UN CHANGEMENT SYSTÉMIQUE DU RÉGIME DE RETRAITE A ÉTÉ PROPOSÉ.
Le haut-commissaire à la réforme des retraites a rendu son rapport sur un projet nouveau système d’assurance-vieillesse, qui pourrait entrer en vigueur en 2025[1].
Les recommandations du rapport vont vers un « système universel » qui pourrait remplacer les 42 régimes existants[2]. De nombreuses exceptions sont prévues.
Il s’agit d’un projet de réforme radicale du régime des retraites, mais qui n’est pas définitif. Il a été conçu pour :
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Augmenter le nombre des actifs en emploi,
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Diminuer le nombre des retraités,
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Réduire, au final, le montant de la plupart des retraites,
afin de parvenir à une équilibre durable du régime des retraites.
Le système resterait « public et par répartition », les cotisations des travailleurs finançant les pensions des retraités.
L’IMPACT D’UN TEL PROJET DE RÉFORME SUR L’EMPLOI SEMBLE IMPORTANT.
Avant que cette loi ne soit adoptée, il est indispensable d’estimer son impact sur l’emploi.
Le gouvernement souhaite encourager les Français à travailler plus longtemps en organisant le calcul du montant des retraites en ce sens.
L’âge légal de départ serait maintenu à 62 ans[3], mais l’âge permettant aux actifs de partir à la retraite avec un équivalent du taux plein serait fixé à 64 ans. Cet « âge d’équilibre » resterait susceptible d’évoluer. Il sera possible de s’arrêter de travailler à 62 ans, mais avec une retraite incomplète (à hauteur de -10%).
Sans entrer dans le détail du projet de retraite à points, deux questions majeures se posent concernant l’impact sur l’emploi.
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D’une part, la réforme propose une augmentation du nombre d’années travaillées avec une moyenne dépassant les 64 ans pour la fin de carrière, bref, un allongement de carrière.
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D’autre part, la baisse du montant des pensions (par rapport au modèle actuel) pour une part des retraités conduira à une montée du travail des retraités. Les retraités en activité à temps plein ou partiel viendront diminuer le nombre des emplois des actifs.
Une croissance du nombre des actifs de l’ordre de deux ou trois classes d’âge (de 62 à 65 ans) apparait alors comme une conséquence naturelle de ce projet.
LES COUTS INDUITS PAR LA RÉFORME SUR LES AUTRES RÉGIMES SOCIAUX N’APPARAISSENT PAS.
Sans un flux massif de création d’emplois (difficile à assurer), ce mouvement doit conduire :
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À une augmentation du nombre des chômeurs, à des couts induits sur l’assurance chômage, dont les montants seront souvent supérieurs à celui des retraites,
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À un recours plus fréquent aux systèmes de solidarité (RSA…),
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À des situations de précarité plus nombreuses, etc.
Une catégorie croissante de personnes va se trouver au chômage avant la retraite, puis avec une retraite réduite.
Le niveau d’activité des plus de 60 ans est bas. Le chômage est plus élevé, et surtout il est souvent de longue durée. Les mesures proposées semblent devoir augmenter ces problèmes.
Cet aspect des choses et le cout induit, n’est pas pris en compte. Il devrait l’être avant d’arrêter la version définitive.
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Derrière cette évolution se pose celle de l’âge d’entrée dans la vie active des jeunes.
Les carrières vont évoluer vers une fourchette de 25 à près de 70 ans, est-ce le bon modèle à suivre ?
[1] Le rapport pourrait déboucher sur un projet de loi (à préciser), présenté en Conseil des ministres à l’automne 2019, avant d’être examiné au Parlement, après les municipales de mars 2020, pour une possible entrée en vigueur en 2025. Les assurés nés en 1963, âgés aujourd’hui de 56 ans, seraient les premiers concernés par la réforme.
[2] Le projet de réforme prévoit un système de cotisation par points et non plus par annuités. Un euro cotisé donnerait les mêmes droits à tous. Dix euros cotisés équivaudraient à un point. Le taux de cotisation serait de 28,12%. La répartition entre l’employeur et le salarié demeureraient à 60/40%.
[3] En 2018, l’âge moyen de départ à la retraite a été de 62,4 ans pour les hommes et de 63 ans pour les femmes.
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