La nature des métiers qui emploient le plus de jeunes à la sortie de leurs études initiales différent beaucoup, selon le niveau de diplôme, selon une étude de la Dares[1].
Le rapport entre formation initiale et métiers occupés n’est probablement pas assez connue pour alimenter le travail d’orientation.
Il faut bien sûr prendre les chiffres qui suivent avec précaution, car ils concernent de grandes tendances et il existe dans la pratique une grande diversité dans les parcours.
DES MÉTIERS ARRIVENT EN TÊTE POUR L’ENTRÉE DANS L’EMPLOI DES JEUNES
D’une manière générale, en 2018, les métiers qui ont la part la plus élevée de jeunes en premier emploi sont :
- Les professionnels de l’action culturelle, sportive et surveillants ;
- Les employés et agents de maîtrise de l’hôtellerie-restauration ;
- Les ingénieurs de l’informatique (ingénieurs d’études, de développement ou analystes programmeurs notamment) ;
- Les vendeurs ;
- Les ouvriers non qualifiés de la manutention (manutentionnaires, déménageurs, ouvriers du tri, du conditionnement par exemple).
Cette liste a peu varié sur dix ans avec :
- Une tendance à la hausse pour les ingénieurs de l’informatique, les ouvriers non qualifiés de la manutention et les employés et agents de maitrise de l’hôtellerie-restauration
- Une tendance à la baisse pour des postes de caissiers et employés de libre-service, de techniciens de l’informatique et de professions paramédicales.
Ces métiers nécessitent des qualifications différentes et ne recrutent pas les mêmes profils.
La progression des niveaux de qualification des jeunes a évolué entre 2007 et 2018. Les exigences des employeurs également, elles se sont élevées pour un même type de poste en fonction de la baisse du niveau des formations et/ou de l’évolution des métiers concernés.
« En 2018, 60% sont diplômés du supérieur, contre 52% en 2007. Cette augmentation tient à la hausse des titulaires d’un bac+5 ou plus, dont la part double quasiment, et à la baisse des non-diplômés, dont la part se réduit de plus de moitié. »
JEUNES SANS AUCUN DIPLÔME
Ces jeunes deviennent fréquemment des ouvriers non qualifiés de la manutention et de la mécanique (métalliers, serruriers, réparateurs en mécanique, par exemple), des employés de service (hôtellerie-restauration ou caissiers) ou des professionnels de l’action culturelle (les animateurs socioculturels)[2].
La situation a peu évolué peu depuis 10 ans.
« Le recrutement des jeunes sortants dans ces métiers ne se limite pas aux non-diplômés. Ces derniers ne dépassent pas 1/6ème de l’ensemble des jeunes sortants les exerçant. »
JEUNES TITULAIRES D’UN CAP OU D’UN BEP
Les métiers qui arrivent en tête pour ces jeunes diplômés sont ceux de bouchers, charcutiers, boulangers, de cuisiniers, d’aides-soignants et d’ouvriers non qualifiés de la manutention ou de la mécanique[3].
« L’accès des sortants aux métiers d’aide-soignant ou de boucher, charcutier et boulanger se fait majoritairement à ce niveau des CAP-BEP. »
Beaucoup d’autres métiers sont concernés en fonction des mentions des CAP par exemple : coiffure ou esthétique.
JEUNES TITULAIRES DU BAC
Ils trouvent un emploi comme professionnels de l’action culturelle les professionnels de l’action culturelle (surveillants des établissements scolaires, animateurs socioculturels ou sportifs), employés de l’hôtellerie restauration, caissiers, vendeurs et ouvriers non qualifiés de la manutention[4].
Ces métiers sont stables[5], de plus la part des jeunes bacheliers parmi les jeunes recrutés de ces métiers se renforce au cours de la période.
Cette catégorie de jeunes comprend des entrées dans l’emploi juste après le bac, généralement professionnel, mais aussi de nombreux profils de jeunes en échec universitaire après d’un à trois ans d’études universitaires… Ces populations diffèrent par l’âge et le parcours.
