UNE AUGMENTATION DES EFFECTIFS DES ÉCOLES DE LA DEUXIÈME CHANCE A ÉTÉ ANNONCÉE
La ministre du Travail a confirmé que 6 000 jeunes supplémentaires devraient être accueillis dans le réseau de l’École de la Deuxième Chance (E2C)[1] d’ici 2022[2]. Le financement devrait provenir du Plan d’Investissement dans les Compétences (PIC) pour permettre :
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« L’extension des capacités d’accueil permettant à 6 000 jeunes supplémentaires d’en bénéficier d’ici 2022 ;
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La mise en œuvre d’une approche par les compétences pour que les jeunes prennent réellement conscience des compétences acquises et apprennent à les valoriser ;
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Le financement à hauteur de 2,6 millions d’euros en 2019 (12 millions d’euros d’ici 2022). »
La ministre apporte son soutien aux Écoles et, ainsi, déclare :
« Les E2C sont un véritable tremplin vers l’emploi, une réponse concrète et efficace pour lutter contre le chômage des jeunes. Nous devons soutenir les projets qui font leur preuve ! Brisons le déterminisme social de l’absence de qualification et permettre à tous, de retrouver le chemin de l’emploi. Car nul n’est inemployable, à condition de prendre les bonnes initiatives et d’avoir les bonnes solutions au plus près des personnes et des territoires ».
Le réseau E2C accueille environ 15 000 jeunes par an, un projet d’augmentation de 6 000 places sur 4 ans (en moyenne 1 500 par an) correspondrait à une croissance de l’ordre de 10%.
LES E2C SONT DE TRÈS BONNES STRUCTURES QUI ONT FAIT LEURS PREUVES DANS L’INSERTION DES JEUNES DEPUIS 20 ANS.
Il s’agit d’une bonne nouvelle a priori. Mais des professionnels attirent l’attention sur plusieurs problèmes qui se posent aujourd’hui.
Cette augmentation de 6 000 places supplémentaires, dans les 4 ans à venir (2019 à 2022), entre en concurrence d’une certaine manière avec l’augmentation simultanée de la capacité d’accueil en « garantie jeunes » qui doit être de 100 000 jeunes.
LES E2C CONNAISSENT PARFOIS DES PROBLÈMES DE RECRUTEMENT DE JEUNES LIÉES À DES CHOIX POLITIQUES.
Les communications, particulièrement la presse régionale, concernant ces deux dispositifs affichent une concurrence, car le public des jeunes décrocheurs qui est visé est le même.
L’obligation de mettre en place sur tout le territoire la « garantie jeunes »[3] a entrainé une baisse forte des entrées en E2C. Les conseillers des Missions locales doivent atteindre leurs objectifs, c’est-à-dire remplir leur quota sous peine d’avoir à rembourser ce que la ML n’a pas atteint comme objectif. Il en découle une baisse du nombre des orientations vers les E2C, ou, à la marge, des jeunes dont ils ne veulent pas… or le cahier des charges de labellisation des E2C indique que les Missions locales sont le principal prescripteur pour les E2C.
Par ailleurs, l’obligation dans le recrutement des jeunes d’augmenter le pourcentage de jeunes venant des quartiers de la politique de la ville, alors même que ces territoires ont été réduits, pose des problèmes sur certains sites.
Le choix se pose entre deux formules ayant des caractéristiques différentes.
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Les E2C proposent une formation professionnelle complète (35h hebdomadaires, alternance-école/entreprises) pendant une durée moyenne de 6 à 7 mois, mais ouverte jusqu’à 10 mois avec une allocation de 310 € mensuels ;
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L’offre de la « garantie jeune » par les ML consiste en un accompagnement renforcé pendant un an (1 à 2 rendez-vous mensuels), qui commence par une période de « formation » entre 2 et 5 semaines selon les missions locales, avec une allocation de 480 € mensuels.
Les offres, E2C et « garantie jeune », sont évidemment assez différentes dans leur contenu comme leurs résultats. L’une peut sembler plus attractive que l’autre pour un jeune.
D’autres problèmes viennent s’ajouter au niveau des outils à mettre en œuvre dans les E2C.
QUEL EST LE CONTEXTE GÉNÉRAL DES MESURES POLITIQUE EN FAVEUR DE L’INSERTION DES JEUNES SANS FORMATION ?
Le Plan d’Investissement dans les Compétences devrait soutenir plusieurs autres actions en faveur des jeunes décrocheurs :
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100 000 jeunes supplémentaires en « Garantie jeune »,
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la création des « prépa-compétences » dont bénéficieraient 20 000 personnes pour consolider leur projet professionnel,
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400 jeunes supplémentaires seraient accueillis en EPIDE,
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le soutien de projets pour repérer et remobiliser les jeunes n’ayant recours à aucun acteur : les « invisibles » serait développé.
L’impact annuel de ces dispositifs, conditionné à leur confirmation dans le cadre des lois de finance successive, évoluera sans aucun doute dans les années à venir. Le chiffrage des jeunes concernés pour 2019 apparait lui-même encore incertain.
[1] « Depuis 20 ans, les Écoles de la Deuxième Chance (E2C), accueillent les jeunes en difficulté et leur offrent un accompagnement sur mesure, des remises à niveau scolaire, des stages et toujours en lien étroit avec les entreprises. A l’issue, 60% des jeunes trouvent un emploi ou suivent une formation qualifiante. » Communiqué de Muriel Pénicaud du 30 11 18.
Le Réseau des Écoles de la 2e Chance compte 124 sites-Écoles implantés dans 12 Régions, 56 départements et 4 ultrapériphériques. Voir le site : https://reseau-e2c.fr/
[2] Communiqué de Muriel Pénicaud du 30 11 18. : Signature d’une convention avec les acteurs du réseau de l’École de la Deuxième Chance (E2C).
[3] Ce process de « garantie jeunes » n’était pas souhaité par toutes les Missions Locales.
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