DES EMBAUCHES SONT ANNONCÉES POUR POLE EMPLOI
Dans le cadre de la réforme de l’indemnisation chômage, le renforcement de l’accompagnement des chômeurs assuré par Pôle emploi est annoncé.
Pour cela plus de 1 000 nouveaux conseillers devraient être recrutés en 2020 (à confirmer dans le projet de loi de finances 2020) pour mettre en place de nouveaux services d’accompagnement. Cette mesure fait suite à trois années de diminution des effectifs de Pôle emploi.
« Enfin, nous allons renforcer fortement l’accompagnement des chômeurs. Nous allons consacrer les gains issus des mesures précitées à un renforcement et non à des économies pour Pôle emploi. Les moyens seront prolongés et bénéficieront même de renforts.[1] » – Édouard Philippe.
Le financement de ces postes est a priori du ressort a priori du ressort de l’État et non de l’Unédic, mais il est vrai que la confusion sur l’origine des financements n’est pas levée.
MAIS LES EXIGENCES AFFICHÉES EN REGARD SEMBLENT AMBITIEUSES PAR RAPPORT AUX EFFECTIFS SUPPLÉMENTAIRES.
Pour le 1er janvier 2020, Pôle emploi devrait être en mesure de réaliser plusieurs tours de force.
Les citations qui suivent sont issues du dossier du ministère du Travail.
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« Tous les demandeurs d’emploi qui le souhaitent auront droit, dans les 4 premières semaines qui suivent leur inscription à Pôle emploi, à deux demi-journées d’accompagnement intensif avec Pôle emploi. » [2]
A priori, deux demi-journées de techniques de recherche d’emploi (TRE) ne semblent pas excessives pour préparer un demandeur d’emploi sachant que cette offre n’est destinée qu’aux volontaires !
On perçoit mal le « plus » de cette annonce.
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« Les demandeurs d’emploi bénéficieront de nouvelles aides concrètes pour répondre à une offre d’emploi. »
La nature des « nouvelles aides concrètes » reste à imaginer[3].
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« Tous les demandeurs d’emploi ayant reçu une proposition d’emploi stable, mais qui doit préalablement mettre à niveau leurs compétences pourront bénéficier d’une formation sur-mesure correspondant à la proposition. »
La formation professionnelle « sur mesure » pour tous nécessite des moyens budgétaires qui, à ce jour, ne semblent pas encore disponibles[4].
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« Les demandeurs d’emploi en situation de cumul ou d’alternance prolongés entre emploi et chômage (travailleurs précaires) bénéficieront d’un accompagnement dédié. »[5]
La population à traiter dépasse largement le million de demandeurs d’emploi indemnisés alternant des périodes d’emplois et de chômage…
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« Tous les salariés seront gratuitement accompagnés pour élaborer et réaliser leur projet professionnel lorsqu’ils démissionnent. »[6]
Il reste difficile de savoir comment le tri va être fait pour valider le sérieux du projet professionnel des salariés démissionnaires. Suffira-t-il de dire « j’ai un projet professionnel » pour être indemnisé ?
Des chiffrages évoquaient quelques dizaines de milliers de bénéficiaires, mais reste à voir comment cette mesure sera mise en œuvre. Elle pourrait concerner des centaines de milliers de nouveaux bénéficiaires et bousculer l’ensemble du projet.
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« Les entreprises bénéficieront d’une nouvelle offre de services de Pôle emploi, leur permettant de répondre plus rapidement et plus efficacement à leurs difficultés de recrutement.»[7]
Théoriquement, ce service existe déjà. Mais les conseillers de Pôle emploi en charge des entreprises restent jusqu’à lors assez peu nombreux à Pôle emploi[8] et le rapprochement entre candidats et emplois, ou l’inverse, reste concrètement très inégal selon les cas (pour dire la vérité).
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Pour répondre à ces annonces de renforcement de l’accompagnement, avec seulement environ +2% d’effectifs supplémentaires, le pari pour la Direction générale de Pôle emploi va être important.
