QUELS CADRES SERONT CONCERNÉS PAR LA BAISSE DE L’INDEMNISATION CHÔMAGE ?
L’option d’une baisse des allocations chômage des cadres a le soutien du président du groupe des députés LREM. Il a ainsi déclaré que l’indemnisation des cadres faisait partie « d’un certain nombre de dysfonctionnements de l’assurance-chômage »[1].
Le premier ministre avait déjà évoqué en septembre 2018 une baisse de l’indemnisation des cadres (sous la forme d’une dégressivité).
Le choix semble déjà retenu, mais le gouvernement hésiterait encore, entre deux types de mesures, :
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Abaisser le plafond actuel de ces allocations (de 4 SMIC à trois ou moins)[2]
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Introduire une dégressivité de l’indemnisation pour les cadres (par exemple à partir de 6 mois).
Le premier ministre vient de déclarer que :
« Des règles identiques pour tous les demandeurs d’emploi, sous l’apparence de l’égalité, ne tiennent pas compte des différences de capacité à retrouver un emploi ».
Les économies à en attendre apparaissent limitées. Le taux de chômage des cadres est de moins de 4 %, contre 8,9 % pour l’ensemble de la population. La mesure est symbolique sur le plan politique, mais peu rentable à moins de baisser le plafond très fortement en touchant davantage de cadres demandeurs d’emploi.
L’Unédic a donné les estimations, figurant dans le tableau ci-dessous, selon la baisse du plafond ; elles sont à juger par rapport à un budget de l’ordre de 34 milliards d’euros.
Plafond Sécurité sociale |
Salaire mensuel |
Économie annuelle |
3 fois |
5 775 euros |
137 millions |
2,5 fois |
4 800 euros |
285 millions |
LA CFE-CGC ET LA CFDT SONT OPPOSÉES A DE TELLES MESURES
Les deux principales organisations de cadre du secteur privé, la CFE-CGC et la CFDT, se sont exprimées contre une telle mesure.
La CFE-CGC se situe sur une position claire :
« la piste un temps évoquée par le gouvernement d’une dégressivité des allocations chômage pour les cadres constitue une ligne rouge absolue, rappelant que ce sont bien les cotisations assises sur les salaires des cadres et de l’encadrement qui permettent de verser des allocations à ceux qui n’ont pas de travail. Et donc de préserver un haut niveau de solidarité inter catégorielle ».
Le secrétaire général de la CFDT se déclare opposé à « un système de dégressivité, pour aucun chômeur indemnisé, et pas plus pour les cadres »[3].
Il précise que :
« Chaque fois qu’on baisse l’indemnisation des demandeurs d’emploi, on baisse leur capacité à retrouver du travail (…). Il faut éviter de stigmatiser telle ou telle population. »
Il faut remarquer deux points sensibles :
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Ce sont les syndicats réformistes qui seront mobilisés contre le gouvernement sur cette question.
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Ce sont les CSP ayant accordées leur soutien à en marche, d’après les études, qui se trouveront potentiellement menacées en cas de chômage.
La consultation préalable par la ministre du travail des organisations d’employeurs et de salariés sur le « Décret » promet d’être animé.
La contestation des mesures prises risque, d’une part, de prendre un tour juridique quant à « l’inégalité de traitement » et, d’autre part, déboucher sur une revendication de diminution des cotisations des personnes concernées par la baisse de l’indemnisation[4].
MACRON VEUT CONCENTRER LA SOLIDARITÉ NATIONALE SUR UNE PARTIE DE LA POPULATION
Le commentaire du président du groupe Les Républicains au Sénat, Bruno Retailleau, me semble bien résumer la situation :
« La réduction des indemnités chômage pour les cadres est une nouvelle illustration de la déconstruction du modèle social français ». (…)
« Emmanuel Macron veut concentrer, comme dans les pays anglo-saxons, la solidarité nationale sur une partie de la population ».
Cette réflexion décrit bien une politique illustrée par la mise sous condition de ressources de la plupart de la fiscalité comme : la hausse de la CSG pour certains retraités, la suppression partielle de la taxe d’habitation, etc. comme de la solidarité.
[1] « Il est évident que, aujourd’hui, les cadres supérieurs, les cadres dirigeants connaissent un niveau de chômage extrêmement modeste et que, quand ils connaissent une période de chômage, elle est très brève. (…) Ils sont indemnisés à des proportions et à des niveaux qui sont supérieurs à tout ce qui est constaté dans tous les autres pays. » – Gilles Le Gendre, sur RTL.
[2] Le plafond actuel est à hauteur de 4 fois le plafond de la Sécurité sociale, soit une indemnité maximale de 7 700 euros par mois, ou à 248,19 euros brut par jour.
[3] Laurent Berger, sur France 2.
[4] La CFE-CGC estime que « rogner sur les allocations des cadres devrait s’accompagner d’une baisse à due proportion des cotisations des employeurs ».
Un commentaire to “Quels cadres seront concernés par la baisse de l’indemnisation chômage ?”
26 février 2019
DegeilhQuand on a beaucoup travaillé pendant presque 40 ans, payé énormément d’impôts directs et indirects et participé à faire fonctionner l’assurance chômage et que l’on se retrouve à plus de 60 ans au chômage et que l’on voit ce que veut faire le gouvernement, il y a de quoi être en colère. Et quand j’entends dire qu’il est facile pour les cadres supérieurs de trouver du travail, c’est probablement vrai, mais pas à 63 ans!
On m’a déjà dit de prendre ma retraite, mais malheureusement j’ai besoin de travailler 3 ans de plus pour atteindre les 42 ans de cotisation et avoir une retraite à taux plein.
Si on ne veut plus de « vieux » cadres supérieurs et que l’on ne veut plus les aider, que faire? Je suis à l’écoute et disponible.