LES CHIFFRES DU CHÔMAGE DES JEUNES BAISSENT LENTEMENT
Les missions locales[1] se félicitent d’une baisse du chômage des jeunes de moins de 25 ans. Elles font valoir le travail qu’elles ont accompli et qui contribue à ce résultat en mobilisant les politiques publiques successives, dont la « Garantie jeune » est la dernière formule. Leur travail mérite des félicitations.
Le nombre de jeunes demandeurs d’emploi tenus à une recherche active (A, B et C), de moins de 25 ans, est descendu à 725 800 au quatrième trimestre 2018 par rapport à la même période en 2017 ; soit -13 600 et -1,8%.
Entre les quatrièmes trimestres 2017 et 2018, la baisse de -6 100 jeunes dans la seule catégorie A (DE immédiatement disponible) reste néanmoins modeste (-1,3%).
Ce résultat est tout de même remarquable dans la mesure où le ciblage des contrats aidés pour les jeunes non qualifiés a été abandonné et suer les jeunes n’en bénéficient plus que très rarement. La seule solution prônée par le ministère du Travail pour ces jeunes est, a priori, l’entrée en apprentissage. Les chiffres des entrées en apprentissage pour la fin 2018 sont encore attendus.
La variation trimestrielle des chiffres du chômage des jeunes semble difficile à commenter[2], tant la saisonnalité joue.
La diminution du nombre des demandeurs d’emploi de moins de 25 ans se poursuit lentement depuis 2014 (-64 000 et -8%), après une période d’explosion du chômage des jeunes entre 2008 et 2009 (+24%), puis de forte croissance en 2012 (+10%).
Mais le taux de chômage des moins de 25 ans dépasse toujours les 20%[3], soit plus du double de la moyenne des actifs (9,1%).
DE NOMBREUX JEUNES RESTENT « INVISIBLES »
Ces chiffres sont à relativiser, car une part des jeunes ne s’inscrivent pas à Pôle emploi et ne vont pas dans une mission locale. Le volet financier de la « garantie jeune » (indemnités versées aux jeunes) a pu contribuer à réduire cette population de jeunes non identifiés, mais en partie seulement.
Ces « invisibles » ont des motivations diverses allant de la déception par rapport aux premiers contacts dans les structures d’insertion à des activités intermittentes et des parcours chaotiques, quand il ne s’agit pas de problème de santé (dont des addictions), des expériences de séjours à l’étranger ou de voyages, des problèmes liés à la délinquance, etc.
En résumé, les chiffres affichés quant au chômage des jeunes minorent la réalité sociale.
QUE PENSER DES CHIFFRES DU CHÔMAGE DES « JEUNES » ?
Les chiffres du chômage des jeunes doivent être pris comme des indicateurs très relatifs pour plusieurs raisons.
Une raison structurelle est la limite fixée par les statistiques à 25 ans qui élimine tous les jeunes de 25 ans et plus qui débutent leur vie professionnelle au terme d’études longues. Certains jeunes ont des parcours linéaires, mais beaucoup ont des parcours compliqués : réorientation, pause dans les études pour divers motifs, etc.
Les chiffres concernent essentiellement les jeunes peu ou pas formés de par l’âge considéré. Il serait préférable de fixer à 30 ans l’âge limite de mesure du chômage des jeunes compte tenu de la réalité actuelle. Cela vient d’ailleurs d’être fait quant à l’accès à l’apprentissage porté à 30 ans. C’est, par ailleurs, la règle de l’Union européenne.
Les problèmes de chômage au terme des études supérieures (réussies ou non) sont gommés par la limite d’âge (puisque la fin des études se situe autour de 24 ans)
La seconde raison est comportementale. Les jeunes qui achèvent leurs études s’inscrivent rarement à Pole emploi, du moins dans un premier temps.
Concrètement, Pôle emploi ne fait guère de communication en faveur d’une inscription auprès des jeunes entrant sur le marché de l’emploi. Le but de Pôle emploi étant de réduire le nombre de ses inscrits, c’est la logique de l’établissement. Cela ne joue pas forcément en faveur de l’intérêt général ! La naissance des missions locales ou d’autres associations ont été générées par la ligne du service public de l’emploi (ANPE à l’époque) à l’égard des jeunes.
Bref, beaucoup de jeunes sans-emploi ne sont pas comptabilisés dans les chiffres du chômage.
Des indicateurs pertinents manquent.
Une autre approche de la politique en faveur de l’entrée en emploi des jeunes semble nécessaire.
[1] UNML – mardi 29 janvier 2019
[2] Variation trimestrielle des demandeurs d’emploi de moins de 25 ans.
Catégorie | A | B | C | Ensemble |
T4-17 | 462 600 | 102 700 | 174 000 | 739 300 |
T1-18 | 459 600 | 103 300 | 174 000 | 736 900 |
T2-18 | 468 500 | 103 300 | 173 100 | 744 900 |
T3-18 | 470 100 | 107 000 | 169 800 | 746 900 |
T4-18 | 456 500 | 100 900 | 168 300 | 725 700 |
[3] 20,6% au troisième trimestre 2018 en France métropolitaine. Source Insee – Informations rapides – No 300 – Paru le : 20/11/2018
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