Divers indicateurs rythment l’activité de la construction de logements : le dépôt de permis de permis de construire, les ouvertures de chantiers, les ventes… tous convergent aujourd’hui à indiquer une baisse à terme de l’activité et des emplois des entreprises du secteur après une reprise intervenue sur ces deux dernières années. La cause principale en est les mesures de politique publique prises ou annoncées qui impactent négativement de secteur du Bâtiment.
LES ENTREPRISES DE BÂTIMENT DEVRAIENT DÉBAUCHER D’ICI 18 MOIS
Le nombre de permis de construire a baissé de plus de 10% au troisième trimestre 2018 par rapport au troisième trimestre de 2017[1]. La tendance à la baisse des activités se poursuit dans la construction de logements.
Le budget du Logement est celui qui a connu la plus forte baisse budgétaire avec celui de l’Emploi sur ces deux dernières années.
L’impact des décisions gouvernementales[2] sur le nombre de mises en chantier est net. Au troisième trimestre 2018, seuls 85 100 logements ont été commencés, soit une baisse de près de -8% par rapport à la même période en 2017. Sur un an, le nombre de constructions de logements commencés est proche de 420 000, soit encore en progression par rapport à l’année antérieure (+1,6%).
Sur un an, la baisse du nombre de logements autorisés est de 6%, à hauteur de 470 700 entre octobre 2017 et septembre 2018. Ce chiffre reste élevé puisque proche de l’objectif des 500 000 logements par an.
Les ventes diminuent : en 2018, les ventes de maisons individuelles neuves devraient afficher un recul compris entre 12% et 15% par rapport à 2017[3]. La hausse avait été de l’ordre de 1% l’année précédente[4].
Les mesures politiques prises, combinées avec un contexte de hausse de prix, conduisent à des niveaux de taux d’endettement qui rendent les projets immobiliers non finançables pour de nombreux Français.
Les préoccupations portent également sur la rénovation avec la décision dans le budget 2019 de supprimer les fenêtres du champ d’application du Crédit d’impôt pour la transition énergétique (CITE). Cette décision politique semble irresponsable quand on connait la participation significative et reconnue de l’isolation thermique des fenêtres (double vitrage et pose de qualité) à l’amélioration thermique des logements[5]. Mais elles concernent aussi la réduction des territoires permettant d’accéder à un prêt à taux zéro, dont la suppression est programmée pour fin 2019.
L’organisation patronale (Fédération Française du Bâtiment) pronostique, en fonction de ces éléments, une baisse des effectifs liée aux politiques publiques : « Les entreprises de bâtiment vont probablement débaucher d’ici 18 mois »[6]
Selon les professionnels, le nombre de constructions de logements va continuer à baisser et les effectifs salariés diminueront avec un temps de retard, le temps que les chantiers en cours s’achèvent. « On commence à amorcer la chute ».
LE DÉVELOPPEMENT DE L’APPRENTISSAGE VA SE HEURTER À UN SECTEUR INQUIET POUR SON AVENIR.
Le secteur du bâtiment forme 20 % des apprentis en France. Il occupe donc naturellement une place importante dans la politique de développement de l’apprentissage.
La ministre du Travail souhaite initier un « plan massif » en faveur de l’apprentissage dans le bâtiment[7] avec la Fédération française du bâtiment (FFB) et les autres organisations. Elle a insisté sur l’importance de faire connaitre ce secteur aux jeunes et de développer son attractivité, au travers de stages en entreprise dans les collèges. Elle a évoqué les moyens (PIC) qui pourront être mis en œuvre pour les formations.
Les professions du Bâtiment, à n’en pas douter, analysent déjà bien leurs besoins, pour chacun des métiers, y compris ceux dont l’évolution est la plus notable[8] avec les progrès technologiques actuels.
La question des « petits CFA » a été abordée. Il existe en effet un risque réel de voir le nouveau mode financement (par personne et cout d’apprentissage[9]) mettre en cause leur avenir en raison de leurs effectifs réduits. La ministre a annoncé son soutien à ces établissements aux effectifs réduits et indiqué sur l’affectation de moyens aux CFA ruraux renvoyait vers les Régions qui conservent une compétence d’investissement.
Ce sont les ralentissements de l’activité et de l’emploi, prévus à moyen terme, qui risquent de freiner les perspectives de développement de l’apprentissage dans le Bâtiment.
[1] Les évolutions varient selon les types de logement : l’individuel pur (-11%), le logement collectif (-17%), individuel groupé (+11%) et des logements en résidence (+20,5 %).
Dans le logement collectif, le taux d’annulation des projets est de l’ordre de 27%, bien supérieur à sa valeur moyenne qui n’est que de 19%.
[2] Parmi ces décisions de politique publique sont cités, en vrac : le resserrement progressif du prêt à taux zéro (PTZ) et sa disparition programmée pour 2020 dans communes moyennes et périurbaines et zones rurales, la suppression des aides personnelles au logement en accession (APL accession), le resserrement des zones d’urbanisation du Plan local d’urbanisme (PLU), la disparition du Crédit foncier, le recentrage du dispositif Pinel et, plus indirectement, la mise en place de l’IFI.
[3] La suppression des aides personnelles au logement (APL) accession et le rabotage du prêt à taux zéro (PTZ), actés en 2018, ont brisé la bonne dynamique du marché et représenteraient presque 90 % des causes de la baisse des ventes en accession.
[4] En 2015 et 2016, le total des ventes atteignait les 135 000 maisons. Pour 2018, l’estimation de Les Constructeurs et aménageurs de la Fédération française du bâtiment (LCA-FFB) se situe dans une fourchette de 115 000 à 120 000 ventes.
[5] L‘exclusion de la pose de fenêtres isolante du CITE permet une économie budgétaire de 900 millions d’euros. Ce qui explique la manœuvre, même si elle ne va pas dans le sens de la politique d’économie d’énergie promue par ailleurs par le gouvernement.
[6] « Nous sommes dans une situation paradoxale » (…) « Nous profitons encore d’une dynamique positive, les besoins sont tels que nous peinons à embaucher. Mais les chiffres parus ce 29 octobre font apparaître une baisse à venir dans le logement neuf et le non-résidentiel » (…) « Si nous ajoutons à cela la réforme du Crédit d’impôt pour la transition énergétique (CITE), notamment la suppression des fenêtres de son champ d’application, nous sommes inquiets pour les entreprises du bâtiment : elles vont probablement devoir débaucher d’ici dix-huit mois ! »– Un responsable de la Fédération française du bâtiment (FFB) à Batiactu.
[7] Point presse commun à l’issue d’une visite du salon Equipbaie Metalexpo ce jeudi 22 novembre 2018 à Porte de Versailles (Paris).
[8] Après le refus de l’Assemblée nationale de réintégrer les fenêtres au CITE dans le PLF2019, certains professionnels du secteur étaient quelque peu tendus lors de la visite de la ministre et réticent par rapport au discours concernant une progression du nombre des apprentis aux métiers de la menuiserie…
[9] Le coût au contrat pour chaque apprenti doit être défini par la Branche professionnelle dans les prochains mois. De cette décision va dépendre l’évolution de la vie des CFA.
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