UN ACCROISSEMENT DU NOMBRE DE JEUNES EN SERVICE CIVIQUE (SC) A ÉTÉ PROGRAMME POUR 2021.
Le chef de l’État a mis en avant le chiffre symbolique de 100 000 missions de service civique de plus (14 juillet 2020). La loi de finances 2021 comporte un budget stable pour le service civique[1] autour de 505 millions[2] (comme en 2019 et 2020)[3]. Mais un budget complémentaire a été affecté au service civique, dans le cadre du plan de relance, à hauteur de 363 millions d’euros. Le budget total atteint donc 868 millions d’euros.
Cette augmentation budgétaire doit permettre d’augmenter le nombre des missions, à condition que le nombre des offres soit suffisant pour y parvenir ; ce qui n’est pas acquis dans le contexte actuel des interdictions réglementaires et autres. Le passage de 145 000 missions de SC, initialement prévues en 2020, à 245 000 missions en 2021[4] ne va pas de soi !
En 2020, le fonctionnement du service civique a été impacté par la crise :
« Si le rythme d’entrée des jeunes en mission de service civique a été impacté, le traitement des premières données relatives aux contrats encours pendant cette période montre que 40% des volontaires ont pu poursuivre leur mission. » PLF 2021.
Le nombre de missions de service civique, effectuée en 2020, reste encore inconnu.
Par ailleurs, il faut noter que les chiffres peuvent fausser le regard selon que l’on compte :
- Le nombre de contrats signés dans une année,
- Le nombre de jeunes ayant été en en service civique au cours d’une année ou
- Le nombre de jeunes en service civique à une date donnée ; leur nombre serait de 63 000 en janvier 2021.
En effet, beaucoup de missions ont lieu sur une année scolaire, donc entre deux exercices, et les jeunes sont comptés deux fois !
Par ailleurs, pour bien apprécier les choses, il faudrait pouvoir compter,
D’une part, le nombre de missions complètement accomplies et,
D’autre part, le nombre de missions interrompues et connaitre le motif de ces interruptions, légitime dans le cas de l’accès à un contrat de travail ou non (cas d’un abandon pur et simple).
Enfin, le nombre moyen de mois des missions, entre 6 et 12 mois, manque pour apprécier le déroulé des services civiques.
Bilan, plusieurs éléments chiffrés manquent pour apprécier le déroulé des services civiques.
LE SERVICE CIVIQUE EST PRÉSENTÉ PAR LE GOUVERNEMENT COMME UNE SOLUTION POUR DES JEUNES SANS EMPLOI.
Le gouvernement souhaite augmenter subitement le nombre des missions de service civique dans l’idée que celles-ci se substituent à des jobs étudiants, ou à des emplois pour des jeunes, dans des secteurs qui ne recrutement pas en raison des interdictions administratives ou autres motifs.
Le service civique apparait, en effet, comme une « bouée de sauvetage » lancé à des jeunes dans une période de chute des embauches durant les périodes de confinement. C’est le plan #1jeune1solution[5].
Le PLF2021 expose cela de manière explicite :
« Les jeunes sont particulièrement exposés à la crise économique qui se profile. Dans l’objectif d’améliorer l’employabilité des jeunes, le plan de relance renforce le service civique. » (PLF2021 – Plan de relance).
La formule parait ambiguë, par rapport à la définition initiale[6] du SC, qui semble nette :
« S’il favorise le développement de savoir-faire et savoir-être chez les volontaires, le service civique n’est pas un dispositif d’insertion professionnelle. » (PLF2021 – Programme 163).
LES CANDIDATURES DE JEUNES NE MANQUERAIENT PAS, SELON LES ASSOCIATIONS OU SERVICES PUBLICS QUI ACCUEILLENT DES SERVICES CIVIQUES.
Il reste à trouver les missions et la capacité de les encadrer, dans un contexte qui n’est pas forcément facile.
Le service civique peut constituer une solution de repli par rapport à des difficultés rencontrées :
- Pour poursuivre des études (décrochage complet, difficulté à suivre des études à distance, rareté des stages, impossibilité de partir une année à l’étranger) ou
- Pour trouver un contrat d’alternance ou un contrat de travail, dans un contexte de chute du nombre des embauches (-25 à 33%).
L’indemnité de mission est un élément de l’équation :
- Un jeune en mission de service civique reçoit une indemnité nette à hauteur de 580 euros par mois.
- L’indemnité est majorée de 108 euros pour un étudiant boursier.
- Il bénéficie d’un régime de protection sociale complet.
- Les périodes de service civique sont prises en compte dans le calcul des droits à l’assurance vieillesse.
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Sur le service civique, relire le Billet : « Où en est le rapport entre service civique et emploi ? » du 21 février 2020 – https://bit.ly/2HFfDt7
[1] « Cette mission s’effectue auprès d’un organisme sans but lucratif et ou d’une personne morale de droit public (ministères, collectivités territoriales, établissements publics) agréés par l’Agence du service civique ou ses délégués territoriaux. » PLF 2021 – programme 163.
[2] Programme 163 – 04. Autorisations d’engagement et Crédits de paiement pour 2021 : 505 296 356 €
[3] « Le budget 2021 inscrit sur le Programme 163 est stabilisé à hauteur de la LFI 2020 (505,3M€) et doit permettre l’accueil de 145 000 jeune. »
[4] Objectif en nombre de service civique : les chiffres de 2020 ne sont pas confirmés à ce jour.
Année | Initial | Plan de relance | Total |
2020 | 145 000 | 20 000 | 165 000 |
2021 | 165 000 | 80 000 | 245 000 |
[5] « Dans le contexte actuel de crise sanitaire, le Service Civique peut constituer une réponse pour aider de nombreux jeunes à trouver du sens, des repères et un accompagnement en cette période difficile, tout en acquérant des compétences nouvelles reconnues dans le monde du travail. » Agence de service civique.
[6] « Il a vocation à faire émerger une génération de citoyens engagés souhaitant consacrer du temps au service de la collectivité à travers une expérience reconnue et valorisée dans leur parcours. » PLF 2021 – Programme 163.
Pas de commentaire sur “Le service civique constituera-t-il une solution de repli pour les jeunes en manque d’opportunités d’alternance ou d’emploi ?”