Le Plan d’investissement dans les compétences (Pic)[1], piloté par le ministère du Travail, a eu comme premier niveau d’intervention la mise en œuvre de Pactes régionaux d’investissement dans les compétences 2019-2022 (Pric), après une période d’amorçage en 2018, pour « agir au plus près des territoires ».
Ces « Pactes » sont ciblés sur la formation des demandeurs d’emploi les moins qualifiés et de longue durée, et des jeunes qui ne sont ni en étude, ni en emploi, ni en formation. Il s’agit d’un choix politique discutable : par rapport aux publics disponibles, comme par rapport aux besoins des employeurs.
Le choix de parler d’ « investissement dans les compétences » plutôt que de « formation » peut faire sourire, ou même rire, en repensant au Bourgeois-Gentilhomme de Molière, car cela ne change rien à la réalité.
On peut consulter le détail du contenu des PRIC en ligne[2].
Plusieurs Conseils régionaux n’ont pas souhaité être associés à cette démarche : Auvergne-Rhône-Alpes et Provence-Alpes-Côte d’Azur.
L’ORGANISATION DE LA SYNERGIE DES PACTES EST EN COURS
Un premier forum d’échanges sur les projets permis par le Pic a eu lieu, sous l’égide du Haut-commissariat aux compétences et à l’inclusion dans l’emploi. Il a réuni des représentants des collectivités, des services de l’État, de Pôle emploi et d’opérateurs de formation[3].
Un recueil des projets innovants, réalisés dans le cadre des Pric, sera bientôt en ligne : « Il montre la diversité des innovations en régions, portant sur la data, les modules additionnels, les badges numériques, l’Afest, la réalité virtuelle. » – secrétariat général pour l’investissement[4].
Les services de la DGEFP montent une plateforme collaborative, intitulée « La Place », qui devrait être ouverte à la mi-février pour favoriser les échanges de manière continue. « Différentes « communautés » pourront s’y constituer, thématiques et par région. » Les divers acteurs devraient pouvoir constituer un pot commun pour mutualiser des bonnes pratiques.
La dimension pluriannuelle des Pric est naturellement appréciée par les acteurs au niveau régional. « Cela donne de la visibilité aux financeurs et de la sécurité aux opérateurs. Il y a eu un doublement de l’effort financier dans certaines régions. Toutes les Régions ont enclenché une dynamique de programmation et 2020 sera une année pleine. »
Le besoin d’une coordination entre le niveau national et régional, voire interrégional, apparait…
« On souhaite une meilleure coordination entre les Pric et les appels à projets nationaux, pour éviter les télescopages et les incompréhensions. » – La présidente déléguée de la commission emploi, formation professionnelle et apprentissage, au sein de régions de France[5].
Le document consacré à la « lecture transversale thématique des Pactes régionaux d’investissement dans les compétences[6] » analyse les projets régionaux. On peut noter le chapitre intitulé : « S’engager dans la modernisation des contenus et des modes de mise en œuvre de la formation et de l’accompagnement »[7].
Beaucoup de ces réflexions portent sur les méthodes et les innovations pédagogiques dans la formation, tandis que le repérage concret des besoins en personnel local semble peu présent à ce stade.
DES EXEMPLES ILLUSTRENT LES PRIC IMPLIQUANT UNE RÉGION.
En région Bretagne, le Pacte régional d’investissement dans les compétences (Pric) a été signé en février 2019 à Rennes. Sur la période 2019/2022, l’État doit investir plus de 216 M€, tandis que la Région Bretagne consacrera, sur cette période, plus de 356 M€ à la formation de 91 000 personnes : demandeurs d’emploi les moins qualifiés et de longue durée, et jeunes qui ne sont ni en étude, ni en emploi, ni en formation. Ce qui représente un budget de 572 M€ sur 4 ans. La région met l’accent sur des spécificités bretonnes[8].
En région d’Ile-de-France, 1,82 milliard d’euros seront dédiés à la formation dans le cadre du Pric 2019-2022. 1 051 millions d’euros proviennent de l’État et 772 millions d’euros du Conseil régional d’Ile-de-France. Le Pacte devait faciliter l’accès à la formation à 78 305 jeunes et demandeurs d’emploi franciliens pour l’année 2019 (à confirmer). S’ajouteraient 45 500 formations financées par Pôle emploi chaque année, soit une augmentation de près 36 000 places par rapport à l’année 2018.
