Dans le cadre de la Loi de Programmation Militaire (LPM) 2014–2019, 34 000 suppressions de postes sont prévues[1], dont en 7 500 postes en 2015[2].
Le nombre de postes supprimés de manière indirecte n’a pas été chiffré précisément.
Entre 2009 et 2019, le ministère de la Défense devrait avoir supprimé près de 80 000 emplois[3].
Ces mesures d’économie se concrétisent également par la fermeture de bases navales et aériennes, d’hôpitaux militaires, etc. et par un impact économique sérieux sur le plan local. Pour 2015, le budget dédié à ce « plan social » serait de 205 millions d’euros ; celui accordé aux collectivités locales de 150 millions d’euros.
Cette opération est conduite avec une volonté d’optimisation des moyens dans un contexte de difficultés de gestion. Deux tiers des suppressions de postes porteraient sur « le soutien, les structures organiques, l’environnement et l’administration du ministère » de manière à préserver les forces opérationnelles engagées sur divers théâtres d’opérations.
Mais, les experts estiment que, dès 2015, il ne restera aux armées que trois axes principaux : la gendarmerie[4], les forces spéciales et la dissuasion.
Les forces conventionnelles auront été très réduites. Ils ne voient pas comment cette réduction pourrait éviter de toucher le cœur même de l’institution militaire. Nos capacités à intervenir seuls sur une durée courte comme récemment au Mali ou en Centrafrique, ou avec d’autres alliés) sont en cause comme l’entraînement de nos forces et notre industrie de défense.
Une évolution majeure du contexte international
Un réel renforcement des risques au niveau international et national est apparu dans une période très récente. En 2014, nous pouvons constater :
- L’installation d’un « état terroriste » (avec un territoire, une population et des ressources) et le développement de zones grises échappant aux contrôles des états dans plusieurs régions du monde,
- Des menaces terroristes (en particulier islamistes) contre les français,
- La persistance de zones maritimes de piraterie,
- Les risques de guerre numérique (la cyberguerre),
- Des risques sanitaires graves, dont le virus Ebola,
- Des bruits de bottes en Europe avec l’annexion de la Crimée par la Russie, modifiant les frontières internationales par la force, et une guerre chaude en cours à l’est de l’Ukraine,
- Etc.
Enfin, la France mène officiellement, et consensuellement, des opérations de guerre au Sahel (Mali, Centrafrique…) et en Irak.
Le contexte de très faible engagement des pays de l’Union Européenne sur les questions de Défense rend illusoire sur le plan pratique une quelconque synergie militaire sur des théâtres extérieurs, voire européens.
Certes, il est nécessaire de réorganiser les armées en fonction des menaces nouvelles et d’optimiser les moyens pour gérer au mieux le budget, mais, comme dans d’autres secteurs de l’Etat, il faut que tout fonctionne bien. Par contre, il semble contraire à l’efficacité de la fonction Défense de réduire davantage les effectifs sans prendre e risque de conséquences majeures le moment venu.
Compte tenu de l’évolution des menaces, la diminution progressive des effectifs des armées, engagée depuis des années, doit être remise en cause pour répondre aux défis actuels.
La défense, comme la police, la justice, la diplomatie et la monnaie, est du ressort des compétences régaliennes de l’Etat et devrait être traitée comme telle
[1] Les coupes budgétaires sur les trois ans se montent à 6 milliards d’euros.
[2] Seul le Ministère des Finances connait, en 2015, une réduction d’effectifs massive avec une suppression de 2 491 postes
[3] La précédente Loi de Programmation Militaire (LPM) a déjà supprimés 45 000 postes soit -8,6% des effectifs.
Ces réductions d’effectifs passent notamment par la fermeture de nombreux sites militaires. D’autres sites ont été visés par la dernière LPM.
[4] En charge de la sécurité nationale.
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