MACRON A CLARIFIÉ SON POINT DE VUE
Les récents propos d’Emmanuel Macron à propos de l’échec de la négociation mettent en évidence, de manière explicite, sa conception des choses. Il apparait nécessaire de citer quelques phrases du Président pour bien saisir sa pensée.
« On est dans un drôle de système tout de même où chaque jour dans le pays, on dit ‘corps intermédiaires, démocratie territoriale, démocratie sociale, laissez-nous faire’ et quand on donne la main, on dit ‘pardon Monsieur, c’est dur, reprenez-la. »
La critique s’adresse également aux élus locaux et leurs organisations. Ce sont les « corps intermédiaires » que Macron vise dans leur ensemble. Il vise à décrédibiliser les interlocuteurs traditionnels du gouvernement.
« On vient d’avoir un exemple de vraie négociation sociale » (…) « On a dit aux partenaires sociaux : ‘Trouvez-nous une solution pour le chômage, vous êtes autour de la table, vous êtes responsables’ alors même que les syndicats ne financent plus le chômage, c’est le contribuable » (…) « Comme c’est difficile, ils ont rendu hier au gouvernement la copie. »
Macron met en cause la présence même des organisations syndicales, suite au remplacement de la cotisation salariale chômage par une hausse de la CSG, sa formulation est directe. Elle vise à affaiblir le rôle des corps intermédiaires.
Il explique que la raison du passage des cotisations à la CSG avait comme réel motif d’écarter les organisations syndicales.
L’application de l’augmentation de la CSG, à l’origine universelle, ne concernent pas vraiment les fonctionnaires, et est réduite à une minorité de retraités, ce qui conduit à un trou budgétaire qui va se dessiner rapidement.
Le montant réel de l’augmentation de la CSG ne sera pas au niveau des anciennes cotisations salariale.
Cet argument de Macron apparait comme illusoire, car les salariés continuent à payer et leurs organisations sont toujours concernées par le système du chômage et son devenir…
La négociation imposée par le gouvernement et les résultats décidés par avance, dans une lettre de cadrage aux objectifs irréalistes (baisse de l’indemnisation, hausse des cotisations, etc.), expliquent comment les partenaires sociaux ont été piégés.
LES PARTENAIRES SOCIAUX ONT DÉNONCÉ LE PIÈGE QUI LEUR AVAIT ÉTÉ TENDU, PAR UNE NÉGOCIATION IMPOSÉE ET CADRÉE PAR LE GOUVERNEMENT.
Les responsables syndicaux et patronaux protestent le procès en irresponsabilité intenté contre eux par Macron.
Le discours de Macron a conduit à des réactions des partenaires sociaux patronaux[1] et syndicaux, unis pour l’occasion. Les réactions des organisations réputées proches de Macron (MEDEF et CFDT) sont significatives.
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La critique du président du Medef apparait fort exacte : « La lâcheté, c’est quand l’État fixe toutes les règles[2] mais veut faire assumer les décisions par les autres ! »[3].
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L’analyse du secrétaire général de la CFDT semble tout à fait judicieuse : « rechercher des boucs émissaires peut être tentant à court terme mais contreproductif pour l’avenir« .
Je ne cite pas les autres réactions pour ne pas faire de répétition et éviter les propos trop durs à l’encontre du gouvernement des organisations anticapitalistes.
LE TEMPS DES DÉCISIONS DU GOUVERNEMENT SUR LA RÉDUCTION DE L’INDEMNISATION CHÔMAGE ARRIVE
Emmanuel Macron va devoir annoncer rapidement des mesures sur l’indemnisation chômage. Le gouvernement sera amené à assumer ses choix, qui devraient être, a priori, impopulaires, simultanément aux conclusions du « grand débat national ».
Les dernières rencontres programmées avec les partenaires sociaux[4] concernent tous les sujets et ne semblent pas devoir déboucher compte tenu de la manière dont le processus a été volontairement conduit.
[1] Le président de l’organisation patronale CPME a déclaré : « Ceux qui croient que les partenaires sociaux, comme les dinosaures, sont appelés à disparaître, feraient bien de passer la tête à la fenêtre et de regarder dehors ».
[2] La lettre de cadrage adressée par le ministère du travail aux partenaires sociaux pour cette négociation demandait de réduire le budget de 3 à 3,9 milliards d’euros sur trois ans. A effectifs de bénéficiaires constant cela conduisait à réduire des droits des demandeurs d’emploi et à imposer des hausses de cotisations patronales aux entreprises.
[3] « La démocratie sociale a souvent prouvé son efficacité et sa responsabilité lorsqu’elle n’est pas soumise à des lettres de cadrages impossibles, menant sciemment une négociation dans l’impasse »
[4] Le Premier ministre a annoncé la tenue de réunions thématiques en mars avec les organisations syndicales, patronales et les associations d’élus dans le cadre du « grand débat national ».
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