LA NOUVELLE FORMULE DU CPF VIA UNE APPLICATION EN LIGNE DÉMARRE.
La mise en place de la nouvelle formule du CPF s’inscrit dans une dynamique de développement de la formation professionnelle individuelle, selon le souhait de chacun ; elle se situe en marge d’autres actions de formation professionnelle destinées aux actifs en emploi ou sans emploi.
Le système, qui se met en place, présente des avantages (facilité apparente d’accès à l’information et à l’inscription) et des limites (pertinence professionnelle du choix, possibilités réelles d’accès aux formations, etc.).
L’usage en ligne « Moncompteformation » de manière très concrète, permettra seule de juger dans un ou deux ans de cette initiative :
- En terme quantitatif : nombre de demandes demandées, nombre de formations engagées, nombre de diplômes et de certifications obtenues, et
- En termes qualitatifs : part de correspondance entre les formations suivies et abouties et les besoins du marché du travail.
LES DISCOURS POLITIQUES AUTOUR DE L’APPLICATION SEMBLENT EXCESSIFS
A ce jour, l’attention porte sur le discours politique autour de l’application nationale qui est lancée.
En effet, il existe bien un consensus sur les bienfaits d’une formation professionnelle de qualité, mais l’argumentation déployée par le gouvernement, la ministre du Travail, ses services et ses institutions (Centre’Inffo) ne semblent ni toujours opportuns ni vraiment exacts.
Ces discours ont un but politique de faire valoir la politique comme demandé par le Premier ministre. Ils paraissent un peu excessifs pour beaucoup d’acteurs de l’emploi. On peut citer plusieurs formules choc de la ministre du Travail :
« L’application mobile Moncompteformation et le site internet qui l’accompagne […] vont permettre à notre pays d’entrer dans une société des compétences. » (…) « Nous construisons un nouveau service public qui crée un droit attaché à la personne. Un peu comme un Livret A de la formation. »
A propos de l’application « moncompteformation », la ministre évoque “une vraie révolution” en matière de formation tout au long de la vie.
Le terme de « révolution » semble un peu fort par rapport à cette application qui se réduit à la mise en forme d’une solution technique d’application numérique d’une mesure politique (loi « avenir professionnel ») concernant la mobilisation du CPF par son bénéficiaire pour de petits montants et des formations relativement courtes en l’absence d’un abondement.
Le public, désigné par la ministre du Travail comme prioritaire des « sans formation », est celui où règne le plus fort taux d’illettrisme numérique. L’outil numérique mis en œuvre apparait peu adapté.
RIEN N’EST ENCORE BIEN CALÉ DANS LA PRATIQUE. LA RÉFLEXION, QUI SE POURSUIT, SUR CETTE OPÉRATION EN ATTESTE.
Ainsi une journée ouverte aux professionnels : prestataires de formation, opérateurs CEP, entreprises et co-inanceurs potentiels, est organisée le 10 décembre 2019[1]. Les objectifs de cette journée montre combien les interrogations sur cette nouvelle formule demeurent nombreuses :
« Cerner les enjeux de la réglementation du nouveau compte personnel de formation (CPF) ; Mesurer les impacts des conditions générales d’utilisation (CGU) sur son activité formation ; Mesurer les marges de manœuvre dans la mise en œuvre du CPF coconstruit et les mécanismes d’abondement ; etc.
Cette journée sera ouverte par le Conseiller Relations Sociales, Travail, Emploi et Formation Professionnelle du Premier ministre, ce qui confirme son caractère officiel[2].
Le public comprend « toute personne dont l’activité est concernée par la réforme de la formation et particulièrement par le CPF », mais son cout de 900 € TTC peut surprendre par rapports aux enjeux abordés !
Tous problèmes ne sont pas réglés comme le prouve amplement par exemple l’une des questions posées :
« Comment pourraient se traduire de façon opérationnelle les premiers abondements des co-financeurs ? »
Beaucoup de précisions sur les mécanismes majeurs sont encore attendues. Les discours enthousiastes semblent relever de la propagande politique rebaptisée « langage de communication politique ». Les professionnels jugeront.
[1] Organisée par Centre’Inffo, en lien avec la DGEFP et la Caisse des dépôts et consignations.
« AU-DELÀ DE L’APPLI MOBILE, UNE CONTRACTUALISATION INÉDITE !
Le lancement de l’application mobile « Mon compte formation » marque le début d’un marché « grand public ». Cet outil de mise en relation entre les usagers et les prestataires repose sur un mode de contractualisation inédit et structurant. Quel impact auront les conditions générales d’utilisation sur les acteurs impliqués dans ce dispositif rénové ? Comment pourraient se traduire de façon opérationnelle les premiers abondements des cofinanceurs ? »
[2] Le programme de cette journée traitera de deux sujets :
Se repérer dans le nouveau marché du CPF : Fonctionnalités de l’application « Mon compte formation », Caractérisation juridique de la « Place de marché », Eligibilité et conditions de prise en charge, Enjeux de la refondation du système de certifications professionnelles, Scénarii des abondements : correctifs, volontaires ou conventionnels
Intégrer les impacts structurants des conditions générales d’utilisation (CGU) : Engagements contractuels du prestataire et de l’utilisateur vis-à-vis de la Caisse des dépôts, Type de sanctions en cas de manquement aux engagements contractuels, Modalités de paiement et contrôle de service fait, Exemples de risque de contentieux.
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