LA CRISE ÉCONOMIQUE ET SOCIALE DANS LE SECTEUR AÉRIEN CONDUIT A LA SUPPRESSION DE MILLIERS D’EMPLOIS
La crise économique et sociale dans le secteur aérien conduit à la suppression de milliers d’emplois et à la mise en suspens d’emplois au travers de l’activité partielle de longue durée (APLD), chez les principaux acteurs : Air France, Airbus et Aéroport de Paris (ADP), leurs nombreux sous-traitants et leurs prestataires directs et indirects.
L’enchainement est schématiquement le suivant :
1. Fermetures temporaires ou définitives de liaisons aériennes et réduction des flux de passagers et de frets (Air France) ;
2. Moins de vols aériens et fonte de l’activité aéroportuaire (ADP). Les aéroports européens ont globalement perdu plus de 70% de leurs voyageurs en 2020. L’aéroport de Paris-Charles-de-Gaulle a enregistré une baisse de 70,8% de la fréquentation des passagers en 2020 ;
3. Abandon des commandes de nouveaux avions à Airbus ;
4. Abandon des projets de constructions aéroportuaires, comme le quatrième terminal de l’aéroport Roissy-Charles-de-Gaulle, etc. (activités du BTP).
La baisse de l’activité du secteur a été massive en raison des différentes politiques nationales de freinage de la pandémie.
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Pour 2020, le chiffre d’affaires d’Air France-KLM a chuté de 59%, entrainant une perte de 7,1 milliards d’euros. Au premier trimestre de 2021, la perte d’exploitation serait de 1,3 milliard d’euros !
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Pour Airbus, les pertes sont de -1,1 milliard d’euros en 2020 (-29% sur l’année), mais les commandes quasiment stoppées pour 2021.
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ADP a enregistré une perte de 1,17 milliard d’euros.
LES PERSPECTIVES DE SORTIE DE CETTE CRISE DU TRANSPORT AÉRIEN A COURT TERME ONT DU ÊTRE ABANDONNÉES.
Selon le ministre de l’Économie :
« Le trafic aérien est revenu quasiment à la normale en Asie, à 80% aux États-Unis, en Amérique du Nord et à peine 40% en Europe. »
La plupart des experts parlent d’un retour au niveau d’activité de 2019 pour 2024, sans que cette prévision soient assurée !
La réduction des couts de ces entreprises passe par les suppressions de postes volontaires (rupture conventionnelle collective, etc.) et des licenciements économiques, sous une forme ou une autre.
LES RÉDUCTIONS DES EFFECTIFS ONT COMMENCE EN 2020, ELLES DEVRAIENT SE POURSUIVRE EN 2021 et 2022, D’APRÈS LES ANNONCES ACTUELLES.
Airbus cumule plus de 4 000 suppressions de postes et la mobilisation d’un accord de chômage partiel de longue durée, suite à la chute des commandes d’avions. Les suppressions de postes reposent a priori sur des départs volontaires et des départs en retraite, sans les licenciements prévus un temps.
Airbus bénéficie, par ailleurs, de financements du plan de relance pour la recherche dans l’ingénierie, dont pour le développement du recours à l’énergie hydrogène (développement en vue d’une aviation décarbonée).
Le poids des sous-traitants est considérable dans l’aéronautique. Un appareil c’est de l’ordre de 20 % fabriqué par Airbus et 80% par les sous-traitants. Le total des destructions d’emplois chez les nombreux sous-traitants d’Airbus (Daher, Derichebourg, Safran, etc.), reste difficile à évaluer, mais elle est très importante (avec des licenciements et des APLD).
Air France a déjà programmé 8 500 suppressions de postes d’ici 2022 et budgété plus de 800 millions pour financer des plans de départs volontaires (plan de départs volontaires, rupture conventionnelle collective, etc.) par catégories de personnel : pilotes, stewards et hôtesses, personnels au sol. Tout laisse à penser que ce chiffre sera dépassé avec le recul de la date d’une reprise significative des vols.
L’intervention de l’État français a été nécessaire (prêts à hauteur de 7 milliards, puis recapitalisation en cours) pour écarter le risque d’une faillite[1]. Mais cette intervention semble insuffisante pour empêcher une prochaine restructuration en 2022 qui touchera des personnels.
La crise offre à Air France l’occasion de réorganiser son réseau intérieur, en réduisant très fortement l’activité de sa filiale régionale HOP et en développant sa compagnie low-cost Transavia, pour faire face à la concurrence.
ADP projette pour 2021 le départ 1 500 salariés (dont 700 ne seront pas remplacées)[2] dans le cadre d’un accord de rupture conventionnelle collective (signé à l’unanimité par les syndicats). Aucun départ contraint ne devrait avoir lieu en 2021.
La destruction d’emplois chez les sous-traitants d’ADP est difficile à cumuler (entreprises d’entretien, de propreté, de sécurité, de restauration, etc.).
[1] Le ministre de l’Économie vient d’annoncer que « l’Etat va monter au capital d’Air France-KLM » pour redevenir « le premier actionnaire » de la compagnie, avec une participation pouvant aller jusqu’à 29,9%.
La Commission européenne a donné son feu vert à la recapitalisation en contrepartie de l’abandon par Air France de 18 créneaux de décollages et d’atterrissages quotidiens, à Orly et à Roissy.
[2] Cela s’accompagnera de la fermeture de terminaux et d’un plan général d’économie.
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