L’insertion professionnelle des jeunes diplômés n’est plus un souci pour les décideurs…
Alors que les récentes études du CEREQ comme de l’APEC font ressortir clairement les difficultés d’insertion professionnelle pérenne de nombre de jeunes diplômés de l’enseignement supérieur titulaires de Licence, de Master ou de Doctorat, il semble que, depuis 2012, l’insertion professionnelle des jeunes sortants de l’enseignement supérieur n’apparait plus comme une priorité politique.
L’insertion professionnelle des étudiants avait été inscrite dans la loi LRU, d’une part, comme une des missions des universités et, d’autre part, comme l’une des missions des enseignants-chercheurs.
Mais, ni lors des Assises de l’Enseignement supérieur et de la Recherche, ni dans la Loi relative à l’enseignement supérieur et la recherche, cette question n’a été prise en compte. Cet « oubli » est symbolique.
La subvention nationale à l’Association pour Faciliter l’Insertion professionnelle des Jeunes (AFIJ) a été rayée de la loi de finances 2014 entrainant la disparition de cette association nationale. L’APEC n’a plus qu’une action limitée, suite à l’épuisement de ses moyens propres mobilisés dans le cadre de l’ANI jeunes, et, enfin, Pôle Emploi ne fait pas des jeunes diplômés une priorité. Les jeunes diplômés qui s’inscrivent à Pôle Emploi sont orientés vers des solutions 100% web. Le protocole pour l’insertion professionnelle des jeunes issus de l’enseignement supérieur, signé par les Ministres avec la CPU, l’UNML, le CNML, Pôle emploi et l’APEC le 25 février 2014, porte sur une « clarification des rôles » mais n’accorde ni moyen, ni initiative nouvelle. Elle apparait aujourd’hui plutôt comme une simple action de communication politique.
A leur niveau, les universités, pour la plus grande part, n’ont pas attribué les moyens nécessaires aux services en charge de la préparation à l’insertion professionnelle des étudiants[1]. Les effectifs de ces services ramenés aux effectifs étudiants sont évidemment insuffisants.
Les services d’information, d’orientation et d’insertion des universités, en dépit de la qualité et la motivation de leurs personnels, n’ont, de toute évidence, pas les moyens humains de prendre en charge les tâches qui leur incombent auprès de l’ensemble des étudiants.
Ils développent au mieux de bonnes pratiques. De toute manière, la grande majorité des responsables universitaires estiment que les Universités, si elles devaient participer à la préparation à l’insertion professionnelle, n’ont aucune vocation à intervenir sur l’accès à l’emploi des jeunes lui-même.
Enfin, la loi de juin 2014 relative aux stages a été conçue pour éviter les abus de certains employeurs concernant les stages (ce qui est utile) mais, en aucune manière en faveur du développement et de la généralisation des stages (ce qui manque cruellement). Les règles édictées peuvent même décourager les employeurs d’accueillir des stagiaires.
Le refus de donner aux universités l’obligation de proposer un stage de cursus à chaque étudiant traduit clairement le non-engagement en matière d’insertion professionnelle.
Cette évolution engagée depuis trois ans va à l’encontre des besoins réels des étudiants, que l’on relève dans toute les enquêtes, à construire les meilleures conditions préalables à leur future insertion professionnelle.
Une action en faveur de l’insertion professionnelle des étudiants puis l’accès à l’emploi des jeunes diplômés semble plus que jamais indispensable.
Ceci ne concerne le chantier de prise en charge des jeunes en échec universitaire à tous les niveaux de parcours qui constitue encore un autre sujet de préoccupation.
[1] BAIP, SCUIO, plateforme d’insertion professionnelle, etc.
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