LA « BELLE NÉGOCIATION » SUR L’INDEMNISATION CHÔMAGE S’ENGAGE, DANS UN CONTEXTE DE STABILISATION DU NOMBRE DE CHÔMEURS
La négociation sur la « transformation » de l’assurance chômage va débuter en novembre pour une période d’environ deux mois.
Le gouvernement a joué son jeu en envoyant une lettre de cadrage dans laquelle l’objectif de réduction budgétaire domine. Au-delà de ce cadrage, des fuites ont été organisées par le ministère du Travail pour évoquer les sanctions qui pourraient être mise en œuvre à l’égard des employeurs abusant du recours aux contrats courts.
Les organisations patronales ont constitué un front commun (Medef, CPME et U2P), même si des divergences réelles demeurent entre elles. Pour résumer, elles sont dans la roue du gouvernement[1], à la condition que les entreprises n’aient pas de malus sur les contrats courts. La position va être difficile à tenir.
Pour engager le débat, la remise en chantier de l’accord sur les intermittents du spectacle est mise en avant. Il est vrai qu’il s’agit aussi de contrats courts !
Les organisations syndicales se présentent un peu dans le désordre. Deux d’entre elles (FO et CGT) s’inscrivent, semble-t-il, dans une opposition de principe au cadrage du gouvernement. Les autres s’apprêtent à négocier sans avoir beaucoup de cartes en main ni de perspectives. Par exemple, la CFDT et la CFE-CGC refusent toute dégressivité de l’indemnisation des cadres supérieurs, évoquée par la ministre du travail et le premier ministre.
C’est la notion de « syndicat réformiste », elle-même, qui est mise en cause par les règles qui ont été posées, par la ministre et ses conseillers. Le glissement progressif, et forcé, de la CFDT vers une position critique vis-à-vis du gouvernement l’illustre bien. La CFE-CGC s’est déjà inscrite dans une position de retrait, même si elle ne l’exprime pas publiquement. Elle sait que les cadres et l’encadrement en général sont peu pris en compte dans le processus qui s’engage.
LE RENFORCEMENT DE L’ACCOMPAGNEMENT ET DE LA FORMATION SEMBLE DOUTEUX
Le seul point d’accord entre les trois parties apparait être le renforcement de l’accompagnement et le recours a la formation des demandeurs d’emploi.
Mais le projet de loi de finances 2019 poursuit le mouvement de diminution des effectifs de Pole emploi. D’autre part, la diversification des tâches de ses personnels vers le contrôle pour radiation s’ajoute. Ces conditions ne vont pas permettre une intensification de l’accompagnement des inscrits à Pôle emploi, dont le nombre ne diminue pas en 2018.
Quant aux formations préalables au retour à l’emploi, leur mise en place reste lente et incertaine, au-delà de la communication, en dehors de quelques secteurs. Le ciblage annoncé de la formation sur les seuls profils de chômeurs « non qualifiés », jeunes décrocheurs ou demandeurs d’emploi de longue durée, semble relever d’une erreur idéologique persistante des experts conseillers du gouvernement.
UN ACCORD ENTRE PARTENAIRES SOCIAUX APPARAIT DIFFICILE A FORMALISER.
Bref, un accord issu de la négociation semble difficile. La reprise en main des règles de l’indemnisation chômage par le gouvernement, inscrite dans la loi, apparait très probable.
Reste à connaitre l’évolution de l’équilibre des forces entre partenaires sociaux et gouvernement sur un ensemble d’autres sujets.
En effet, entre autres, les annonces sur le nouveau système des retraites peuvent percuter les autres sujets dont l’indemnisation chômage.
LE GOUVERNEMENT DÉCIDERA EN FIN DE COMPTE, MAIS IL DEVRAIT ÊTRE CONTRAINT DE TENIR COMPTE DU DIALOGUE SOCIAL DANS SON ENSEMBLE.
[1] C’est à dire dans l’idée peu réaliste d’accélérer les retours à l’emploi en diminuant les droits des chômeurs, afin de réduire le budget Unédic.
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