« IL Y A UN GROS PROBLÈME SUR L’EMPLOI QUI SE PROFILE ».
La crainte d’une augmentation très massive du nombre de chômeurs est progressivement admise par une part au moins des partenaires sociaux[1] et progressivement par le gouvernement. Les restent politiques restent, pour la plupart, silencieux et centrés sur le volet sanitaire.
La diminution de plus de 450 000 emplois privés (principalement dans l’intérim) pour le seul mois de mars 2020 ne fait qu’annoncer la vague à venir.
La reprise des activités des entreprises débute et elle va être très progressive.
LA PRIORITÉ EST LE REPRISE D’ACTIVITÉ PARTOUT OU CELA EST POSSIBLE.
Elle rencontre des freins pour des raisons multiples : allant du cumul des mesures de précaution (protocole, fiches, etc.) jusqu’au jeu du blocage syndical, mené par un pôle CGT, FSU et Solidaires !.
Ainsi, un exemple significatif : la CGT vient d’obtenir par une décision de justice en référé la suspension de la reprise de la production dans l’usine de Renault à Sandouville (Seine-Maritime)[2] sur une argumentation de procédure.
Le doute sur le niveau de la reprise d’activité et son calendrier se généralise pour tous les acteurs.
Des accidents sanitaires vont avoir lieu ponctuellement , un jour dans une école et le lendemain dans une entreprise, conduisant à une tension sanitaire et sociale assez lourde.
Des extrémistes (ex « gilets jaunes », casseurs et ultras de tout bord) annoncent des actions de blocage à l’occasion du déconfinement…
La reprise va être un combat entreprise par entreprise. Or cette reprise est urgente pour sauver les entreprises dans de nombreux secteurs économiques[3]. Passé un certain délai d’arrêt d’activité, il y aura mécaniquement des fermetures et des chômeurs[4].
DES MESURES DEVRAIENT ÊTRE MISE EN ŒUVRE POUR SURMONTER CES FREINS, MAIS IL EST ENCORE TROP TÔT POUR ARRÊTER UNE NOUVELLE POLITIQUE EN FAVEUR DE L’EMPLOI.
Une conférence pour discuter d’une « mobilisation générale sur l’emploi » réunissant le gouvernement, les partenaires sociaux et des experts sur les questions d’emploi est demandée par la CFDT. Cette demande est de bon sens. Reste à déterminer un calendrier pour qu’une telle réunion soit efficace.
Difficile d’agir aujourd’hui sans connaitre :
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Le rythme du retour à leur emploi des plus de 12 millions de travailleurs en chômage partiel, (combien ne retrouveront pas leur emploi antérieur ?)
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Le calendrier de retour en poste des millions de travailleurs à domicile,
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La diminution du nombre des emplois, suite aux faillites et aux plans de licenciements collectifs, par secteurs (par exemple dans le transport aérien) ou fonction,
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Le niveau de la reprise des activités par secteur : maintien des commandes en cours, arrivée de nouvelles commandes, capacité de production, fonctionnement de l’import-export, etc.
Il faudra sans doute attendre octobre pour connaitre les chiffres du 3ème trimestre 2020 et mesurer l’ampleur des problèmes.
Par exemple, quand je lis les propos d’un fin analyste politique qui évoque une élévation du chômage d’un million de personnes, je suis loin de partager son optimisme (relatif). Le nombre de nouveaux chômeurs va se compter en millions « au pluriel ». Ils vont s’ajouter à un stock qui diminuera peu. Nous sommes dans une situation exceptionnelle jamais vue.
Par ailleurs, pour réunir une conférence, si telle est la solution retenue par le gouvernement, il faudra connaitre les pistes proposées : choix des investissements publics, choix de la nouvelle politique de l’emploi (retour des emplois aidés par exemple), etc., pour offrir une base de discussion aux partenaires sociaux.
Il semble donc trop tôt pour discuter d’une « mobilisation générale sur l’emploi », mais pas trop tôt pour rechercher des solutions économiques et sociales ! L’urgence est aujourd’hui à la reprise de toutes les activités qui peuvent reprendre.
[1] « Bien sûr qu’il est urgent de repartir en activité, pour tous ces salariés en chômage partiel et qui, pour nombre d’entre eux, n’ont pas 100% de leur rémunération », mais aussi « si on ne veut pas planter définitivement un certain nombre de secteurs économiques ». Le secrétaire général de la CFDT « Les plans de déconfinement doivent être négociés pour que la confiance existe quand l’activité va reprendre ».
[2] « On voit bien qu’il y a deux attitudes syndicales : il y a celles qui sont prêtes à tout pour stopper l’activité – et ce n’est pas un service rendu aux travailleurs (…)- et celles, qui sont plus nombreuses à Renault, qui veulent négocier des conditions de reprise acceptables en toute sécurité. » Le secrétaire général de la CFDT
[3] « Bien sûr qu’il est urgent de repartir en activité, pour tous ces salariés en chômage partiel et qui, pour nombre d’entre eux, n’ont pas 100% de leur rémunération », mais aussi « si on ne veut pas planter définitivement un certain nombre de secteurs économiques ». Dans les entreprises, « les plans de déconfinement doivent être négociés pour que la confiance existe quand l’activité va reprendre ». Le secrétaire général de la CFDT
[4] « On peut ranger les choses dans l’ordre de la plus grande importance. Et la chose qui est vraiment importante, ce sera, après le passage de la vague, de regarder qui sera resté sur la plage. Il y aura énormément d’entreprises qui vont se retrouver dans une situation extrêmement précaire. Selon leur taille, selon le marché duquel elles sont dépendantes, les entreprises auront à faire face à des difficultés différentes. » « Donc, suivant les secteurs économiques, la capacité des entreprises à résister à un manque de chiffre d’affaires ne sera pas la même. Nous allons attaquer dès lors la vraie crise économique… » – Le président de la CFE-CGC
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