Les représentations sur le chômage dans la société ont évolué entre l’avant et l’après confinement. Les craintes sur l’emploi se sont accrues, le régime d’assurance-chômage a été relégitimé. Mais bizarrement, la reconnaissance positive sur les chômeurs s’oppose à des points de vue critique, voire négatifs (« ne cherchent pas un emploi », assistanat, etc.). Le passage massif par une période de chômage partiel n’a pas modifié l’opinion. Cet état de l’opinion est sans doute l’un des facteurs qui va peser sur la réforme du système d’assurance-chômage en cour de négociation sociale.

Le contexte actuel a fortement réduit les tensions ponctuelles existant dans le domaine du recrutement, mais dans certains secteurs précis demeurent des difficultés de recrutement. C’est le cas en particulier dans des champs dont l’activité est nouvelle, en développement, et très évolutive, comme celui de la cybersécurité. L’ANSSI vient d’actualiser une présentation d’une trentaine de métiers. Le document vise à guider les recruteurs, accompagner les responsables de formation et informer les étudiants ou les salariés en reconversion. Les métiers présentés ont vocation à être déclinés par chaque organisation, selon ses spécificités.

Une deuxième vague de coronavirus va retarder la reprise économique dans la zone euro. L’emploi va être fortement impacté et les embauches restreintes. Le recours au télétravail est encouragé dans les métropoles, par la ministre du Travail. Mais il reste pour l’instant à la main de chaque entreprise. La négociation en vue d’un nouvel ANI sur le télétravail ne démarrera que le 3 novembre ! En zone d’alerte maximale, les débits de boisson sont fermés et le nouveau protocole sanitaire demandé conduit à une réduction automatique de la clientèle pour les restaurants, dits traditionnels, les cafétérias et autres établissements libre-service ainsi que la restauration rapide. Le recours au chômage partiel, complet ou partiel, pour les personnels en CDI reste une solution jusqu’à fin décembre, mais les autres emplois sont généralement abandonnés.

Le montant des fraudes a l’activité partielle a été évalué, par le Ministère du Travail, à 225 millions d’euros. Les fraudes sont de nature assez diverse. La procédure exceptionnelle de recours à l’activité partielle faisait courir des risques. La commission d’enquête relative à la lutte contre les fraudes aux prestations sociales propose des mesures. Les effectifs devraient être renforcés pour effectuer des contrôles plus nombreux.

Une opposition est en train de se confirmer entre, d’un côté, une croissance responsable et contrôlée, et, de l’autre, ce qu’il convient d’appeler une idéologie de la décroissance. Plusieurs études ont déjà émis des critiques sérieuses sur l’impact économique des propositions de la « Convention citoyenne pour le climat (CCC) ». Le cas du secteur aéronautique, pris par ailleurs actuellement dans les tourbillons de la crise économique issue de la crise sanitaire, illustre parfaitement cette opposition que l’on peut qualifier de frontale. Des suppressions de l’ordre de 200 000 emplois sont désormais envisagée !

« Six français sur dix n’ont pas confiance dans les chiffres du chômage. » Les professionnels de l’emploi savent qu’il existe deux baromètres du chômage, sans correspondance entre eux : d’une part, celui de la Dares Pôle-emploi et, de l’autre celui de l’Insee. Leurs travaux sont sérieux et les chiffres crédibles. Mais les commentateurs, représentants institutionnels, élus ou journalistes, semblent souvent s’y perdre, volontairement ou non ! Cela génère des doutes dans une part de l’opinion. Il s’agit d’une facette d’un problème plus général : « La défiance vis-à-vis de la parole publique est chaque jour plus forte… »

Au second trimestre 2020, le marché du travail a été fortement impacté par l’influence du confinement (personnes tenues de rester à domicile : santé, enfants, etc.), les contraintes sur le travail (règles de prévention), l’interdiction de diverses activités (commerces, spectacles, tourisme, etc.) et le chômage partiel très largement pratiqué. L’augmentation des personnes au chômage ou dans le « halo du chômage » est de près de +500 000 personnes, au second trimestre.

Pour 2021-2027, la Commission européenne a défini le contenu du futur FSE+, fusionnant plusieurs programmes antérieurs. Le Ministère du travail a travaillé le programme opérationnel français en fonction et a fixé des priorités et des objectifs spécifiques. Le contenu de ce programme est discutable et il va peser sur la politique de la formation et de l’emploi, menée en France.

L’économie sociale et solidaire (ESS) peut contribuer à la création d’emploi dans le contexte de la récession de la période à venir. Elle devrait être mobilisée dans le cadre du plan de relance (transformation d’entreprise en difficulté en coopérative, investissements, recours aux emplois aidés, etc.). Cibler le soutien aux associations, coopératives, mutuelles ou fondations, dans une perspective économique et sociale face à la récession, semblerait judicieux. L’économie sociale et solidaire devrait étendre son périmètre à la lisière du secteur public et de certains segments du secteur marchand.

Les récentes propositions de la Convention Citoyenne pour le Climat (CCC) évoquent la reconversion des entreprises et la transformation des métiers, suite à l’application d’un programme de mesures de « transition écologique ». Elles s’inscrivent, pour l’essentiel, dans une perspective de décroissance. La CCC reconnait l’impact social de ses propositions. Les questions de l’emploi et de la formation professionnelle n’ont pas été sérieusement traitées, car ce n’était pas l’objet de la Convention Citoyenne pour le Climat.