L’évolution des emplois est « faite d’incertitudes, d’aléas, d’accélérations et de freins » en fonction des politiques publiques successives. Les principaux secteurs concernés sont le bâtiment, le transport et l’énergie. La transition énergétique ne crée que peu de véritables nouveaux métiers, mais conduit à une évolution du contenu de nombreux métiers existants et à de nouvelles façons de travailler. Tout ceci demande un accompagnement par la formation initiale et professionnelle.

La Tribune d’Emmanuel Macron, diffusée dans les 28 pays de l’Union, évoque un projet de « bouclier social » portant sur l’égalité de salaires, sur un site donné, et un salaire minimum, propre à chaque pays. Mais l’opposition de certains pays limite sa mise en œuvre. L’emploi n’est pas une compétence de l’Union et reste du ressort national. Demeure la question sensible des « travailleurs détachés », en règle ou en fraude sociale.

Les politiques publiques ne prennent pas en compte les effets des décisions prises sur le développement du « travail non déclaré ». Sont concernés aujourd’hui le projet de malus sur les contrats courts (cadre de la réforme de l’assurance chômage), la politique à l’égard du travail à domicile (suppression évoquée des niches fiscales), le statut des travailleurs des plateformes numériques (indépendants ou salariés ?), l’évolution des fraudes sur le travail détaché (nouvelles dispositions prises), etc.

La réduction des cotisations patronales, faisant suite à la fin du CICE, se profile. Le CICE n’a pas eu d’efficacité en termes d’emplois créés. Le CAE estime, pour la réduction à venir, la possibilité de 80 000 à 200 000 créations d’emploi. Il formule deux recommandations visent à centrer les efforts sur les bas salaires et à stabiliser les dispositifs pour les rendre plus lisibles.

Ce nouveau système qui s’applique au système d’indemnisation chômage n’a pas été décidé par l’Unédic. Cela augure mal de la suite des décisions qui vont être prise pour réduire le budget du régime. D’autre part, les sanctions relèvent de l’appréciation des agents de Pôle emploi et des instructions qui vont être données. Les conseillers disposeraient a priori d’une certaine liberté pour juger de l’« offre raisonnable d’emploi ». Enfin, la notion de « contrôle/sanction » l’emporte sur l’« accompagnement » des chômeurs.

La crise politique et sociale conduit à rouvrir des débats sur le « travail ». Paradoxalement, les modifications des règles du travail jouent souvent contre l’emploi. Quelques exemples illustrent ce propos : hausse du SMIC, encouragement des heures supplémentaires, malus contre les contrats courts, etc. Or il faudrait augmenter les effectifs de salariés du privé de 10% pour rétablir l’équilibre économique et social.

Les difficultés de recrutement, ressenties dans certains secteurs et pour certains métiers, sont souvent mises en avant comme un argument politique face aux chômeurs. La réalité est plus complexe, car, d’une part, le temps de recrutement peut être long pour diverses raisons dépendant de l’offre d’emploi, des acteurs et du marché du travail et, d’autre part, des millions de postes manquent pour assurer le retour à l’emploi des chômeurs. Enfin, il ne faut pas confondre les difficultés de recrutement et les offres non pourvues.

Pour augmenter rapidement de 2 millions le nombre des actifs, il faudrait inverser la cible de la politique publique en matière d’accompagnement des chômeurs en choisissant de cibler : les chômeurs proches de l’emploi et ceux qui sont « prêts à tout » pour travailler, tout en mobilisant la formation en leur faveur. Il semble nécessaire d’accepter de manière réaliste le faible « désir d’emploi » temporaire de certains chômeurs, sans les sanctionner.

Une « belle négociation » sur l’indemnisation chômage s’engage. Chaque partie a pris ses positions. Le renforcement de l’accompagnement et de la formation des chômeurs apparait douteux. Un accord répondant au cadrage apparait improbable. Le gouvernement décidera, en fin de compte, mais il devra tenir compte du dialogue social dans son ensemble.