POUR DÉVELOPPER LA FORMATION AUX MÉTIERS ÉMERGENTS, IL FAUDRAIT LES CONNAITRE !
Le Premier ministre a annoncé devant les présidents d’université, lors d’une réunion de la Conférence des présidents d’université (CPU) le lancement de trois appels à projets.
Le second appel a pour objectif de « développer la formation aux métiers émergents pour lesquels de nouvelles compétences sont attendues, notamment dans les transitions numériques et écologiques ».
« Nous lançons aujourd’hui un premier appel à projets sur ces enjeux pour construire les formations de demain, avec l’ambition d’anticiper autant que possible et de contribuer à satisfaire les besoins en emplois ou en compétences, que ceux-ci soient sanctionnés par des titres, des certifications ou des diplômes. »
Cette démarche vise des qualifications des licences pro ou des Master2, voire des doctorats.
RESTE A IDENTIFIER LES MÉTIERS ÉMERGENTS, QUI AURONT UN AVENIR, CE QUI NE VA PAS DE SOI.
Faire la liaison avec le travail de France Compétences sur ce sujet semble logique.
France Compétences vient de publier en décembre « la liste 2022 des métiers émergents[1] ».
« Cinq métiers ont été ainsi retenus suite à l’analyse des propositions reçues de la part de branches et syndicats professionnels. Ces métiers viennent enrichir la liste 2021 qui sera reconduite pour 2022. »
Il s’agit des métiers suivants :
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Animateur formateur en technologies agricoles ;
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Paysan-herboriste ;
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Agent valoriste des biens de consommation courante ;
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Animateur esport(s) ;
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Electrobobinier.
Ils s’ajoutent aux 23 métiers de la liste 2021, reconduits en 2022[2].
La Commission de la certification professionnelle avait établi décembre 2020, une liste des métiers « émergents ou en particulière évolution » pour 2021. Elle est venue compléter la précédente liste publiée en 2020[3].
On peut légitimement s’interroger sur les fonctions prévues pour ces métiers à la lecture de leur intitulé comme « paysan herboriste ».
La procédure mise en place par France Compétences semble tout à fait insuffisante à lire les métiers listés pour 2020, 2021 ou 2022. C’est juste une démarche de certification qui ne peut prétendre à une vision exhaustive.
CES MÉTIERS S’INSCRIVENT DANS DES THÉMATIQUES FIXÉES INITIALEMENT PAR LE GOUVERNEMENT
Elles portent sur :
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La Transition écologique, énergétique et environnementale ;
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La Transformation numérique ;
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La Relocalisation d’activités productives en France ;
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La Modernisation des réseaux et infrastructures ;
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Les Services à la personne, intégrant la dimension sanitaire et sociale.
« L’ensemble de ces métiers répond à une ou plusieurs de thématiques identifiées dans l’appel à contributions, en lien avec le contexte actuel et les grandes orientations nationales. »
Ces thématiques traduisent des objectifs politiques qui ne se trouvent pas automatiquement en phase avec les besoins économiques présents ou futurs.
Le tandem écolo-numérique, accompagné du rêve de relocalisation industrielle, est la traduction de déclarations politiques du Président ou du Premier ministre et en aucun cas une analyse métiers !
La plupart des métiers retenus ne sont pas à proprement dire des « métiers émergents ».
Ce sont davantage des métiers impactés par une évolution significative de leurs activités professionnelles et des compétences associées.
Par exemple : Plombier chauffagiste, Couvreur, Serrurier métallier, Technicien d’installation et de maintenance de systèmes énergétiques, Technicien-chef de projet en rénovation énergétique Technicien en conception d’études et développement électronique, Technicien en électronique, Architecte des systèmes d’information dans les processus industriels, Ingénieur-expert en numérisation des systèmes et processus de production, etc.
D’autres semblent plus « émergents », mais leur développement demeure incertain.
