L’ÉTRANGLEMENT DES CONTRATS AIDÉS SE RESSERRE
Pour 2018, les conseillers de la ministre du Travail prévoient une sous-consommation en matière d’emploi aidé, probablement à hauteur de 140 000 contrats « Parcours emploi compétences (PEC) » signés, au lieu des 200 000 prévu au budget. Cette tendance avait déjà été évoquée pour le premier semestre 2018[1], elle serait confirmée pour l’année. Ce chiffre reste évidemment à préciser début 2019.
Selon la Dares[2], la diminution des contrats aidés aurait atteint -41% sur un an. Les plus frappés sont les jeunes de moins de 26 ans[3] et les plus de 55 ans, c’est-à-dire des catégories ayant des taux de chômage plus importants que la moyenne.
Les causes de cette évolution reposent sur les conditions imposées aux employeurs pour bénéficier de ces contrats et, surtout, sur la forte baisse de la part de l’aide, en % du salaire, par rapport à celle des contrats aidés antérieurs.
Il semble exister une volonté politique de réduire les contrats aidés au-delà même des engagements budgétaires. Une part des crédits « contrats aidés » a d’ailleurs été transférée vers l’IAE, en cours d’année, dans le cadre de la fongibilité des crédits.
Pour 2019, la chute se poursuit avec un objectif de 100 000 contrats aidés pour la mission « travail »[4], au lieu des 200 000 inscrits en 2018.
LES CONSÉQUENCES HUMAINES S’ENCHAINENT
Avec la baisse du nombre de bénéficiaires de contrats aidés, les effectifs dans le secteur non marchand (économie sociale comme secteur public) diminuent progressivement. Les contrats dans le secteur marchand sont eux promis à une totale disparition.
Ces employeurs vont perdre ce volant de personnels et se réorganiser. Ils ne seront plus forcément ouverts demain à l’accueil de contrats aidés à l’existence incertaine.
Les personnes, en situation de grande difficulté sociale, qui profitaient de ces dispositifs sont rejetées dans le chômage et la précarité.
Les anciens bénéficiaires de ces contrats, pour une part, vont bénéficier de l’assurance chômage, puis du RSA. C’est-à-dire que la suppression de leur contrat aidé « déplacera » la dépense sans la faire disparaitre…
Les dispositifs qui ont conservé leur budget, comme les structures de l’IAE[5] ou les Écoles de la deuxième chance, sont bien, mais accueillent des effectifs restreints, dont le développement prévu (PLF 2019) reste marginal. Ces institutions servent de paravent (visites et inauguration de la ministre) à la communication gouvernementale sur ces questions.
EN L’ABSENCE DE CROISSANCE ÉCONOMIQUE, METTRE FIN AUX CONTRATS AIDÉS APPARAIT COMME UNE FAUTE
L’absence de prise en compte de la réalité sociale d’une frange de la population apparait comme une faute politique grave, d’autant que le marché du travail ne se porte pas mieux. Le taux de chômage est de 9,3% en France, contre 6,8% dans l’ensemble de l’Union européenne.
Les faits auront malheureusement raison de ces choix illusoires.
Il existe une frange comprise entre 1 et 2% de la population active, qui a besoin de contrats aidés pour se retrouver en situation de travail, à un moment donné de leur existence. Le fait de leur permettre d’accéder au travail dans notre société est important pour eux, comme pour nous tous.
[1] 43 000 contrats PEC seulement ont été signés au premier semestre 2018.
[2] DARES Indicateurs – Les dispositifs spécifiques d’emploi aidé et de formation au 2e trimestre 2018 – La baisse des contrats aidés se poursuit – publié le 28.09.18
[3] « Combien d’emplois aidés pour les jeunes en 2019 ? » https://bit.ly/2MNcjw8
[4] « Les moyens de la politique de l’emploi diminueront de près de 20% en 2019 ». https://bit.ly/2IcTXnw
[5] Les raisons du soutien aux entreprises et associations pratiquant l’IAE mériterait d’être analysée, en partie au moins, en tenant compte du poids de certaines personnalités liées à ce secteur.
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