LES PRINCIPAUX SECTEURS CONCERNÉS SONT LE BÂTIMENT, LE TRANSPORT ET L’ÉNERGIE.
Un rapport du « Plan de programmation de l’emploi et des compétences (PPEC) » a été remis[1] au ministre de la Transition écologique et solidaire et à la ministre du Travail. Il concerne des créations et des pertes d’emplois envisagées, comme résultat de « l’adaptation au changement climatique et le développement durable » qui nécessitent « une véritable réorientation de nos économies ».
La réflexion concerne, en particulier, l’évolution engagée des métiers dans les secteurs suivants :
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La production de l’énergie,
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Le bâtiment (isolation thermique, chauffage, réseaux, etc.) et,
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Le transport routier, ferroviaire, fluvial.
Cette évolution portant sur le choix et la consommation de l’énergie est engagée, depuis des années, de manière certes chaotique. il ne s’agit pas d’une évolution nouvelle comme le laisse entendre certains discours.
Je ne cite pas les chiffres de l’ADEME sur les effectifs rattachés à la transition énergétique, car ils me semblent à la fois contestables et anciens[2]. Ils sont juste cités pour mémoire dans le rapport.
Pour la répartition, l’ADEME que le bâtiment représente 43% des emplois de la transition énergétique, le transport : 29% et la filière des énergies renouvelables : 22%.
Le rapport précise que « la transition écologique est porteuse d’enjeux nationaux, à la fois en termes de développement économique, de compétitivité et d’emploi ».
La définition de cette « transition écologique » n’est pas donnée. Cette « transition » apparait comme un ensemble de diverses évolutions, comme la « transition numérique ». On se trouve un peu piégé dans un discours de nature politique.
Ce rapport contient des idées de bon sens[3], comme : analyser les besoins et mettre en place les formations (certifications) au terme d’un dialogue sérieux[4].
L’offre de formation doit être ajustée de manière permanente aux emplois. Pour la formation initiale, le rapport estime que le processus d’adaptation parait « bien entamé » et pour la formation professionnelle, il existe une offre partielle qui reste « à compléter, à rendre intelligible et accessible ».
L’ÉVOLUTION DES EMPLOIS SERA « FAITE D’INCERTITUDES, D’ALÉAS, D’ACCÉLÉRATIONS ET DE FREINS ».
Il importe de saluer les conclusions de ce rapport dans la mesure où elles ne sont pas langues de bois, comme à l’habitude, et introduisent un doute bien réaliste.
« La Transition énergétique modifie profondément les activités économiques, mais elle est moins dans l’immédiateté que la transition numérique. Et à la différence de cette dernière, elle dépend très largement du portage politique à tous les niveaux : européen, national, régional, local.
Elle est faite d’incertitudes, d’aléas, d’accélérations et de freins.[5] »
Cette modestie dans le propos est rare et fait plaisir à lire. Le rapport reconnait l’influence directe des choix politiques successifs, des crédits accordés, des politiques fiscales incitatives, etc.
Illustration : l’impact du choix politique de disparition du moteur diesel conduit aujourd’hui à envisager la rapide disparition d’un secteur industriel d’équipementiers diesel avec la suppression de 15 000 emplois à la clé.
« LA TRANSITION ÉNERGÉTIQUE NE CRÉE QUE PEU DE VÉRITABLES NOUVEAUX MÉTIERS, MAIS CONDUIT À UNE ÉVOLUTION DU CONTENU DE NOMBREUX MÉTIERS EXISTANTS »
Les principales recommandations du rapport portent sur une logique d’adaptation d’une part des métiers existants (énergie, bâtiment, transport, etc.), avec un effort de formation intégrant les outils numériques (par exemple, maitrise des installations domotiques dans les bâtiments).
Le rapport identifie quatre catégories de métiers, « qui sans être totalement inédits, sont en train d’évoluer profondément et sont appelés à prendre une place très importante dans la Transition énergétique » (le détail figure en note en bas de page) :
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Conseiller énergie ou chargé de mission énergie[6],
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Energy manager, le consultant green IT, l’économe de flux[7],
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Agrégateur, le dispatcher, le trader[8],
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Ingénieur en génie des matériaux[9]. »
Ces « nouveaux métiers » correspondront à des effectifs faibles par rapport à ceux concernés par l’évolution progressive de métiers existants, comme l’indique le rapport :
« Les analyses documentaires (travaux du CNEFOP, de l’APEC …) et les entretiens menés par la Mission convergent pour dire que la transition énergétique ne créer que peu de véritables nouveaux métiers, mais conduit d’une part à une évolution du contenu de nombreux métiers existants et d’autre part à de nouvelles façons de travailler. »
[1] En mars 2018, Laurence Parisot, ex présidente du Medef, avait été missionnée pour élaborer ce Plan de programmation de l’emploi et des compétences. Son rapport a été remis aux ministres le 19 février 2019.
[2] L’Observatoire National des Emplois et Métiers de l’Economie Verte (Onemev) propose une autre approche extensive de comptabilisation des « métiers verts », incluant, pas exemple, la construction des pompes à chaleur, les services de collecte et de traitement des eaux usées ou la production de conteneurs à déchets.
[3] « Laurence Parisot souligne encore la nécessité de programmer dans l’analyse des besoins en compétence à court et moyen terme et à accélérer la transformation des formations et certifications, pour y intégrer systématiquement les enjeux de transition écologique. La réussite de cette ambition réclame l’engagement d’un dialogue social approfondi dans les principales filières. »
[4] Les ministres doivent dialoguer avec « les associations environnementales et les organisations syndicales pour prolonger cette réflexion et définir au cours du printemps 2019 une feuille de route opérationnelle ».
[5] « L’implication de tous les acteurs est essentielle pour éviter des catastrophes sociales ou des retards de formation. Seule une vision générale et transversale, régulièrement actualisée à l’épreuve des faits permettra de lisser les effets d’une telle mutation. Et seule cette vision générale et transversale garantira la compétitivité des entreprises françaises impliquées dans la Transition Énergétique. »
[6] « Sa vocation est d’accompagner, d’orienter les collectivités locales, les administrations, les entreprises dans des stratégies énergétiques ; il peut être amené à concevoir et préparer des projets de développement, à superviser leur mise en œuvre. Ce métier peut s’exercer soit en cabinet de conseil, en bureau d’études, ou à l’intérieur même des entités concernées. »
[7] « Cette fonction est très opérationnelle ; il s’agit sur une unité donnée (site industriel, grande distribution, immeuble de bureaux, administration, habitat collectif) d’améliorer les process, technologiques, techniques mais aussi d’achat –achat d’informatique responsable par exemple-, afin d’optimiser les consommations d’énergie ; il peut intervenir sur tous les flux – du chauffage aux déchets-. »
[8] « Ces métiers vont se développer afin de permettre au système électrique de gagner en flexibilité ; il s’agit de répondre aux enjeux d’intégration des énergies de source renouvelables et intermittentes, à la gestion des effacements ou des délestages partiels tout en étant capable d’assurer la satisfaction des clients et le développement des nouveaux usages. »
[9]« L’expert en propriétés des matériaux a toujours été recherché, mais la transition énergétique lui donne un rôle nouveau, en tout cas accru, voire décisif. Modélisation multiphysique, électrochimie des batteries, autant de compétences qui seront de plus en plus nécessaires dans les transports, l’automobile, l’aéronautique, le stockage des énergies. »
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