MACRON ANNONCE LA DISPARITION DU « DROIT AU CHÔMAGE »
Emmanuel Macron a changé de position, ou plutôt accéléré le processus de transformation de l’indemnisation chômage, selon les annonces faites au cours de son discours devant le Congrès réuni à Versailles.
Il a annoncé, selon une pratique très peu courante, qu’il allait modifier le projet de loi pour « la liberté de choisir son avenir professionnel », alors que celui-ci est en plein examen[1].
Il annonce qu’il veut réviser les règles de l’assurance chômage en faveur de « la reprise d’activité » et « la création d’emplois de qualité ».
Ces termes restent tout à fait flous et aucune disposition pratique n’a été évoquée.
On peut supposer une offensive contre les contrats courts et contre le cumul emploi indemnisation qui figurait déjà dans le texte du projet de loi. Donc, il faut supposer que d’autres éléments vont apparaitre…
LA MISE EN AVANT D’« UN ÉTAT-PROVIDENCE ÉMANCIPATEUR, UNIVERSEL, EFFICACE, RESPONSABILISANT. » CAMOUFLE LA TRISTE RÉALITÉ DES CHOSES
Après une envolée lyrique et un peu planante[2], il a mis en cause l’indemnisation chômage actuelle et a prôné une nouvelle philosophie[3] ; en affirmant qu’il n’y aurait « plus de droit au chômage. »
Il insiste en affirmant que « Les règles de l’assurance chômage ont pu involontairement encourager le développement de la précarité. » Leur suppression résoudrait sans doute le problème du manque d’emplois en France en 2018. Dans son esprit, il apparait, sauf erreur, que ce n’est pas les entreprises qui créent des emplois mais leur personnel potentiel. La faute repose sur les épaules des chômeurs.
Il acte ce qui a été déjà fait en matière de réforme du financement de l’assurance chômage par la suppression des cotisations salariales et le passage à un financement sur les impôts, cela « conduit à transformer la philosophie même de notre solidarité sociale« .
MACRON VEUT RÉDUIRE LE BUDGET DE L’INDEMNISATION CHÔMAGE
Cette diminution du budget ne correspondrait pas à une diminution significative du nombre des ayants droits et du montant des indemnisations à verser, car il n’y a pas de baisse du chômage de masse, seulement une lente évolution des catégories qui compose la population inscrite à Pôle emploi.
Foin de philosophie, la pensée qui surgit semble remplie d’une volonté budgétaire de baisse de l’indemnisation chômage, camouflée par un discours grandiloquent et de grands mots qui ne trompent pas les professionnels de l’emploi.
Concrètement, on passera d’une assurance personnelle à peu près fiable à une solidarité nationale qui apparait incertaine et changeante en fonction de multiples facteurs.
La baisse budgétaire étant un fait acquis, la question est désormais est de savoir qui seront les victimes de cette réforme : les cadres avec un plafonnement bas des indemnités, les chômeurs en contrats ponctuels et répétés, les jeunes, les séniors…
Macron laisse le choix des victimes de la baisse de l’indemnisation chômage aux partenaire sociaux[4], du moins dans un premier temps. Les négociations au niveau des branches professionnelles qui étaient programmées sont suspendues de fait.
La naissance d’un système privé d’assurance emploi va se développer dans les prochaines années au bénéfice de grandes entreprises et de mutuelles. Cette privatisation sera la réponse à la réduction des budgets sociaux.
A SUIVRE
[1] « Le projet de loi ‘Avenir professionnel’ sera modifié en ce sens dans les prochains jours. (…) Ces règles seront négociées dans les prochains mois par les partenaires sociaux afin qu’une telle réforme puisse entrer en vigueur au printemps 2019. »
[2] « La priorité de l’année qui vient est simple : nous devons construire l’État-providence du XXIe siècle« . « « Un État-providence émancipateur, universel, efficace, responsabilisant. » (…) Il veut « « jeter les bases d’un nouveau contrat social, celui du siècle qui s’ouvre ». Sans commentaire.
[3] « il n’y a plus un droit au chômage au sens où on l’entendait classiquement« . Emmanuel Macron.
« Financée par l’ensemble des contribuables, (la solidarité) implique des droits et des devoirs car chacun est alors comptable de tous et tous de chacun« . (…) « C’est là que se joue la véritable transformation mais aussi la véritable dignité : tout le monde doit être protégé mais chacun a sa part de responsabilité dans la société« , (…) « C’est pourquoi nous allons transformer notre système de solidarité pour le rendre tout à la fois plus universel et plus responsabilisant« . Une « philosophie qui sera mise en œuvre dans la réforme de l’assurance chômage comme dans celle des minima sociaux« .
[4] Le rendez-vous avec les organisations patronales et syndicales aura lieu le mardi 17 juillet.
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