Depuis plusieurs années, l’engagement de l’état en faveur du Service Civique n’a pas abouti à une situation stable.
Près de 34 000 jeunes sont passés par le Service Civique en 2013[1]. Cet effectif correspond au budget attribué à cette forme de volontariat. L’annonce courant juillet du déblocage de 100 millions sur trois ans devrait permettre de disposer de 175 millions par an de 2015 à 2017, si ce budget est bien confirmé dans les lois de finances successives.
Ce budget ne permet pas d’atteindre l’objectif des 100 000 jeunes passant chaque année en service civique. Pour y parvenir, il faudrait disposer de 400 à 500 millions d’euros par an pour des missions en moyenne de 7 à 8 mois. Pour y parvenir, deux principales pistes sont évoquées dans le récent Rapport sur le Service Civique[2] :
- d’une part, diminuer la durée du service civique (« Permettre des dérogations à la durée de l’engagement »), et,
- d’autre part, trouver des financeurs (autres ministères, taxe sur les jeux en ligne, Fonds européen (dont FSE), éventuellement fonds privés, via des dons et du mécénat d’entreprise, etc.).
Et à partir de ce point l’ambiguïté apparait dans la mission même du service civique qui d’une actions d’intérêt général et de solidarité tend à prendre une fonction d’insertion professionnelle des jeunes sans qualification :
- jeunes décrocheurs scolaires (3 600 jeunes en 2013, objectif de 5 000 en 2014 et doublement annoncé),
- jeunes des quartiers prioritaires (qui devraient représenter 25% contre 17% actuellement), etc.
Pour « renforcer les fondamentaux du service civique », il est question de jouer sur la « reconnaissance de cette expérience dans les parcours des jeunes (formation, recherche d’emploi) ». La question est posée de leur articulation avec les emplois aidés ; il est vrai que les structures d’accueil des emplois d’avenir sont souvent les mêmes que celles des services civiques.
Certes, l’expérience réussie par le jeune en service civique est un élément positif d’un CV et la dynamique engagée, lors de la mission, donne fréquemment un effet positif mais ceci est une conséquence positive et non pas le motif central du volontariat. Il faut pourtant veiller à éviter toute confusion qui pourrait venir des associations comme des services publics pour garder l’esprit Du volontariat et de l’engagement.
Par ailleurs, l’offre en poste de service civique dans les associations ou les services publics n’est pas si large que cela. En effet, il faut distinguer les chiffres figurant dans les agréments (qui précisent une capacité d’accueil prévisionnelle) et ceux des entrées réelles en service civique. C’est pourquoi le rapport cherche également le développement de nouveaux points de chute par exemple dans les hôpitaux ou chez les sapeurs-pompiers.
La poursuite de la « simplification des procédures d’agrément » vise à ouvrir le système pour trouver des postes. La frontière entre le volontariat et l’emploi ne sera-t-elle pas franchie ?
Ces débats ne sont pas nouveaux. Ils existaient déjà à l’époque de la construction du Service Civil Volontaire, avant même le Service Civique. Force est de constater qu’ils n’ont pas disparu.
[1] Le service civique permet depuis 2010, à des jeunes de 16 à 25 ans d’effectuer une mission d’intérêt général, de 6 à 12 mois, généralement dans une association, en étant indemnisé par l’Etat 573 euros net par mois.
[2] Rapport « Liberté, égalité, citoyenneté : un Service Civique pour tous » – François Chérèque – Juillet 2014.
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