LA POPULATION ACTIVE AGRICOLE DIMINUE
Sur les exploitations agricoles proprement dites[1], en 2013, 854 100 actifs permanents ont travaillé de manière régulière, il s’agissait majoritairement d’exploitants, mais aussi d’aides familiaux et de salariés permanents[2].
En 2013, le nombre des exploitations agricoles était 451 000 en France métropolitaine. Depuis de nombreuses années, le nombre des exploitations agricoles diminue progressivement (pour cause de départs en retraite, de défaillances ou de regroupements) et leur surface augmente[3].
Parallèlement, la tendance générale est à la diminution du nombre des actifs agricoles.
En 2013, la population active agricole permanente, de 854 100 personnes[4], correspondait à 722 900 ETP.
Elle comprenait 606 800 personnels permanents et 116 100 personnels non permanents.
- La main-d’œuvre permanente est constituée des actifs qui travaillent de manière régulière sur l’exploitation, à temps plein ou partiel.
- La main-d’œuvre non permanente, occasionnelle ou externe, est constituée des actifs qui interviennent de manière irrégulière dans les exploitations ou qui n’est pas directement employée par l’exploitation. Elle comprend la main-d’œuvre saisonnière ou occasionnelle et la main-d’œuvre employée par un tiers, c’est-à-dire par un groupement d’employeurs, ou une entreprise de travaux agricoles, une Cuma ou un autre prestataire.
LA PART DES SALARIÉS AUGMENTE ASSEZ RAPIDEMENT
Le niveau de formation initiale évolue, les entreprises embauchent toujours plus de salariés pour des postes qualifiés. La main d’œuvre familiale recule au profit du salariat. Le travail salarié se développe. « Les salariés agricoles représentent 17,5 % du total des actifs permanents, soient 5 points de plus qu’en 2010 et apportent plus de 20% du volume de travail de l’ensemble de la main-d’œuvre permanente sur l’exploitation ».
Le recours aux emplois partagés est plus fréquent. Des groupements d’employeurs se développent[5] et génèrent une nouvelle forme de travail avec des emplois partagés.
Le recours à des entreprises de service est beaucoup plus fréquent, par exemple pour disposer des matériels ou des compétences indispensables pour la réalisation de certains travaux spécifiques. Les exploitants agricoles recourent davantage aux entreprises de prestation de service. Depuis 2000, le nombre de ces entreprises et leurs effectifs ont plus que doublé (Chiffre MSA, 2014).
LA NATURE DES RECRUTEMENTS ÉVOLUE
Les recrutements restent nombreux avec, chaque année, plus de 50 000 salariés permanents recrutés, en agriculture dont 35 000 exclusivement sur les exploitations agricoles (chiffres MSA 2014). Malgré la crise, on constate la permanence de l’installation de personnes venant des villes pour pratiquer les métiers de l’agriculture. Ils ont fréquemment suivi des formations agricoles de niveau bac+2 bac+5 durant leur parcours de formation initiale ou professionnelle[6]. La profession ne sait pas évaluer leur nombre. La situation de l’agriculture évolue avec l’entrée de ces nouveaux professionnels qui ne sont pas issus du milieu rural. Ils modifient le profil de la profession.
Tous secteurs confondus les salariés permanents représentent 18% des ETP actifs dans les exploitations agricoles et les saisonniers 11%.
La part des salariés est plus nombreuse en horticulture (40%) et en maraîchage (21%) ou dans les exploitations viticoles et fruitières que dans les exploitations spécialisées dans l’élevage. Même si, là également, le nombre de salariés a augmenté de plus de 50 %, en 10 ans, avec l’agrandissement des exploitations, les contraintes sanitaires, etc. ainsi qu’avec la fin des quotas laitiers en mars 2015.
MAIS LES DÉFAILLANCES D’EXPLOITATIONS AGRICOLES RESTENT NOMBREUSES DANS CERTAINS SECTEURS AGRICOLES.
De plus en plus d’agriculteurs sont contraints de quitter leur exploitation. La situation est telle que les cas de suicides sont assez fréquents[7] et ont généré des initiatives de prévention.
Les redressements ou mises en liquidation se sont encore multipliés en 2016 atteignant les 4 %, soit 1 416 redressements ou mises en liquidation[8].
Il s’agit d’une crise profonde, particulière au secteur et centrée principalement sur l’élevage (610 exploitations concernées), avec +30 % pour l’activité vaches laitière et +83 % pour l’élevage des porcs.
Dans les autres secteurs de l’économie, les défaillances d’entreprise ont globalement diminué de plus de 8 % durant la même période.
Ces deux années de crise, crise du porc et impact de la fin des quotas laitiers ont été accompagnées par les politiques de l’état (allégements de charges sociales et fiscales supplémentaires aux entreprises agricoles), qui ont limité en partie ce choc économique
[1] Le secteur complet de l’agriculture comprend outre « les exploitations de production agricole » : les entreprises de prestation de services agricoles et ruraux, les entreprises forestières et les entreprises du paysage. En 2014, 1 165 000 salariés y ont été employés auxquels viennent s’ajouter les 854 000 contrats saisonniers signés.
[2] Source : Chiffres ministère de l’Alimentation, de l’Agriculture et de la Pêche – enquête structure, 2015.
[3] « Avec une surface moyenne, pour les catégories moyennes et grandes d’entre elles, d’environ 80 hectares ».
[4] Source : SSP – Agreste – Enquête sur la structure des exploitations agricoles 2013 – Numéro 327 – novembre 2015
Permanents | ETP | % | Nombre de personnes |
Chefs d’exploitation, co-exploitants et associés | 426 400 | 59% | 577 400 |
Membres famille de l’exploitant individuel | 50 100 | 7% | 126 400 |
Salariés permanents | 130 300 | 18% | 150 300 |
Sous total permanents | 606 800 | 84% | 854 100 |
Non permanents | |||
Travailleurs saisonniers ou occasionnels | 82 500 | 11% | |
Groupement d’employeurs | 16 700 | 2% | |
ETA, CUMA, autres prestataires | 16 900 | 2% | |
Sous total non permanents | 116 100 | 16% | |
Total | 722 900 | 100% |
Champ : France métropolitaine
[5] Depuis 2004, l’emploi en groupements d’employeurs est en hausse de 7 % par an en moyenne (Etude MSA, 2013).
[6] L’appareil de formation dans ce secteur demeure très performant et dynamisé par la recherche dans tous les domaines.
[7] Un rapport publié à l’automne 2016 par de Santé publique France (ex-Institut de veille sanitaire) et de la Mutualité sociale agricole a mis en évidence les chiffres des suicides dans le secteur. L’étude, qui porte sur 2010 et 2011 a constaté 253 décès par suicide chez les hommes et 43 chez les femmes, soit au total près de 300 suicides.
[8] Source : cabinet Altares – janvier 2017
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