Au moment où un débat est lancé sur la définition d’un éventuel « Service National Universel (SNU) » dont les contours et le budget restent encore assez flous, les questions sur le « service civique » déjà existant se multiplient[1].
En effet, la croissance des effectifs de jeunes en service civique se combine avec l’apparition de nombreux postes ayant toutes les caractéristiques d’un emploi.
Cette confusion provient de plusieurs causes distinctes mais qui conduisent à ce résultat :
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La diminution du nombre de postes en emplois aidés, suite à la forte réduction des financements du ministère du Travail, conduit à des manques dans des secteurs de la fonction publique et au sein de nombreuses associations. En résumé, il arrive que l’on remplace un poste en emploi aidé par un en service civique[2].
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Parallèlement, les encouragements de l’Etat, vis-à-vis de ses services, à recruter des jeunes en service civique ont été assez récurrentes. Les responsables opérationnels se saisissent de cette opportunité pour pourvoir des postes existants (environ 20% des missions proposées).
Le caractère d’emploi d’une mission de service civique peut être apprécié de diverses manières comme les compétences exigées sur l’offre pour obtenir le poste[3] (par exemple compétences pour créer et animer un site Internet), le contenu de la fiche de mission qui reprend toutes les fonctions d’un emploi, etc.
Le contrôle des offres de mission ne semble pas exercé par l’Agence du service civique, ni par une autre instance.
LE SERVICE CIVIQUE DOIT ÊTRE DÉFENDU COMME UN OUTIL DE L’ENGAGEMENT DES JEUNES
Cette question du mélange des genres avait été clairement posée dès l’origine de la mise en place du Service civique en 2010 ; elle apparait beaucoup plus présente aujourd’hui dans le contexte actuel.
Les missions de service civique devaient conduire à assumer des besoins non couverts avec des objets multiples collectifs (en équipe avec des chantiers successifs) ou individuel (jeune isolé dans une structure d’accueil). Il n’a jamais été question d’assurer le fonctionnement des administrations ou des associations, mais de faire autre chose en développant des initiatives et une dynamique citoyenne.
Pour défendre le Service civique et l’engagement des jeunes qui est une excellente chose, il serait nécessaire d’en réduire les dérives actuelles assez rapidement. Une analyse automatique sur la base répertoriant les missions semble possible à mettre en place rapidement pour assurer la pérennité du service civique.
[1] D’une manière générale le service civique doit surmonter plusieurs risques : un petit rythme de croissance (seulement de l’ordre de 30 000 jeunes en simultané), l’intégration à venir dans un dispositif obligatoire SNU et de possibles dérives assimilant la mission à un emploi.
[2] L’Institut national de la jeunesse et de l’éducation populaire (Injep) conclut dans une note sur la croissance de la proportion « des inactifs et des demandeurs d’emploi » parmi les volontaires ainsi qu’une « surreprésentation dans les régions fortement touchées par le chômage des jeunes ».
Pour la période 2010-2016, 47 % des jeunes en Service civique seraient des « demandeurs d’emplois », 17 % des inactifs, 31% des étudiants et 4% des jeunes en emploi.
[3] Les rapporteurs de l’étude le Conseil économique social et environnemental (bilan rendu public le 24 mai) précisaient que : « Le libellé de certaines offres de missions de service civique est parfois proche de celui d’une offre d’emploi, tant sur le contenu de la mission que sur les compétences recherchées ».
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