs en emploi ont « une perception en grande partie déformée (…) du vécu des personnes en situation de chômage »[3].
« Les représentations des Français sur les chômeurs se fondent sur une connaissance relative des réalités du chômage, avec une tendance globale à la surestimation du nombre d’allocataires et du taux de chômage, ainsi que du montant moyen de l’allocation chômage. »
Les notions floues portent sur le taux de chômage réel, le nombre de chômeurs indemnisés (moins de la moitié), le montant moyen des allocations versées (ARE, ASS), la différence des situations liée aux causes du chômage, l’âge des actifs privés d’emploi, etc.
« Quand on interroge les Français sur leur vision du demandeur d’emploi « type », aucun profil ne se dégage (genre, âge, lieu de résidence, diplôme, état de santé). »
LES OPINIONS SUR LA RESPONSABILITÉ DU CHÔMAGE EN FRANCE SONT DIVERSES
Compte tenu des questions posées dans cette enquête, les réponses sur la responsabilité du chômage se répartissent :
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Pour 65% sur les évolutions de la société (-2 points)[4],
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Pour 47% sur la responsabilité des entreprises (-5 points) et
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Pour 43% sur celle des chômeurs (+7 points).
« Si la hiérarchie des causes du chômage reste inchangée, la perception de responsabilité des chômeurs est en forte hausse. »
« UN CERTAIN SOUPÇON A L’ÉGARD DES DEMANDEURS D’EMPLOI PROGRESSE. »
« La perception de demandeurs d’emploi « victimes » d’une situation subie demeure majoritaire mais recule. Pour 75% (-3 points) des Français, le chômage est une situation davantage subie que choisie et pour 66% (-2 points), le chômage est une fatalité, un coup du sort qu’on subit. »
Les raisons exprimées sur la responsabilité des chômeurs sont les suivantes :
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Les gens qui ne veulent pas travailler, pour 25% (+7 points),
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Le trop faible contrôle des chômeurs fraudeurs, pour 21% (+3 points),
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Le montant des allocations versés aux chômeurs, pour 19% (+4 points),
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Des compétences déconnectées des besoins des entreprises : 19% (+4 points).
Les opinions d’une part des réponses apparaissent très dures[5].
LA SITUATION EST PARADOXALE, PUISQUE LE CHÔMAGE EST RECONNU.
En effet, 94% des Français pensent que « tout le monde peut connaître une période de chômage au cours de sa carrière.[6] »
Cela repose sur un constat, en effet, « aujourd’hui, près de 7 Français sur 10 sont « touchés », de près ou de loin, par le chômage. »
Dans le détail de ces 68% :
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12% sont actuellement demandeurs d’emploi.
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47% ont déjà connu une période de chômage par le passé.
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9% n’ont jamais connu le chômage, mais ont un proche actuellement demandeur d’emploi[7].
Il y a, par conséquent, un attachement majoritaire au régime d’assurance chômage.
« L’Assurance chômage apparaît toujours comme un droit et un bouclier pour protéger contre les évolutions de la société, et bénéficie de l’attachement d’une majorité de Français (63%). »
Cet attachement repose sur la conviction que :
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S’il n’y avait pas les allocations chômage, la plupart des chômeurs ne pourraient pas vivre dignement (87% d’accord).
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Les allocations constituent un revenu de remplacement entre deux emplois (85%).
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Elles contribuent à lutter contre la pauvreté (76%).
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Au final, 86% considèrent que les allocations chômages sont un droit, puisqu’elles sont issues de cotisations.
LES OPINIONS DES FRANÇAIS SUR LA SITUATION DE L’EMPLOI ONT ÉVOLUÉ
Dans ce baromètre, les opinions des français sur la situation de l’emploi ont évolué, ils portent sur :
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Une dégradation pour 49%, reste toujours forte,
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Une stabilisation pour 40%,
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Une amélioration pour 11%.
Mais, pour les 12 prochains mois, les pronostics, partagés dans les mêmes proportions par les actifs en emploi et les demandeurs d’emploi, sont au statu quo (36%), à une amélioration (33%) de la situation de l’emploi ou à une dégradation de la situation (31%).
[1] Etude de l’Unédic réalisée avec l’institut Elabe – Baromètre de la perception du chômage – terrain réalisé du 31 août au 27 septembre 2021 – 17 décembre 2021 – https://elabe.fr/unedic-barometre-chomage-3/
La première édition a été réalisée juste avant le premier confinement de mars 2020, la deuxième au cœur de la crise sanitaire après ce premier confinement. Pour ce troisième volet, nous avons interrogé 3 000 résidents de France métropolitaine (échantillon représentatif selon la méthode des quotas) et 1 500 demandeurs d’emploi (issus du Fichier National des Allocataires, échantillon représentatif) entre le 31 août et le 27 septembre 2021.
[2] « Entre un quart et la moitié des demandeurs d’emploi expliquent faire l’expérience d’un certain mépris ou de soupçons sur leur volonté de retrouver un emploi. »
[3] « Par exemple, 87% des demandeurs d’emploi se voient comme des personnes persévérantes et seuls 42% des non-demandeurs d’emploi sont de cet avis. »
[4] L’opinion identifie comme causes du manque d’emplois : les délocalisations à l’étranger (35% des réponses), la destruction d’emplois par l’évolution des technologies, la numérisation et la robotique (29%) ou la tendance des entreprises à faire plus avec moins de collaborateurs (28%) ou le poids des charges sociales des entreprises (26%).
[5] Question : Êtes-vous d’accord ou pas d’accord avec les affirmations suivantes ?
Opinions exprimées |
Tout à fait d’accord | Plutôt d’accord | Total |
La plupart des chômeurs ne cherchent pas vraiment à retrouver un emploi | 34% | 14% | 48% |
Les chômeurs ont des difficultés à trouver du travail car ils ne font pas de concession dans leur recherche d’emploi. | 15% | 44% | 59% |
Les chômeurs ne travaillent pas car ils risqueraient de perdre leur allocation chômage | 17% | 38% | 55% |
Les chômeurs sont des assistés | 10% | 29% | 39% |
Les chômeurs touchent des allocations trop élevées | 12% | 26% | 38% |
La plupart des chômeurs fraude pour toucher des allocations | 10% | 26% | 36% |
Base : Ensemble des Français
[6] « La conviction que le chômage peut toucher tout le monde reste fortement présente, pour 94% des Français, tout le monde peut connaître une période de chômage au cours de sa carrière (dont 55% tout à fait d’accord), un avis parfaitement stable depuis le volet 1 du Baromètre réalisé avant le premier confinement. »
[7] A l’inverse, 32% des Français n’ont jamais connu le chômage et n’ont aucun proche demandeur d’emploi aujourd’hui.
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