EN AUVERGNE-RHÔNE-ALPES ET PROVENCE-ALPES-COTE D’AZUR, LE PRIC EST MIS EN ŒUVRE PAR POLE EMPLOI SEUL.
En Provence-Alpes-Côte d’Azur, l’exécution du Pric est confiée à Pôle emploi (534 M€) et à la Direccte[9]. Il va permettre de former près de 80 000 personnes supplémentaires dans la région[10], parmi des demandeurs d’emploi les moins qualifiés est mis en place sur 4 ans[11].
En Auvergne-Rhône-Alpes, le Pric 2019-2022 a été signé par la ministre du Travail, le préfet de région et le directeur régional de Pôle emploi. Le plan prévoit un investissement de l’État de 652 millions d’euros sur quatre ans, pour 109 000 parcours. Pôle emploi gérera le dispositif.
LES PRIC S’INSCRIVENT DANS LE CADRE GÉNÉRAL DU PIC
Doté d’un budget de 13,8 Mds€ sur la période 2018-2022[12], le PIC a été conçu pour répondre à trois objectifs :
- « Former et accompagner un million de demandeurs d’emploi peu ou pas qualifiés et un million de jeunes éloignés du marché du travail,
- Répondre aux besoins des métiers en tension dans une économie en croissance et
- Contribuer à la transformation des compétences, notamment liée à la transition écologique et à la transition numérique. »
Des informations sur les premiers résultats de ce plan, pour 2018 et 2019, sont attendues.
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LE SECOND VOLET DU PIC PORTE SUR LE LANCEMENT OU INTENSIFICATION D’ACTIONS NATIONALES.
Ces actions sont orientées dans l’accompagnement vers l’emploi des publics fragiles et le soutien aux enjeux de transformation des métiers (besoins émergents) il s’agit de mutualiser l’effort pour être plus efficace.
LE TROISIÈME VOLET DU PIC PORTE SUR LE LANCEMENT D’APPELS À PROJETS NATIONAUX.
Les sept appels à projets nationaux du PIC ont été lancés avec pour objet « d’innover et de transformer par l’expérimentation et de susciter l’innovation ». Ils se sont articulés autour de 3 axes[13] :
1. Mieux orienter les politiques de formation et les personnes[14],
2. Financer de nouveaux parcours de formation et d’accompagnement dans l’emploi durable[15],
3. Innover et expérimenter[16].
[1] A PROPOS DU PIC – « Dans ce contexte où la rapidité de l’évolution des métiers menace d’obsolescence les savoir-faire de nombreux actifs et où l’investissement dans les compétences constitue un levier de compétitivité, le gouvernement a décidé de déployer un effort sans précédent dans le cadre d’un Plan d’investissement dans les compétences en cinq ans, de 2018 à 2022. L’ambition du Plan d’investissement dans les compétences se traduit par deux défis majeurs : Former un million de jeunes peu qualifiés et un million de demandeurs d’emplois faiblement qualifiés ; Accélérer la transformation du système de formation professionnelle, depuis l’analyse du besoin de compétence à la ré-ingénierie pédagogique, en passant par l’expression de la commande de formation. » – Programme 103 – Accompagnement des mutations économiques et développement de l’emploi – 2020
[2] « Les pactes régionaux d’investissement dans les compétences 2019-2022 constituent une contribution majeure à ces enjeux de transformation afin de permettre aux personnes privées d’emploi de retrouver le chemin de la qualification en partant de leurs acquis, en visant des parcours de formation débouchant sur l’emploi, répondant aux besoins des entreprises, à partir de diagnostics des besoins renouvelés » – https://travail-emploi.gouv.fr/grands-dossiers/plan-d-investissement-dans-les-competences/pactes-regionaux
[3] « Transformer les manières de faire, trouver des solutions pour éviter les ruptures de parcours, pour aller vers un système de formation moins rigide, inventer de nouvelles approches pédagogiques et cibler les métiers porteurs » – Le haut-commissaire aux compétences et à l’inclusion dans l’emploi – Jean-Marie Marx
[4] Olivier Mandard
[5] Georgette Bréard
[6] Version du 24/05/2019 – https://travail-emploi.gouv.fr/IMG/pdf/lecture_transversale_thematique_des_pactes.pdf
[7] Il traite des sujets suivants : Concevoir l’ingénierie des formations en situation de travail et des formations expérientielles. Développer des formations à distance adaptées aux publics fragiles. Développer des E-porfolio … et reconnaitre les compétences grâce aux badges numériques. Renouveler les approches pédagogiques et de découverte des métiers grâce à la réalité virtuelle. Innover par le lancement d’appels à projets et la création d’incubateurs. Améliorer la qualité à travers l’évaluation par les apprenants et l’introduction de Nouveaux dispositifs d’achat de formation et de contractualisation.
