LES PRÉVISIONS 2015 PORTENT SUR LA DESTRUCTION D’ENVIRON 52 000 EMPLOIS DANS LE BTP
En 2015, les prévisions portent sur la destruction d’environ 52 000 emplois dans le BTP (-3,2%)[1], dont 30 à 35 000 dans les entreprises du bâtiment et entre 12 000 et 15 000 dans l’artisanat du bâtiment. Cette prévision suit le constat du niveau des prévisions de commandes[2] et de la baisse de l’activité de l’artisanat du bâtiment estimée à 2% pour 2015[3].
La baisse de l’activité en 2015 serait de -2%, dont -5% dans la construction neuve et -0,5% dans le secteur de l’entretien et de la rénovation[4]. Ce dernier chiffre tient compte d’une progression de 1% dans le domaine particulier des travaux d’Amélioration de la Performance énergétique (APEL). Cette légère progression s’explique notamment par la mise en place du Crédit d’impôt Transition énergétique (CITE). L’effet du CITE reste, jusqu’à présent du moins, assez limité en terme d’activité et d’emploi.
De ce fait certains corps de métiers sont un peu moins impactés que d’autres, car concernés par les travaux d’isolation thermique et de chauffage[5].
La baisse de la construction neuve et des travaux de rénovation du Bâtiment, commandés par des particuliers, provient, au moins en partie, de l’accroissement de la pression fiscale , subie par les classes moyenne et supérieure, qui ont perdu une part de leur pouvoir d’achat.
Cette baisse d’activité est continue depuis trois ans et demi. 40 000 le nombre des emplois détruits dans l’artisanat du bâtiment depuis début 2012.
CAPEB et FFB estiment néanmoins que plusieurs facteurs laissent espérer une amélioration de la situation à l’horizon 2016.
Trois groupes français : Vinci, Bouygues et Eiffage se classent parmi les 5 premiers groupes de BTP en Europe, et totalisent un chiffre d’affaires de 85 milliards d’euros (Etude du cabinet Deloitte). Leurs marchés sont dans une proportion variable, selon les groupes en France et à l’étranger, souvent sur de grands chantiers. Leur analyse de la situation diffère évidemment de celui des entreprises locales ou régionales du BTP. Eiffage et Vinci sont confiants quant aux signes de reprise de leur secteur en France, tandis que Bouygues ne partage pas leur point de vue à ce jour.
LES POLITIQUES DU PERSONNEL DANS L’ARTISANAT ET LES PETITES ENTREPRISES ÉVOLUENT
L’emploi salarié du BTP s’établissait à 1 326 500 à fin juin 2015, soit une baisse de 51 200 emplois (- 3,7 %) sur un an.
Selon la Fédération Française du Bâtiment (FFB), « le premier semestre 2015 affiche le plus mauvais score enregistré depuis l’entrée dans la « grande récession » de 2008, avec 44 600 postes de travail en moins (-3,8 %) qu’au premier semestre 2014, y compris intérim en équivalent-emplois à temps plein.[6] ».
Dans un contexte de baisse des commandes, « certaines entreprises n’ont pas remplacé des départs à la retraite ou des contrats d’apprentissage… ».
Le président de l’Union Patronale Artisanale (UPA) observe une évolution dans les embauches qui s’opèrent :
- au profit d’une majorité de recrutement en contrat à durée déterminée de salariés confirmés (et actuellement disponibles sur le marché du travail),
- au détriment des contrats de professionnalisation et des contrats d’apprentissage en recul.
Le recours à l’intérim[7] est en légère baisse.
La situation dépend en moyenne de la taille des entreprises : « plus l’entreprise est petite, plus elle concentre des difficultés. Les entreprises sans salarié enregistrent un recul de 3,5% de leur chiffre d’affaires, contre seulement 0,5% pour les entreprises de 10 salariés et plus », et également des régions.
Le moral des artisans apparait morose. Le président de la Capeb estime, en particulier, que les artisans de proximité souhaiteraient pouvoir reprendre confiance, mais ils subissent « une forme de précarisation due à l’émergence de nouvelles pratiques économiques génératrices de concurrences déloyales :
- travailleurs détachés[8],
- micro entreprises et
- uberisation« .
Le report de trois mois de la deuxième étape du pacte de responsabilité (baisse des charges) contribue à l’incertitude des artisans et chefs de petites entreprises.
Les artisans et petites entreprises du BTP se sentent pris en tenaille entre
- d’une part les entreprises du BTP de plus de 500 salariés, où le recours au détachement des salariés perdure sur certains chantiers, et
- d’autre part, des formes de travail individuel bénéficiant de contraintes moins lourdes (micro entreprises), voire le recours au travail non déclaré.
L’ensemble de ces éléments explique que ces acteurs envisagent, d’ici la fin 2015, plus fréquemment de licencier que d’embaucher.
[1] Conférence de presse de la Confédération de l’Artisanat et des Petites Entreprises du Bâtiment (CAPEB) du 15 octobre 2015. Enquête.
[2] La moyenne des commandes est de 73 jours, ce qui explique que l’on puisse avoir une vision assez précise de l’année 2015 dès à présent.
[3] Parmi les artisans interrogés, 63 % d’entre eux considèrent que le Crédit d’impôt compétitivité emploi (Cice) ne répond pas aux besoins de leur entreprise.
[4] Enquête réalisée à la demande de l’UPA par l’Institut I+C dans la première quinzaine du mois de juillet 2015 auprès d’un échantillon représentatif de 4700 entreprises de l’artisanat et du commerce de proximité.
[5] Pour le 3ème trimestre, « tous les corps de métiers sont touchés par une plus forte baisse ce trimestre à part la couverture-plomberie-chauffage qui affiche un recul mesuré de – 1,5%, tout comme les travaux d’électricité. Les travaux de menuiserie-serrurerie et d’aménagement-décoration-plâtrerie, quant à eux, enregistrent une baisse de 2,5 % alors que l’activité de maçonnerie est, encore ce trimestre, la plus impacté avec une baisse de 3,5% ».
[6] Conférence de presse du 18 septembre 2015 de Jacques CHANUT, Président de la FFB.
[7] Poids de l’emploi intérimaire dans l’emploi salarié total.
[8] L’UPA souhaite que l’Etat lutte « contre les dérives du travail détaché en appliquant la protection sociale du lieu de travail et non celle du pays d’origine ». Le secteur du BTP est l’un des premiers touchés par la présence de travailleurs détachés, avec l’agriculture.
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