Les objectifs de l’encadrement et de l’ensemble des personnels de l’établissement devraient être renforcés alors que la pression est déjà lourde sur la plupart des postes.
La ministre du Travail vient de déclarer que :
« la nouvelle convention tripartite de Pôle emploi en cours de finalisation, permettra de revoir en profondeur l’offre de services pour les demandeurs d’emploi et les entreprises, de développer un accompagnement plus rapide, plus efficace, plus personnalisé. Les moyens nécessaires à ce titre seront dégagés et assurés ».
N’oublions pas que le nombre des inscrits à Pôle emploi n’a pas diminué de manière significative…
EN BREF, LES MOYENS ANNONCÉS, SOIT 4 000 E.T.P POUR L’ACCOMPAGNEMENT[9], NE SEMBLENT PAS EN RAPPORT AVEC LE TRAVAIL A FOURNIR…
[1] « Parce que ces politiques ne se décident pas depuis un salon parisien, partenaires sociaux et pouvoirs publics seront associés, territoire par territoire, pour un meilleur accompagnement. »
[2] « La première demi-journée sera consacrée au diagnostic individualisé de la situation de la personne, à l’appropriation des nouveaux outils de Pôle emploi pour faciliter la recherche d’emploi et à la présentation de la situation du marché du travail sur le bassin d’emploi de la personne. La deuxième demi-journée sera consacrée, selon la situation de la personne : à des rendez-vous avec des entreprises qui proposent des emplois, lorsque le projet professionnel de la personne est mûr ; à mieux maitriser les techniques efficaces de recherche d’emploi (ex : valorisation de ses atouts, rédaction du CV, conseils pour réussir son entretien de recrutement, conseils de recherche pour mieux cibler les entreprises…) ; à une prise de conscience des atouts et des potentiels à valoriser de la personne, pour commencer à élaborer un projet professionnel, lorsque celui-ci n’est pas mûr et à identifier si nécessaire le parcours de formation adapté. »
[3] « Ces mesures seront affinées et adaptées aux réalités des territoires au cours de la mobilisation territoriale. »
[4] « La formation sera assurée par Pôle emploi, via le financement du plan d’investissement dans les compétences (PIC). »
[5] « Une règle qui rentrera en vigueur au 1er avril 2020, le temps pour Pôle emploi de mettre en place un nouvel accompagnement spécifique pour ceux qui sont en travail précaire. » La ministre du travail
[6] Un enchainement est prévu. Le salarié aura accès au Conseil en évolution professionnelle (CEP) à partir du 1er janvier 2020. Il permettra, en amont de sa démission, d’élaborer son projet et d’être accompagné dans sa phase de transition. Il pourra alors financer le volet « formation » de son projet professionnel, sans autorisation à demander à leur employeur ou à Pôle emploi, en fonction des droits acquis sur son compte personnel de formation (CPF).
[7] « Dès lors qu’une offre d’emploi sera restée sans réponse plus de 30 jours après son dépôt, Pôle emploi recontactera l’entreprise et lui proposera le service adapté : travail sur le contenu de l’offre, pré-sélection de candidats, mise en place d’actions de formations préalables au recrutement… Un engagement contractualisé de délai de mise en œuvre sera pris avec l’entreprise. La préparation opérationnelle à l’emploi sera mobilisée et renforcée pour répondre aux besoins en compétences, notamment dans les bassins où les difficultés de recrutement sont les plus grandes. »
[8] La ministre du Travail a parlé d’une « Aide aux entreprises pour que les 80% de succès des offres déposées à Pôle emploi soient améliorés. Dès lors qu’une offre sera restée sans réponse plus de 30 jours, Pôle emploi contactera l’entreprise pour travailler sur le contenu de l’offre, proposer une présélection de candidats. »
[9] « Au total, la transformation de l’accompagnement des demandeurs d’emploi et des entreprises mobilisera 4 000 agents (ETP). »
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