POURQUOI NE PAS ACCOMPAGNER EN PRIORITÉ LES CHÔMEURS TRÈS VOLONTAIRES OU PROCHES DE L’EMPLOI ?
Ne faudrait-il pas changer complètement de point de vue et adopter une nouvelle politique de l’emploi ?
Le diagnostic actuel est finalement simple. Nous vivons un chômage de masse avec un français sur 10 inscrit à Pôle emploi. Les politiques successives ne sont pas parvenues à corriger cette situation. Les pays voisins, et comparables à la France, connaissent des situations meilleures allant jusqu’au au plein emploi. La politique actuelle du gouvernement n’a pas pour objectif le plein emploi.
Nous sommes face à la nécessité de faire travailler de l’ordre de 2 millions[1] de personnes, à temps plein, pour redresser la situation de notre budget et assurer la solidarité pour les chômeurs restants.
SI L’ON VEUT AUGMENTER LE NOMBRE D’ACTIFS, IL FAUT CHANGER LA PRIORITÉ ACTUELLE.
La proposition consiste à inverser la cible de la politique publique en matière d’accompagnement du chômage en choisissant d’accompagner en priorité :
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Les chômeurs proches de l’emploi et
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Les chômeurs qui sont « prêts à tout » pour travailler[2].
Pour inciter les chômeurs proches de l’emploi à reprendre un emploi rapidement, il faut mettre en œuvre des mesures incitatives (et non punitives). Il s’agit finalement d’un encouragement à la mobilité professionnelle entre deux emplois.
Pour les demandeurs d’emploi qui expriment une volonté de travailler à tout prix (acceptation réelle d’horaires ou de pénibilité, mobilité géographique et professionnelle), il faut un accompagnement adapté et avec une procédure nouvelle (suivi personnel, prime à la mobilité, formations rapides, etc.). Il faut estimer le « désir d’emploi », davantage qu’aujourd’hui.
Pour les employeurs, les candidatures de ces chômeurs « motivés » seraient une incitation à l’embauche et à la réduction de la durée de vacance de poste. L’amélioration de la rapidité des recrutements viserait également à réduire les abandons de recrutement, dans la mesure du possible[3].
CYNIQUEMENT, IL SEMBLE NÉCESSAIRE D’ACCEPTER LE FAIBLE DÉSIR D’EMPLOI TEMPORAIRE, SANS SANCTIONNER LES INTÉRESSÉS.
Le « désir d’emploi » du chômeur change en fonction de divers éléments de contexte. Le fait de se bander les yeux pour ne pas prendre en compte cette réalité apparait comme une erreur.
Par rapport aux deux catégories précédentes, le but serait de travailler à la constitution d’une population intermédiaire constituée à la fois de demandeurs d’emploi « remotivés » et de titulaires de nouvelles compétences acquises par la formation (dans le domaine commercial ou digital). Ces chômeurs rejoindraient alors les deux cibles initiales.
La fin du ciblage des personnes les moins formées et des chômeurs de longue durée ne devrait pas être pris comme un abandon, mais comme la condition temporaire pour sauver l’ensemble du système. Tous les jeunes décrocheurs ou chômeurs de longue durée, qui sont très volontaires, pour travailler feraient partie du nouveau ciblage.
Le rétablissement du plein emploi et de facilités budgétaires permettrait d’assurer un filet de sécurité à tous les autres. Ce qui serait d’autant plus facile qu’ils seraient moins nombreux.
Cette politique de l’emploi s’inscrirait en rupture avec les politiques de l’emploi des décennies passées. Mais pourquoi ne pas essayer ?
[1] Le débat porte sur l’objectif à viser entre 2 et 3 millions. Je conserve à ce stade l’objectif de 2 millions sous un délai de 3 ans, soit de l’ordre de 700 000 nouveaux postes par an.
[2] Parmi les demandeurs d’emploi de longue durée et ceux sans formation figurent des chômeurs « prêts à tout » pour travailler même si, de fait, il faut accepter de reconnaitre qu’ils sont moins nombreux.
[3] La proportion des abandons de recrutement, suite à la parution d’une offre d’emploi, est estimée actuellement à 8%, selon Pôle emploi. Elle ne peut pas être énormément réduite.
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