Le tableau des politiques d’emploi du ministère du Travail marque assez bien les évolutions des politiques de l’accompagnement des jeunes, des emplois aidés et de l’alternance jusqu’à la situation actuelle[1].
Mais suite aux résultats de 2023 et ceux du début de l’année 2024, une réduction des financements s’est engagée courant 2024 et va se poursuivre en 2025, dans le contexte de la priorité à la diminution du déficit public.
Par conséquent, le nombre des prestations d’accompagnement des jeunes vers l’emploi, dont le volet « allocations », pourraient se trouver réduite.
Reste juste à savoir à quel niveau les réductions budgétaires, en 2024 puis en 2025, vont toucher les acteurs de l’emploi et les jeunes eux-mêmes.
Par ailleurs, la réduction du nombre des contrats aidés et la baisse du financement des contrats d’alternance va venir plomber l’accès au premier emploi des jeunes.
La suppression de la prime aux employeurs pour les contrats de qualification a déjà été décidée à la fin du 1er trimestre 2024.
Pour 2025, le budget dédié à l’apprentissage va certainement baisser, compte tenu de l’importance de son montant.
Des menaces planent, d’une part, sur le niveau des financements des CFA et, d’autre part, sur le maintien des primes aux employeurs pour les contrats d’apprentissage pour les diplômes post-bac.
Ces mesures n’attendront malheureusement pas une analyse critique de la situation du million de jeunes en apprentissage…
LES JEUNES EN CONTRATS D’ENGAGEMENT JEUNE (CEJ) A FIN 2023
A la fin décembre 2023, 186 600 jeunes bénéficiaient d’un accompagnement CEJ.
Parmi eux, 120 300 bénéficiaient d’une allocation CEJ (au titre du mois considéré parmi les jeunes ayant un CEJ).
C’est-à-dire que près des 2/3 des jeunes étaient allocataires du CEJ (64,5% pour être précis)[2].
Le nombre des nouvelles entrées en décembre avaient été de 19 300[3].
« Les données sur le Contrat d’engagement jeune (CEJ) sont extraites du système d’information des missions locales (I-Milo) et de Pôle emploi. Les traitements sont effectués par la Direction de l’animation de la recherche, des études et des statistiques (Dares). »
313 000 ENTRÉES EN CEJ
En 2023, première année pleine de la prestation CEJ, on a enregistré 313 500 entrées en CEJ (hors renouvellements), pour un objectif initial annoncé à 400 000.
Dans les Missions locales, ont eu lieu 210 000 de ces entrées (hors renouvellements) en CEJ et 103 500 à Pôle emploi (devenu France travail).
En 2023, le flux des entrées de jeunes en Mission locale a atteint 485 600 entrées :
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210 000 entrées en CEJ (hors renouvellements),
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265 600 entrées en Pacea (Parcours d’Accompagnement Contractualisé vers l’Emploi et l’Autonomie).
LA RÉPARTITION DES RÔLES ENTRE ACTEURS DE L’EMPLOI
Les Contrats d’engagement jeune (CEJ) sont assurés à 2/3 par les Missions locales et pour 1/3 par France travail.
Depuis le début de l’année, les entrées en CEJ ont été de 60 000 (59 600 entrées, hors renouvellements) dont :
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40 000 par les missions locales (39 800 plus 46 900 entrées en Pacea) ;
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20 000 sont mis en œuvre par France Travail (19 900).
Fin février 2024, le nombre de bénéficiaires d’un CEJ (en stock) s’élève à près de 200 000[4].
A cette date, dans le réseau des Missions locales, le nombre de bénéficiaires de CEJ en cours s’élève à 133 400, et le nombre de bénéficiaires en Pacea est de 226 800[5].
UNE RÉDUCTION DES FINANCEMENTS DES ML EST ENGAGÉE
Les mesures de réduction des dépenses touchent le ministère du Travail et la politique en faveur de l’emploi et de la formation.
Des financements vont être réduit en 2024 (avec une première tranche de 1,1 milliards d’euros et une seconde en attente).
