LE NOMBRE DE JEUNES ACCOMPLISSANT UN SERVICE CIVIQUE DEVRAIT PROGRESSER EN 2016.
Le président de la République vient de confirmer son souhait de « généralisation » progressive du Service civique permettant à des jeunes volontaires de moins de 25 ans d’effectuer une mission d’intérêt général de six à douze mois.
Après avoir atteint un niveau d’environ 35 000 contrats en 2014, près de 60 000 contrats de service civique auraient été signés en 2015.
Ce chiffre provisoire reste à confirmer tant la confusion, entre le nombre des agréments accordés, aux structures d’accueil des volontaires, et celui des postes réellement occupés, a été entretenu par le passé et incite à la plus grande prudence.
L’objectif des 100 000 jeunes en service civique en 2015, annoncé en début d’année 2015 apparaît très loin d’avoir été atteint (lire le Billet : « Comment passer rapidement à 150 000 jeunes en service civique ? » http://bit.ly/1C5bkNJ)[1].
L’augmentation du budget affecté au service civique en 2016, de 300 millions d’euros contre 234 pour l’année 2015, laisse espérer une montée de charge du nombre de jeunes réalisant un contrat de service civique cette année.
Mais si cette augmentation du budget dédié de 28%, de 2015 à 2016, est significative, elle ne permettra pas une progression spectaculaire. Au mieux, le nombre des jeunes concernés pourrait franchir le cap des 75 000 jeunes sur des missions courtes d’une durée de 6 mois.
Les chiffres annoncés ne peuvent pas être atteints à partir des financements votés.
DES FREINS À LA MONTÉE EN CHARGE DES EFFECTIFS DU SERVICE CIVIQUE DEMEURENT.
Le chiffre évoqué de quatre candidats pour un poste proposé en service civique parait très approximatif. Il prend en compte les demandes de renseignements plutôt que les candidatures. La demande réelle des jeunes n’atteint pas ce niveau. Ceci dit, elle peut sans doute progresser via une nouvelle campagne de communication.
La décision de candidater dépend très logiquement, en majeure partie, de la nature des missions proposées et de l’intérêt de celle-ci perçu par chaque jeune.
Les capacités d’accueil de jeunes en service civique dans les associations, qui accueillent 80% des jeunes volontaires en service civique, sont limitées par la diminution des financements de ces structures par l’État et les collectivités locales suite à la diminution des dotations. Les effectifs disponibles pour encadrer les missions des jeunes volontaires manquent souvent.
Pour développer l’offre en mission, les frais d’encadrement de ces jeunes devraient être pris en charge, au moins en partie, par des financements de l’agence de service civique (ASC) accordés aux structures d’accueil. La croissance du nombre de postes disponibles en dépend étroitement. Ce financement de l’encadrement des jeunes existait dans le cadre du « Service civil volontaire », il a été supprimé lors de sa transformation en Service civique par mesure d’économie et a changé le modèle de développement.
LES PERSPECTIVES DE CROISSANCE DU SERVICE CIVIQUE NE SONT PAS ASSURÉES.
Les perspectives chiffrées de 350 000 jeunes signant un service civique en 2018 et la généralisation effective pour l’après 2020 semblent purement incantatoires. Elles dépendent de toute manière d’une autre période politique après les élections de 2017.
Le changement de dénomination de l’agence du service civique (ASC)[2] en un Haut-commissariat à l’engagement et son passage sous la tutelle du Premier ministre ne devrait rien changer à l’affaire.
Les autres mesures en faveur de l’engagement des jeunes et de la citoyenneté ne seront pas non plus déterminantes :
- un allongement à l’étude de la « Journée défense et citoyenneté (JDC) » va être mis à l’étude, mais il représente un budget important,
- la création d’un « livret citoyen », pour consigner les engagements des jeunes[1], qui pourrait être mis en place à la rentrée 2016, semble devoir ouvrir un débat de principe sur la signification réelle d’un cahier de « bonnes actions » et
- l’organisation d’un « Grand forum de l’engagement » ne sera qu’une manifestation de plus par rapport à ce qui existe déjà.
[1] Ce « livret citoyen » devrait retracer le parcours de tout jeune à l’école (avec un total 300 heures d’enseignement moral et civique) et jusqu’à ses 25 ans.
[1] L’engagement de 2012 était de 100 000 jeunes en service civique : « Mon objectif, c’est 100 000 jeunes dans le service civique, à la fois pour rendre service à la nation et pour vous rendre service ». Source : discours de François HOLLANDE sur la jeunesse à Aulnay-Sous-Bois , le 7 avril 2012
[2] Actuellement présidée par François Chérèque (ex dirigeant de la CFDT).
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