Les dernier chiffres de la DARES sur l’emploi intérimaire sont confirmés et aggravés par les estimations de l’organisation professionnelle de l’Intérim Prism’emploi. C’est la troisième année consécutive que le nombre d’emplois intérimaires baisse. 6 000 emplois intérimaires (en équivalent temps plein : ETP) auraient ainsi été détruits en 2014 pour arriver à 504 000 ETP.
Cette diminution provient du secteur du Bâtiment et des Travaux Publics (-12 000 ETP). Elle serait due, d’une part, à la diminution de l’activité du BTP en 2014 et, d’autre part, à l’augmentation du nombre de travailleurs détachés, déclarés ou non, venant principalement des pays de l’est de l’union européenne.
LE POIDS DE L’INTERIM DANS LE SECTEUR CONCURRENTIEL
L’emploi en travail temporaire[1] occupait à la fin du troisième trimestre 2014 un total de 518 000 personnes. Les effectifs du secteur concurrentiel sont à cette date de 17 804 600 personnes, intérim compris. L’effectif de l’intérim correspond donc à 2,9% du total des emplois.
Ce chiffre situe le poids de l’activité intérimaire dans le contexte général de l’emploi[2]. Cette proportion des effectifs est plus forte dans les secteurs de la construction et de l’industrie ou elle atteint 6,8% des effectifs, contre seulement 1,4% dans le tertiaire, soit un positionnement assez marginal dans ces secteurs. Les intérimaires se concentrent :
- Dans l’industrie avec 229 700 postes, soit 44% des intérimaires,
- Dans le tertiaire avec 186 100, soit 36% des intérimaires
- Dans la construction avec 99 500 postes soit 19% du total.
La durée moyenne des missions d’intérim reste stable à hauteur de 1,7 semaine. Cette durée s’explique par la multiplicité des missions de courte durée par rapport au nombre des missions longues. Pour donner un ordre de grandeur, il faut préciser que 4 145 500 contrats de travail temporaires (CTT) ont été conclus pour le seul troisième trimestre 2014 soit -0,7% en évolution trimestrielle et -0,4% sur un an.
UNE BAISSE DES EFFECTIFS DANS L’INTERIM SUR UN AN
Sur un an, le recul des effectifs dans l’intérim aura été de 1,2%.
La baisse s’explique par le recul massif dans le seul secteur de la construction avec -15,7% tandis que l’on note une augmentation de 2,7% dans l’industrie et de +3,1% dans le tertiaire[3]. Les difficultés des entreprises de construction qui enregistrent des dizaines de milliers de destructions d’emplois (de l’ordre de plus de 30 000) diminuent naturellement le recours à l’intérim en l’absence de commandes. Sur un an, entre la fin du 3e trimestre 2013 et la fin du 3ème trimestre 2014, l’emploi salarié dans son ensemble (y compris intérim) baisse de 0,2 % (soit 36 900 postes).
LE BAROMÈTRE DE PRISM’EMPLOI
L’organisation professionnelle des entreprises de travail temporaire PRISM’EMPLOI[4] a publié ses résultats pour décembre 2014[5], c’est à dire les chiffres pour l’année 2014.
PRISM’EMPLOI, l’organisation professionnelle, annonce la poursuite de la dégradation avec une baisse mensuelle de -4.1 % pour décembre 2014. Ces chiffres confirment les tendances constatées par la DARES pour la période antérieure (3ème trimestre 2014).
En particulier, le recul des effectifs intérimaires, dans le secteur du BTP, s’est confirmé d’octobre à décembre 2014 (-23% sur un an).
Pour les autres secteurs les chiffres sur un 2014 sont les suivants : transports : +1,6%, industrie : -1,2%, services : – 2,5% et commerce : -3%.
L’organisation de branche de l’intérim note que « Les moteurs de croissance sont quasiment au point mort, l’intérim stagne désormais dans les secteurs qui étaient porteurs jusqu’à la fin du 2ème trimestre. »
Ce baromètre indique également des évolutions différentes selon les qualifications. La demande en ouvriers qualifiés qui recule de 18,4% comme pour les employés (-1%), les demandes sur les autres qualifications augmentent : ouvriers non qualifiés (+5,1 %) et cadres et professions intermédiaires (+5,1 %).
De même, l’évolution est contrastée selon les régions. Elle est positive en Haute-Normandie (+7,8%), Languedoc-Roussillon (+5,2%), Nord-Pas-de-Calais (+2,7%) et le Limousin (+1,5%), mais fortement négative dans trois régions : Poitou-Charentes (-10,7%), Centre (-9,2%), et Midi-Pyrénées (-8,9%).
Le marché de l’emploi intérimaire est lié de celui plus général de l’emploi. Il est l’un des indicateurs permettant d’évaluer les tendances du marché de l’emploi, qu’elles soient positives ou négatives.
[1]DARES Indicateurs – Janvier 2015 • N° 002 – L’emploi intérimaire baisse au 3e trimestre 2014.
[2]L’évolution du nombre d’intérimaires est calculée sur les cinq derniers jours du trimestre pour estimer le niveau d’emploi au sens du BIT. Pôle Emploi recense les missions d’intérim déclarées par les agences de travail temporaire. À partir de cette information mensuelle, la DARES élabore divers indicateurs. Les statistiques mensuelles relatives au mois m sont fondées sur les relevés de missions adressés à Pôle emploi par les établissements de travail temporaire avant la fin du mois m+2.
[3] À la fin du 3ème trimestre 2014, on enregistre dans l’intérim une baisse de 21 800 postes par rapport au trimestre précédent (-4 %). Malgré la hausse de 2,3% enregistrée au 2ème trimestre 2014, l’emploi intérimaire reste orienté à la baisse depuis le début de l’année.
[4] Prism’emploi est une organisation professionnelle qui réunit des entreprises privées du recrutement et de l’intérim. Elle regroupe plus de 600 entreprises de toutes tailles, disposant de 6 000 agences d’emploi réparties sur le territoire.
[5] Publié le 26 janvier 2015.
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