Par exemple : Architecte internet des objets, Chargé de recyclage en production plasturgie, Chargé de process numériques de production en plasturgie, Data engineer, Diagnostiqueur de produits, matériaux et déchets issus des bâtiments, Préparateur en déconstruction, Technicien applicateur spécialisé dans la maîtrise de nuisibles, etc.
Les contributions reçues concernent majoritairement des secteurs de la production : bâtiment, numérique et industries.
Cela indique a priori le positionnement des « nouveaux » métiers et des référents qui en assurent la promotion.
DEUX DÉMARCHES SONT EN COURS POUR DES PUBLICS DISTINCTS
L’incitation à développer des formations universitaires sur des métiers émergents doit concerner principalement des jeunes en formation initiale (même si un volet formation professionnel est parallèlement envisagé).
Des programmes de formation professionnelle à ces métiers émergents peuvent également être proposé à des chercheurs d’emploi ou à des personnes temporairement inactives[4] dans le cadre d’une « gestion prévisionnelle des emplois et des compétences ».
Mais il s’agit de deux démarches bien distinctes, compte tenu des différences de situation des deux cibles, mais, aussi et surtout, de ministères bien différents qui agissent de manière distincte.
[1] La Commission de la certification professionnelle a établi, le 16 décembre 2021, la liste des métiers en particulière évolution ou en émergence pour 2022. https://www.francecompetences.fr/fiche/publication-de-la-liste-2022-des-metiers-en-particuliere-evolution/
[2] Gestionnaire de la sécurité des données, des réseaux et des systèmes ; Développeur sécurité ; Acheteur-vendeur marée ; Eco-agriculteur ; Concepteur intégrateur de réalité virtuelle ; Opérateur en régénération des matières plastiques ; Végétaliseur urbain ; Plombier chauffagiste ; Couvreur ; Serrurier métallier ; Diagnostiqueur de produits, matériaux et déchets issus des bâtiments ; Préparateur en déconstruction ; Technicien d’installation et de maintenance de systèmes énergétiques ; Technicien / chef de projet en rénovation énergétique ; Chargé de recyclage en production plasturgie ; Chargé de process numérique de production en plasturgie ; Technicien applicateur spécialisé dans la maîtrise de nuisibles ; Architecte Internet des objets ; Data engineer ; Architecte des systèmes d’information dans les processus industriels ; Ingénieur / expert en numérisation des systèmes et processus de production industriels ; Technicien en conception d’études et développement électronique ; Technicien en électronique.
[3] « Cette dernière étant reconduite en 2021 par la Commission. L’objectif : simplifier le processus d’enregistrement des certifications correspondantes à ces métiers pour s’adapter au mieux aux évolutions du monde du travail. » Elle comprenait 23 métiers : Acheteur-Vendeur Marée, Agent de protection physique des personnes privée, armé catégorie B, Agent de surveillance privée, armé catégorie D, Agent de surveillance renforcée privée, armé catégorie B, Chef de projet intelligence artificielle, Collecteur de biodéchets, Concepteur et intégrateur de réalité virtuelle, Data Protection Officer (DPO), Développeur intelligence artificielle, Développeur sécurité, Documentariste sonore / podcaster, Eco-agriculteur, Eco-concepteur de produits plastiques et composites , Entraîneur de breaking, Entrepreneur de la coiffure, Expert technique en création numérique, Gestionnaire de la sécurité des données, des réseaux et des systèmes, Ingénieur intelligence artificielle, Opérateur en fabrication additive, Opérateur en régénération des matières plastiques, Ouvrier / technicien en aquaponie (aquaculture et production maraîchère), Technicien valoriste des Ressources du Bâtiment, Végétaliseur urbain…
[4] Le FSE a consacré est susceptible d’apporter des soutiens financiers pour anticiper les mutations et sécuriser les parcours professionnels à travers la gestion prévisionnelle des emplois et des compétences, la formation des travailleurs les moins qualifiés, des femmes et des seniors, la formation des salariés licenciés économiques, la mobilisation des entreprises pour le développement de l’égalité salariale et professionnelle ».
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