[8] LES SPECIFICITES BRETONNES. Un PRIC coconstruit avec l’ensemble des partenaires : il associe, sur la base d’un diagnostic partagé, l’ensemble des acteurs de l’emploi, de l’insertion et de la formation, au premier rang desquels Pôle emploi et les missions locales. Le Pacte breton s’appuie sur cette entente forte, qui prend ses racines dans le quadripartisme, ainsi que sur les dynamiques territoriales, via les Commissions territoriales emploi formation (CTEF). Le territoire se démarque par un bon niveau de formation et par une certaine dynamique du marché de l’emploi. En conséquence, les personnes non qualifiées se retrouvent d’autant plus à la marge. Une augmentation structurelle de la demande d’emploi de très longue durée, notamment chez les femmes, les personnes en situation de handicap, les habitants des zones rurales où les problématiques de mobilité sont plus fortes qu’ailleurs.
Désormais compétente en matière d’orientation, tous publics confondus, la Région a fait de l’information sur les métiers et de leur attractivité la priorité des priorités : elle a déployé, début 2019, un nouveau site, Cléor.bretagne.bzh, afin d’accompagner les publics dans leur projet professionnel. Cette plateforme offre des informations territorialisées sur les métiers, les évolutions du marché du travail, les offres d’emploi ou encore les passerelles entre métiers, avec ou sans formation. Souple et complet, cet outil s’adresse à tous : collégiens, lycéens, apprentis, étudiants, actifs en emploi, demandeurs d’emploi…
[9] En région Provence-Alpes-Côte d’Azur, la Direccte et Pôle emploi pilotent le déploiement du Plan régional d’investissement dans les compétences pour le compte de l’État.
[10] 06/11/2019 – http://www.pole-emploi.org/regions/provence-alpes-cote-d-azur/espace-presse/infographies/le-pacte-regional-dinvestissement-dans-les-competences.html?type=article
[11] « Pour répondre aux besoins des entreprises et réduire les difficultés de recrutement, les acteurs des territoires recensent ensemble les évolutions des compétences recherchées. Cette démarche est organisée autour de 10 « task forces » régionales, qui correspondent principalement à des filières. » « Animées par Pôle emploi et associant les acteurs économiques, elles permettent d’identifier les besoins en formation présents et à venir. » – Pole emploi.
[12] L’annonce initiale portait sur un budget de 15 Md€.
[13] Mise à jour 27/11/19 – https://travail-emploi.gouv.fr/grands-dossiers/plan-d-investissement-dans-les-competences/article/appels-a-projets-et-experimentations
[14] Appels à projets territoriaux : « Repérage et mobilisation des invisibles » pour prévenir l’éloignement durable de certains jeunes du marché du travail et Appel à projet : soutien aux démarches prospectives compétences | à destination des branches professionnelles.
[15] 10 KNUM 10 000 formations au numérique, le numérique : un levier pour le retour à l’emploi et 10 KVert : 10 000 formations aux emplois verts et verdissants.
[16] 100% inclusion : un appel à projets au bénéfice des jeunes et demandeurs d’emploi peu ou pas qualifiés ; Prépa-Apprentissage : un appel à projets pour mieux préparer l’entrée des jeunes en apprentissage ; Intégration professionnelle des réfugiés : insertion des réfugiés par l’emploi.
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