Le secteur des travaux publics (TP) regroupait, en 2014, 7 600 entreprises[1] employant 251 000 salariés permanents, avec 40 % d’entreprises de plus de 10 salariés. Elles ont réalisé un chiffre d’affaires 2014 de plus de 60 milliards d’euros, dont 60% en France et 40% à l’international[2]. Le secteur BTP est exportateur.
LE SECTEUR DES TRAVAUX PUBLICS ENREGISTRE UN DÉCROCHAGE PAR RAPPORT À LA PLUPART DES AUTRES SECTEURS ÉCONOMIQUES.
Depuis 2008, l’activité a diminué d’un quart et, pour 2015, les prévisions se situent à une baisse de 8%. Il s’agit de la plus forte baisse d’activité depuis 30 ans et une diminution pour le 17ème mois consécutif en septembre 2015[3]. La baisse provient de la baisse de commande publique (qui représente ordinairement 70% de l’activité[4]) :
- D’une part, des collectivités locales, à cause de l’année post élections municipales, élections départementales, vote de la loi NOTRe et surtout la forte baisse des dotations de l’état engagée en 2014 et 2015,
- D’autre part, de l’état, à cause de l’année blanche pour les Contrats de Plan, du retard de la signature du plan de relance autoroutier, de la fin des grands chantiers LGV, etc.
Cette diminution d’activité se traduit par des disparitions d’entreprises[5] et des destructions d’emploi et de contrat d’apprentissage.
LES DESTRUCTIONS D’EMPLOI SONT IMPORTANTES ET SE POURSUIVENT.
Entre 2008-2015, 33 000 emplois permanents ont été détruits, auxquels il convient d’ajouter 9 000 emplois intérimaires, soit au total 42 000 emplois de moins pour les TP[6].
Pour l’année 2015 seule, la prévision porte sur une diminution de 15 000 postes.
Pour 2016, 7 000 emplois permanents supplémentaires seraient menacés.
Les perspectives d’activité pour 2016 sont mauvaises à ce jour[7]. Les premiers effets du plan de relance autoroutier sont attendus au second semestre 2016. Les retards s’accumulent : décision du Grand Paris, lissage de grands programmes (grand carénage des centrales nucléaires), futures Lignes à Grande Vitesse, grands projets européens (sans financements nationaux), etc. Les pistes existent, mais ne sont pas concrétisées.
La poursuite de la baisse des dotations de l’État aux collectivités conduit à une diminution de l’investissement local, considéré comme une simple variable d’ajustement des budgets depuis deux ans. Une nouvelle baisse est attendue pour 2016 ; elle porte .
Les mesures de soutien ne sont pas à l’échelle des enjeux selon la profession. Le fonds de soutien à l’investissement annoncé porte dur est de 1 Md€, mais seulement 150 M€ en crédits de paiement pour 2016, etc.
LES PRÉVISIONS DE CRÉATION D’EMPLOI, LIÉES A LA TRANSITION ÉNERGÉTIQUE, NE SE SONT PAS CONCRETISEES
Les déclarations et annonces du gouvernement ne se sont pas concrétisées dans l’ouverture des chantiers indispensables à l’atteinte des objectifs.
Les entreprises de travaux publics devraient être les acteurs des politiques affichées comme les plateformes de recyclages, le plan national submersion rapide : 1 200 km de digues à renforcer en urgence, la part croissante de production des énergies renouvelables dans la consommation d’énergie en vue de 2030, l’innovation dans les domaines des « routes du futur », des infrastructures, des routes productrices d’électricité, des millions de bornes de recharge véhicules électriques, etc.
Le paradoxe est que la priorité donnée aux réseaux intelligents, à la mobilité, à la transition énergétique, à l’économie de ressources, etc. passe par le développement de travaux publics qui ne sont pas engagés par les décideurs politiques.
[1] Les métiers principaux de ces entreprises concernent les routes, les terrassements, la distribution d’eau, les réseaux électriques, le génie civil, etc.
[2] Source : FNTP 2014
[3] Source : Conférence de presse de la Fédération Nationale des Travaux Publics (FNTP) du 5 novembre 2014.
[4] La part de la commande publique est de 30% dans le secteur du Bâtiment qui a un chiffre d’affaires de 124 milliards d’euros en France et de 6,2 milliards d’euros à l’international ; qui mobilise 382 000 entreprises employant 1 090 000 salariés permanents, de manière directe. Ses métiers principaux sont le logement et les bâtiments hors résidentiel (neuf, entretien et amélioration). (FFB 2014 pour la France).
[5] 269 entreprises TP défaillantes d’août 2014 à juillet 2015, soit +66 % comparé à la période d’août 2013 à juillet 2014.
[6] Sources: FNTP – enquêtes annuelle et mensuelle.
[7] Prévision d’activité 2016 : -3%
Euros courants | Poids | Prévision FNTP 2016 |
Collectivités locales | 40,5% | -6,4% |
|
32,8% | -6% |
|
6,3% | -8% |
|
1,4% | -10% |
Grands opérateurs (publics et privés) | 24,3% | -2,0% |
Etat | 2,7% | 0,0% |
Secteur privé | 32,5% | +1,0% |
Total | 100% | -3,0% [7] |
Source : FNTP
Pas de commentaire sur “Le secteur des travaux publics prévoit la destruction de 15 000 postes.”