Cette réduction des moyens devrait se poursuivre a priori en 2025.
Pour le Projet de loi de finances 2025 en préparation on évoque un montant global de réduction des dépenses de 25 milliards d’euros.
En 2024, une baisse des financements PACEA des Missions locales va intervenir[6].
A terme, le PACEA pourrait même être remis en cause en ne conservant que le CEJ.
Cette annonce, faites en courant d’année, provoquera évidemment des problèmes financiers aux Missions locales et une réduction de leur capacité d’accueil de jeunes.
Ces baisses concernent l’État, mais pourraient s’accompagner d’une baisse des financements des collectivités locales (région, département, communes…).
L’UNML tente de « limiter les dégâts » au travers de négociations…
« Nous devons collectivement nous préparer à défendre nos moyens d’action en vue du prochain débat sur le Projet de Loi de Finances 2025 qui s’annonce âpre. Il s’agira d’une part de faire la démonstration de la qualité de nos actions, et d’autre part de convaincre les décideurs territoriaux et nationaux de continuer à investir dans l’insertion sociale et professionnelle des jeunes ». (UNML – 3 Avril 2024).
L’ÉVOLUTION DE PRIORITÉS DE FRANCE TRAVAIL RESTE INCERTAINE.
L’évolution du budget de France travail pour 2025 reste à définir, car la ponction financière réalisée sur le budget de l’assurance chômage pourrait s’accompagner d’une baisse du financement de l’État !
Les déclarations de son nouveau Directeur général n’apportent pas de réponses (emploi de termes inexacts et affirmations pour le moins discutables, etc.).
Les priorités qui ont été évoquées par le gouvernement pour France travail ne portent pas sur l’accompagnement des jeunes, mais sur :
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Un triplement des contrôles des demandeurs d’emploi (pour réduire leur nombre),
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Un développement des relations avec les employeurs (TPE et PME) pour accroitre la pénétration du marché, dans un contexte concurrentiel,
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Une prise en charge emploi d’une part des nouveaux bénéficiaires du RSA, avec 15 heures d’activités hebdomadaires à partir du 1er janvier 2025, etc.
[1] Dares – PoEm – Tableau de bord des politiques de l’emploi – 31 mai 2024 – https://dares.travail-emploi.gouv.fr/sites/default/files/476e4334d672d04c06cd3e90817d4766/rapports-POEM-mars-2024.pdf
[2] Suivi mensuel des prestations de solidarité – DRES.
[3] Les « entrées hors renouvellement » correspondent au nombre de jeunes qui entrent pour la première fois dans l’accompagnement CEJ au cours du mois considéré.
[4] 197 900 dont 133 400 en Missions locales
[5] Les jeunes engagés dans une Garantie Jeunes avant le 1er mars 2022 peuvent poursuivre leur accompagnement, d’une durée maximale de 18 mois, jusqu’à son achèvement ou choisir de basculer en CEJ. Contrairement à la Garantie Jeunes qui s’inscrivait nécessairement dans un Pacea, le CEJ ne peut pas être concomitant avec un Pacea. Ceci entraîne une baisse mécanique des Pacea à compter de la mise en place du CEJ. L’accompagnement en CEJ peut s’effectuer à France Travail (ex-Pôle emploi) ou en missions locales.
[6] « L’association du pays de Lorient (Morbihan) a tenu son assemblée générale mardi 4 juin 2024. Elle s’inquiète d’un désengagement financier des services de l’État. Fin avril, ses services ont pris de court les missions locales du pays en annonçant une baisse de subvention de 61% au dispositif Pacea. » – Ouest-France – 06/06/2024
Sont évoqués selon la CGT : plus de 50% de baisse du budget dédié à l’allocation pour les jeunes en contrat d’accompagnement PACEA (Parcours d’Accompagnement Contractualisé vers l’Emploi et l’Autonomie), des contraintes supplémentaires pour le CEJ en terme de résultats mais aussi de public cible (Jeunes des Quartiers Politique de la Ville pour 25% des entrées CEJ), et une obligation pour les Missions Locales à rentrer dans la démarche de Labellisation).
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