L’U2P, Union des entreprises de proximité, est l’une des trois organisations patronales interprofessionnelles françaises[1].
Elle regroupe les entreprises de l’artisanat, du commerce de proximité et des professions libérales.
Son champ professionnel est de 3 millions de chefs d’entreprise, qui emploient 3,5 millions de salariés. C’est-à-dire environ 17,5% des salariés du secteur privé.
A l’occasion de la campagne présidentielle, l’U2P défend 20 priorités sur 5 axes[2].
Certaines de ces propositions concernent directement l’emploi, l’alternance et la formation professionnelle :
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Mieux anticiper les besoins en compétences des entreprises (priorité 4),
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Améliorer l’orientation des jeunes et favoriser la communication sur l’accès aux métiers, notamment au travers de l’apprentissage et de la professionnalisation (priorité 5),
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Renforcer les moyens pour le développement des compétences dans les entreprises de moins de 50 salariés (priorité 6),
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Faire évoluer et ajuster la gouvernance de France compétences (priorité 7).
Ces propositions s’inscrivent en fait dans les débats généraux en cours au premier semestre 2022 quant à l’évolution des politiques en cours.
MIEUX ANTICIPER LES BESOINS EN COMPÉTENCES DES ENTREPRISES
Pour l’U2P, le rôle central doit être accordé aux branches professionnelles dans la détermination des besoins des entreprises.
« Une meilleure anticipation des besoins en compétences des entreprises implique une coopération des branches professionnelles, des acteurs de la formation professionnelle initiale et continue et des acteurs du service public de l’emploi. [3] »
Les travaux des observatoires de branches[4] doivent être renforcés et largement diffusés[5].
L’U2P estime qu’à partir de là :
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Les acteurs de la formation professionnelle initiale et continue doivent s’adapter aux besoins identifiés par les branches professionnelles ;
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Les acteurs du Service public de l’emploi (SPE) doivent faire la promotion des métiers et orienter les actifs en recherche d’emploi vers les métiers en tension.
MAINTENIR L’EFFORT EXCEPTIONNEL EN FAVEUR DE L’ALTERNANCE
L’U2P demande le maintien des aides exceptionnelles pour les contrats d’apprentissage et de professionnalisation[6] qui doit s’achever à fin juin 2022 ; et qu’elle reste accessible quel que soit le niveau de la formation.
RENFORCER LA FORMATION AU SEIN DES ENTREPRISES DE MOINS DE 50 SALARIES
L’U2P critique le défaut d’accès à la formation dans les entreprises de moins de 50 salariés[7] et demande par conséquent :
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Le renforcement de la formation dans les entreprises de moins de 50 salariés (particulièrement les TPE), qui devrait devenir une cible prioritaire de la politique de formation professionnelle ;
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La restitution au budget de France compétences les montants que le Plan d’investissement dans les compétences (PIC) finance pour des actions relevant de la solidarité nationale.
Enfin, l’U2P, comme le Medef et la CPME, souhaite que le caractère professionnalisant du Compte personnel de formation (CPF) soit « renforcé ». C’est-à-dire une intervention sur la nature des formations CPF.
MODIFIER LA GOUVERNANCE DE FRANCE COMPÉTENCES
L’organisation critique la gouvernance actuelle de France compétences :
« Si l’U2P et les partenaires sociaux siègent au sein du Conseil d’administration de France compétences, force est de constater que les décisions s’imposent trop souvent aux administrateurs, et ne font pas suffisamment l’objet de débats, tout comme les travaux des commissions qui pourraient être mieux exploités. Le manque d’évaluation en continu des dispositifs et l’absence de traitement et d’exploitation des données par les acteurs de la gouvernance, surtout les données de nature qualitative, empêchent également les administrateurs de peser sur les décisions stratégiques. »
L’U2P demande de « restaurer la responsabilité des administrateurs de France Compétences représentant les partenaires sociaux » :
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« En leur permettant d’effectuer des arbitrages sur tous les postes budgétaires (y compris l’alternance, le PIC et le CPF) ;
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En instaurant la majorité des deux-tiers pour les décisions de nature stratégique et budgétaire ;
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En redistribuant les voix au sein du conseil d’administration et dans les Commissions de France compétences de manière plus équilibrée entre les différents collèges (50% partenaires sociaux, 50% décideurs publics) ».
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D’autres demandes concernent également le travail, comme « créer un fonds d’aide à la création-reprise des entreprises de proximité » (priorité 8), « conforter et pérenniser la baisse du coût du travail » (priorité 12) ou « promouvoir un modèle de société qui valorise autant le travail indépendant que le salariat » (priorité 20)[8].
[1] Elle réunit 5 organisations : la CAPEB (bâtiment), la CGAD (alimentation et hôtellerie-restauration), la CNAMS (fabrication et services), l’UNAPL (professions libérales) et la CNATP (travaux publics et paysage).
[2] L’U2P a défini vingt priorités réparties en cinq axes majeurs : Garantir la prise en compte de la voix des plus petites entreprises ; Agir pour que chaque emploi proposé par l’économie de proximité trouve preneur ; Accompagner la croissance économique des plus petites entreprises et faciliter leurs transitions numériques et écologique ; Centrer les politiques sur les TPE-PME ; Garantir un haut niveau de protection sociale soutenable par la nation. https://u2p-france.fr/sites/default/files/livre_blanc_u2p.pdf
[3] « Le rebond économique et la reprise de la création d’emplois consécutifs à la crise sanitaire ont mis en exergue les tensions de recrutement dans certains secteurs d’activité qui, pour certaines, préexistaient à la crise. » U2P.
[4] Au travers notamment professionnelles OPMQ.
[5] « Les besoins en compétences peuvent varier en fonction des bassins d’emploi. Aussi il est important d’assurer cette cohésion au niveau territorial. »
[6] Avec un montant majoré pour la première année (5 000 euros pour un mineur, 8 000 euros pour un majeur).
[7] « L’un des dommages collatéraux de la crise sanitaire est l’accès à la formation dans les entreprises de moins de 50 salariés. En effet, la baisse, voire l’arrêt de l’activité pendant de nombreux mois dans de nombreux secteurs a mécaniquement entrainé une baisse des ressources disponibles pour l’aide au développement des compétences dans les entreprises de moins de 50 salariés. Ainsi, les moyens disponibles pour cet accompagnement se sont révélés, en 2020 et 2021, très insuffisants et ont empêché un nombre trop important de salariés des petites entreprises d’accéder à une formation. »
[8] « PROMOUVOIR UN MODÈLE DE SOCIÉTÉ QUI VALORISE LE TRAVAIL INDÉPENDANT AUTANT QUE LE SALARIAT.
L’U2P revendique un modèle social favorable aux travailleurs indépendants et aux salariés. Face aux évolutions induites par l’économie numérique et aux transformations du monde du travail, l’U2P s’oppose à la création d’un troisième statut et demande : que les plateformes numériques respectent la législation et la réglementation, afin de garantir une concurrence loyale ; que l’accès au régime de la micro-entreprise soit limité à deux ans pour les personnes exerçant leur activité à titre principal, sa vocation première étant d’accompagner le démarrage d’une activité. L’économie numérique ne doit pas se développer à n’importe quel prix, même si elle est créatrice d’activité.
Dans cet objectif, l’U2P soutient notamment la proposition de directive de la Commission européenne relative à l’amélioration des conditions de travail des travailleurs des plateformes. »
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