Les premières données sur les effets de la crise de la Dares[1] concernant le mois de novembre viennent d’être publiées.
SUR 9 MOIS, DE MARS A NOVEMBRE, LES TENDANCES SE DESSINENT DE PLUS EN PLUS PRÉCISÉMENT.
Les diminutions d’emploi prévisibles pour 2021 sont directement issues de la crise en cours et commencent donc à se préciser.
D’une part, on peut commencer à estimer certains des dégâts sur cette période, mais pas tous. L’enquête Acemo Covid ne chiffre pas les licenciements économiques, les destructions d’emploi, le stock de salariés durablement en chômage partiel, l’augmentation du nombre des demandeurs d’emploi, etc.
D’autre part, des secteurs professionnels apparaissent assez nettement les plus touchés.
Enfin, l’hétérogénéité des situations des entreprises et de leurs effectifs est importante. Les moyennes sur l’ensemble des entreprises cachent la diversité du paysage réel.
Ce qui est acquis est que les causes demeurent ou vont augmenter (fin du chômage partiel). Les effets de la crise vont se poursuivre jusqu’à fin mars 2021 (fin de la période d’urgence sanitaire) et, au minimum, jusqu’au second semestre 2021 dans de nombreux domaines, même sans troisième vague épidémique avec ses restrictions d’activité. Les chiffres de la Dares donnent une image instantanée de la réalité. Cet instantané est éclairant.
LA BAISSE DE L’ACTIVITÉ A CONDUIT A LA DIMINUTION DES EFFECTIFS
L’évolution des effectifs dans l’ensemble des entreprises, du fait de la crise (en % de salariés) au 30 novembre 2020[2] était le suivant :
- Effectifs restés constants : 80%,
- Effectifs en diminution : 15% (chiffre en croissance depuis mars ou il se situait à 11%),
- Effectifs en augmentation : 5%.
En effet, l’évolution de l’activité a été variable selon les secteurs (% de salariés en novembre 2020) : arrêtée pour 4%, diminuée pour 35%[3], inchangée pour 54% et augmenté pour 7%.
LES MESURES DU PLAN DE RELANCE ONT ÉTÉ MOBILISÉES DE MANIÉRE VARIABLE SELON LES SECTEURS.
Les chiffres provisoires du chômage partiel en novembre sont de 2,9 millions de salariés placés en activité partielle représentant 1,5 million d’équivalent temps plein (EQPT), le tout pour un cout de 2,3 milliards d’euros. Les chiffres définitifs dépasseront cette estimation qui correspond seulement aux montants déjà demandés.
Le chômage partiel se concentre en novembre[4] sur quatre secteurs :
- Hébergement et restauration: 722 000 salariés, soit 25% de l’ensemble des salariés en chômage partiel.
- Commerce: 685 000, soit 23%,
- Activités spécialisées, scientifiques et techniques, services administratifs et de soutien : 380 000, soit 13%
- Autres activités de services: 357 000, soit 12%.
Le taux de recours au chômage partiel a été supérieur à 10% des effectifs dans huit secteurs[5]. Ce sont ces secteurs qui vont perdre des emplois en 2021.
Par ailleurs[6], le recours à l’Activité partielle de longue durée (APLD) a été de 10%. Plus fréquent dans quatre secteurs : fabrication de matériels de transport[7] (29,3%), hébergement et restauration (21,5%), biens d’équipement (20,8%), fabrication d’autres produits industriels (18,9%).
LES DIFFICULTÉS DIFFÉRENT SELON LES ENTREPRISES
Plus d’un quart des entreprises ne rencontrent pas de difficultés particulières (26,4%).
Les principales difficultés rencontrées par les autres entreprises sont (en % de salariés) dépendent du contexte de la crise et non des interdictions d’activité :
- Le manque de débouchés : 26,5%,
- Les difficultés financières : 21,5%,
- La gestion des questions sanitaires[8]: 20%.
Les grandes entreprises (plus de 500 salariés) sont davantage touchées que la moyenne par le manque de débouchés (30%), la gestion des questions sanitaires (26%) et les difficultés financières (24%).
D’autres difficultés sont citées moins souvent comme le manque de personnel (13%), des difficultés d’approvisionnement[9] (6,5%) ou des difficultés liées à des problèmes de transport, etc. (3%).
Les fermetures administratives concernent 16,5% des effectifs salariés.
[1] Source : Dares, enquête Acemo Covid, décembre 2020.
[2] Source : Dares, enquête Acemo Covid, décembre 2020.
[3] Réduction d’activité très forte (de 50% ou plus) (7,2%) ou forte (de moins de 50 %) (27,9%).
[4] Nombre de salariés en chômage partiel en novembre 2020 (chiffre provisoire de décembre).
Secteur | Novembre | % de l’ensemble |
Extraction, énergie, eau, gestion des déchets et dépollution | 7 000 | 0% |
Agriculture, sylviculture et pêche | 11 000 | 0% |
Fabrications d’équipements électroniques, électriques, informatiques et machines | 32 000 | 1% |
Activités financières et d’assurance | 37 000 | 1% |
Construction | 38 000 | 1% |
Fabrication d’aliments, boissons et produits à base de tabac | 45 000 | 2% |
Activités immobilières | 50 000 | 2% |
Information et communication | 56 000 | 2% |
Fabrication de matériels de transport | 67 000 | 2% |
Administration publique, enseignement, santé et action sociale | 89 000 | 3% |
Fabrication autres produits industriels | 159 000 | 5% |
Transports et entreposage | 183 000 | 6% |
Autres activités de services | 357 000 | 12% |
Activités spécialisées, scientifiques et techniques, services administratifs et de soutien | 380 000 | 13% |
Commerce | 685 000 | 23% |
Hébergement et restauration | 722 000 | 25% |
Total | 2 918 000 | 100% |
[5] Taux de recours au chômage partiel supérieur à 10%.
Taux de recours |
|
Hébergement et restauration |
63% |
Autres activités de services |
47% |
Commerce |
22% |
Activités immobilières |
20% |
Fabrication de matériels de transport |
19% |
Fabrication autres produits industriels |
15% |
Transports et entreposage |
13% |
Activités spécialisées, scientifiques et techniques, services administratifs et de soutien |
11% |
[6] Recours aux mesures du plan de relance (% de salariés).
Aide à l’embauche d’un jeune de moins de 26 ans |
Aide à l’apprentissage |
Aide au contrat de professionnalisation |
Activité partielle de longue durée |
|
Ensemble |
44,5% |
49% |
35% |
10% |
[7] Avions et automobile.
[8] Masques, distance de sécurité, gel hydro alcoolique, etc.
[9] Manque de matière première / intrants, etc.
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