JEUNES TITULAIRES D’UN BTS, D’UN DUT OU D’UN AUTRE BAC+2.
Ces titulaires de BTS, DUT ou autres diplômes intègrent plus souvent des métiers dont l’accès (parfois réglementé) nécessite un bac+2 d’une filière spécifique : professions paramédicales, professionnels de l’action sociale et de l’orientation (dont éducateurs), techniciens de l’informatique (d’étude, de développement, de production, d’installation, ou de maintenance informatique) et employés de la comptabilité. Mais aussi des postes dans la banque ou les assurances, qui sont organisés pour ouvrir des perspectives de promotions internes pour les débutants[6].
La part des métiers auxquels ils accèdent est assez stable.
JEUNES TITULAIRES D’UNE LICENCE OU AUTRE BAC+3
Ces jeunes titulaires d’une Licence ou d’autres diplômes débutent souvent sur les métiers suivants[7] :
- Infirmiers ou sage-femmes,
- Techniciens de l’informatique,
- Employés ou techniciens de la banque et des assurances,
- Employés administratifs d’entreprise.
Pour mémoire, le diplôme d’infirmier a été requalifié en 2009 de bac+2 à bac+3.
En 10 ans, il y a eu un glissement des métiers destinés à des sortants de bac+2 à des diplômés à bac+3. C’est pourquoi la liste des métiers en tête de classement a changé[8].
« Le niveau d’études auquel les jeunes sont principalement recrutés est relevé : plus de la moitié des jeunes techniciens de l’informatique, des employés de la banque et des assurances et des employés administratifs d’entreprise sont désormais recrutés au niveau minimum bac+3. »
JEUNES TITULAIRES D’UN MASTER2 OU D’UN DOCTORAT
La répartition des métiers d’entrée dans la vie active arrivant en tête le plus fréquemment n’a pas bougé[9].
Pour les titulaires de Master2 ou plus, on constate la présence de métiers très qualifiés : ingénieurs de l’informatique, personnels d’études et de recherche (chercheurs sauf enseignement supérieur, ingénieurs et cadres d’études, de recherche et de développement dans l’industrie), cadres du bâtiment et des travaux publics (ingénieurs, chefs de chantiers, architectes), professionnels du droit (hors juristes en entreprise) et ingénieurs et cadres techniques de l’industrie.
Beaucoup de titulaires de Master2 entrent dans l’emploi avec des métiers moins qualifiés que ceux évoqués, mais généralement dans un délai relativement rapide.
ENTRE 2019 ET 2020, L’ACCÈS A L’EMPLOI DANS CETTE SÉLECTION DE MÉTIERS ÉTÉ DIFFÉRENTE SELON LES DIPLÔMES
En 2020, avec la crise sanitaire, l’emploi des métiers recrutant le plus de jeunes non diplômés du supérieur se contracte, tandis que celui des métiers des diplômés de bac+5 ou plus progresse.
Il est globalement de 0% tous diplômes confondus, après +1% en 2019[10]. Mais les chiffres diffèrent selon le niveau de formation. L’évolution est négative pour les sortants jusqu’au bac et positive pour les diplômés du supérieur.
C’est en particulier le cas pour les emplois dans les cinq principaux métiers des diplômés d’un bac+5, ou plus, qui a augmenté malgré la crise sanitaire (+12% en 2020 contre +8% en 2019).
[1] Dares Analyses – novembre 2021 – n° 64
Selon l’enquête Emploi, en 2018, la France métropolitaine compte 1,8 million de « jeunes sortants » d’études (i.e. personnes en emploi de moins de 35 ans, ayant terminé leurs études initiales depuis 1 à 4 ans). Ils représentent 6,9% de l’ensemble des personnes en emploi, soit 1 point de moins qu’en 2007. Durant cette période, leur taux de chômage augmente et leur taux d’activité diminue.
[2] Jeunes non diplômés, classement en 2018 et 2007.
