L’INTÉGRATION PROFESSIONNELLE DES RÉFUGIÉS DOIT ÊTRE ACCOMPAGNÉE
La ministre du Travail a lancé un nouvel appel à projets pour l’intégration professionnelle des réfugiés (1er octobre 2018)[1]. Il concerne à la fois des acteurs publics et privés.
L’objectif de la ministre du Travail est « Les réfugiés que nous accueillons doivent pouvoir se former, trouver un emploi ou créer leur entreprise ».
L’intention est bonne, mais sa concrétisation impose un chantier assez difficile.
Ce projet dispose d’un budget de 15 millions d’euros, dans le cadre du PIC (Plan d’investissement dans les compétences [2]).
Ces actions visent l’accompagnement de 4 à 5 000 bénéficiaires du droit d’asile. Pour situer la portée de cette initiative, rappelons qu’en 2017, 43 000 personnes ont bénéficié du droit d’asile. La population concernée serait globalement de l’ordre de 290 000. L’objectif reste assez réduit en nombre, compte tenu de la croissance actuelle du nombre des migrants régularisés.
Le ciblage concerne les statuts : bénéficiaires d’une protection internationale (réfugiés, bénéficiaires d’une protection subsidiaire, apatrides) et les demandeurs d’asile de plus de 6 mois. Il porte également sur des catégories précises : femmes, jeunes de moins de 25 ans, seniors (40 ans et plus), personnes analphabètes ou illettrées.
QUELS SERONT LES OBJECTIFS DE CES ACTIONS ?
Il s’agit de « Contribuer à leur intégration professionnelle à travers :
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le déploiement de parcours d’accompagnement vers et dans l’emploi ou la création d’activités, dans une logique d’accompagnement globale (emploi, logement, mobilité, santé, etc.) ;
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la reconnaissance et le développement des compétences ;
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la coordination et la professionnalisation des acteurs ;
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la multiplication des passerelles avec les acteurs économiques d’un territoire. »
La diversité des profils des étrangers, potentiellement bénéficiaires de cette formule, pose sans doute un problème pour mener des actions collectives. Une large part de prise en compte individuelle semble indispensable.
QUI SERONT LES ACTEURS RETENUS POUR MENER CES ACTIONS ?
Il est naturellement demandé une synergie avec les acteurs locaux ainsi qu’une articulation avec le parcours du « contrat d’intégration républicaine » mis en place par l’Office français de l’immigration et de l’intégration (OFII).
Le choix des acteurs retenu sur ce projet méritera toute l’attention, car, soit il s’agira de structures dédiées (aux étrangers en situation régulière), soit de structures généralistes déployant une action adaptée à un public particulier (la mission locale semble naturelle pour les jeunes de moins de 25 ans, par exemple). Les attentes semblent du ressort des acteurs de l’emploi classiques[3].
Une autre question à régler sera le choix des bénéficiaires par rapport aux catégories ciblées : en particulier pour faire le choix entre deux profils extrêmes, d’une part, des personnes sans formation et analphabète et, d’autre part, des personnes disposant de formation étrangère non reconnue en France.
De prime abord, la formule d’un appel à projets semble privilégier des acteurs spécialisés dans la prise en charge des publics étrangers ciblés (associations existantes ou constituées pour la circonstance) plutôt qu’une intégration dans le cadre du droit commun. N’est ce pas dommage ?
La réponse sera connue dans un an…
PRÉCISION :
Il existait déjà une action du ministère du Travail, du ressort du dossier européens portant sur l’« Intégration des réfugiés : de l’apprentissage du Français à l’insertion professionnelle ». Cette action a depuis été intégré au « Plan d’Investissement dans les Compétences (PIC) » et vise l’insertion professionnelle des bénéficiaires d’une protection internationale (réfugiés et bénéficiaires de la protection subsidiaire).
Le programme HOPE « Hébergement, orientation, parcours vers l’emploi » a été mis en œuvre dès 2017 pour apporter, à 1 000 étrangers en situation régulière, un accompagnement et une formation, depuis l’apprentissage du Français jusqu’à la préparation opérationnelle à l’emploi. L’AFPA, Pôle emploi, plusieurs ministères, des branches professionnelles et des missions locales, pour le public des jeunes, ont été partenaires de ce programme. Le programme Hope mêlait formation linguistique et apprentissage dans des secteurs en tension, comme le BTP.
La ministre du Travail a déclaré que le but de l’appel à projets était d’« aller plus loin que les cours de français sur l’accès à la formation et à l’emploi ». On verra quels sont les propositions retenues et leur contenu !
[1] L’appel à projets est consultable sur le site des consultations de la Caisse des Dépôts, rubrique « Plan d’investissement dans les compétences » https://cdcinvestissementsdavenir.achatpublic.com . Les candidatures se font en ligne via le site des consultations de la Caisse des Dépôts. Date de clôture de la 1ère vague de sélection ? 15 novembre 2018 à 12h
[2] « Parce qu’ils rencontrent souvent de très grandes difficultés dans l’accès au marché du travail et dans l’évaluation et la reconnaissance de leurs connaissances, les près de 290 000 bénéficiaires d’une protection internationale et les demandeurs d’asile font partie intégrante des publics visés par le Plan d’investissement dans les compétences. » – Communiqué de Muriel Pénicaud – publié le 01.10.18
[3] « Des parcours d’accompagnement vers et dans l’emploi ou la création d’activité, y compris au moyen d’actions favorisant la mobilité géographique, des actions permettant la reconnaissance ou le développement des compétences et le développement de passerelles avec les acteurs économiques d’un territoire. » Communiqué de Muriel Pénicaud – publié le 01.10.18
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