Non diplômés | Rang 2018 | Rang 2007 |
Ouvriers non qualifiés de la manutention | 1 | 2 |
Employés et agents de maîtrise de l’hôtellerie et de la restauration | 2 | 4 |
Ouvriers non qualifiés de la mécanique | 3 | 3 |
Professionnels de l’action culturelle, sportive et surveillants | 4 | 8 |
Caissiers, employés de libre-service | 5 | 7 |
[3] Jeunes diplômés de CAP BEP, classement en 2018 et 2007.
CAP BEP | Rang 2018 | Rang 2007 |
Bouchers, charcutiers, boulangers | 1 | 2 |
Aides-soignants | 2 | 5 |
Ouvriers non qualifiés de la manutention | 3 | 8 |
Cuisiniers | 4 | 4 |
Ouvriers non qualifiés de la mécanique | 5 | 6 |
[4] Jeunes diplômés d’un bac, classement en 2018 et 2007.
Bac | Rang 2018 | Rang 2007 |
Professionnels de l’action culturelle, sportive et surveillants | 1 | 3 |
Employés et agents de maîtrise de l’hôtellerie et de la restauration | 2 | 4 |
Caissiers, employés de libre-service | 3 | 1 |
Vendeurs | 4 | 6 |
Ouvriers non qualifiés de la manutention | 5 | 11 |
[5] « Ce palmarès était globalement le même 10 ans plus tôt ; parmi les quelques changements, les ouvriers non qualifiés de la manutention en font désormais partie, alors que les professionnels de l’armée, de la police et des pompiers en sont sortis. »
[6] Jeunes diplômés d’un bac+2, classement en 2018 et 2007.
Bac+2 | Rang 2018 | Rang 2007 |
Professions paramédicales | 1 | 2 |
Professionnels de l’action sociale et de l’orientation | 2 | 4 |
Techniciens de l’informatique | 3 | 3 |
Employés de la comptabilité | 4 | 6 |
Employés de la banque et des assurances | 5 | 5 |
[7] Jeunes diplômés d’un bac+3, classement en 2018 et 2007.
Bac+3 | Rang 2018 | Rang 2007 |
Infirmiers, sage-femmes | 1 | 39 |
Techniciens de l’informatique | 2 | 6 |
Employés de la banque et des assurances | 3 | 5 |
Employés administratifs d’entreprise | 4 | 8 |
Techniciens de la banque et des assurances | 5 | 10 |
« En 2007, infirmier, sage-femme est le premier métier des jeunes diplômés de bac+2 ; en 2018, il devient celui des bac+3. »
Ceci explique le changement de classement.
[8] « C’est le reflet de l’élévation générale du niveau de diplôme et de la démocratisation croissante de l’enseignement supérieur »
[9] Jeunes diplômés d’un bac+5, classement en 2018 et 2007.
Bac+5 | Rang 2018 | Rang 2007 |
Ingénieurs de l’informatique | 1 | 2 |
Personnels d’études et de recherche | 2 | 1 |
Cadres du bâtiment et des travaux publics | 3 | 3 |
Professionnels du droit (hors juristes en entreprise) | 4 | 5 |
Ingénieurs et cadres techniques de l’industrie | 5 | 4 |
[10] Taux de croissance annuel en 2019 et 2020 de l’emploi des cinq métiers employant en 2018 la plus grande part de jeunes sortants selon le diplôme atteint
Tous diplômes | Non-diplômés | CAP, BEP | Bac | Bac+2 | Bac+3 | Bac+5 ou + | |
2019 | +1% | -3% | -1% | -1% | +3% | – | +8% |
2020 | 0% | -2% | -2% | -3% | +5% | 0% | +12% |
Lecture : l’emploi des 5 métiers qui emploient la plus grande part de jeunes sortants tous diplômes confondus reste stable en 2020, après avoir augmenté de 1% en 2019.
Champ : personnes en emploi, vivant en ménage ordinaire en France métropolitaine.
Source : Insee, enquêtes Emploi 2018, 2019 et 2020 ; traitements Dares.
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