Dans le contexte de crise économique, issu de la crise sanitaire, l’Unédic a fait réaliser une enquête « pour étudier les effets de la crise sur le marché du travail en interrogeant simultanément demandeurs d’emploi, salariés et employeurs.[1] »
Cette enquête porte sur l’impact de la crise sur le projet professionnel, les perspectives de recrutement et la recherche d’emploi. Les conclusions de cette enquête Unédic sont les suivantes.
- Les projets professionnels des actifs ont été impacté par la crise de la Covid-19, pour deux tiers des demandeurs d’emploi et un tiers des salariés[2].
- Les projets d’embauches des employeurs ont été ralentis par la crise[3].
- Les démarches de recherche d’un emploi ont évolué pour s’adapter aux circonstances pour deux tiers des demandeurs d’emploi[4]. Les entretiens de recrutement en distanciel (par téléphone ou visioconférence) se sont développés[5]. Les demandeurs d’emploi comme employeurs en tireraient un bilan global positif[6].
LES ACTIFS ONT RÉFLÉCHI A LEUR PROJET PROFESSIONNEL.
La période aurait encouragé les actifs à réfléchir à leur projet professionnel (situation du secteur professionnel, travail à domicile, affaiblissement des relations sociales, etc.). Un demandeur d’emploi sur deux exprime le souhait de modifier leur rapport au travail. Certains souhaitent commencer une formation : 47% des demandeurs d’emploi et 29% des salariés. D’autres pensent à une reconversion : 44% des demandeurs d’emploi et 28% des salariés.
LA RECHERCHE D’EMPLOI S’EST ADAPTÉE A LA SITUATION.
Durant le premier confinement, les chômeurs ont poursuivi leur recherche d’emploi : 45% ont gardé le rythme et 20% l’ont accéléré, « malgré la baisse importante du nombre d’offres disponibles à cette période ».
Après le premier confinement, le rythme de recherche s’est intensifié. Le recours aux canaux numériques aurait été intensifié.
Les demandeurs d’emploi restent assez pessimistes quant à leur retour à l’emploi. Une part des employeurs (29%) ont repoussé ou annulé la plupart de leurs projets de recrutements[7]. Cette proportion est plus élevée parmi les établissements ayant stoppé leur activité durant le confinement. Ces constats de l’Unédic sont antérieurs au second confinement qui a débuté fin octobre.
L’INQUIÉTUDE CONCERNANT L’EMPLOI DEMEURE COMPTE TENU DE LA BAISSE DE L’ACTIVITÉ DANS DE NOMBREUX SECTEURS.
La situation fluctuante actuelle influe à la fois sur la confiance des acteurs du marché du travail et sur l’opinion.
Les craintes liées à l’emploi sont en nette augmentation par rapport à février-mars[8].
« La majorité des demandeurs d’emploi et des salariés, interrogés dans l’enquête de l’Unédic, indiquent être prêts à faire des concessions[9] pour faire aboutir leur projet professionnel (90 % des demandeurs d’emploi et 85 % des salariés). C’est en particulier le cas parmi ceux dont le projet professionnel a été directement impacté par la crise actuelle. »
Les deux confinements de la population, les contraintes portant sur la circulation, le recours au télétravail, et les fermetures administratives de certaines catégories d’entreprises ont fortement impacté l’économie. Sur l’année 2020, le PIB se contracterait de 9% à 11%[10] ; la traduction au niveau des emplois a été retardée.
« Les mesures d’urgence de l’État, avec le soutien de l’Unédic, ont permis jusqu’ici de circonscrire en partie leurs effets. » – Unédic
Le recours très large au chômage partiel a retardé, en partie, l’explosion du nombre des chômeurs inscrits à Pôle emploi, jusqu’à fin 2020. Le chômage partiel devrait prendre fin en janvier 2021, en dehors des secteurs dont l’activité est interdite ou fortement réduite. Le premier semestre 2021 devrait voir se préciser la situation avec une montée significative du nombre de chômeurs. Dans à présent, la croissance du nombre de suppressions d’emploi se poursuit.
[1] Réalisée avec l’institut CSA entre mi-septembre et mi-octobre 2020, auprès de trois échantillons représentatifs (demandeurs d’emploi inscrits à Pôle emploi, salariés, établissements), cette étude a donc été menée avant le second confinement annoncé le 28 octobre 2020 – https://bit.ly/3aczEq6
[2] « Plus particulièrement ils souhaitent recentrer leurs activités sur ce qui leur semble « essentiel » (famille, santé, etc.) et du fait que la crise économique affecte négativement leur projet. »
[3] « Près de 6 établissements sur 10 qui indiquent que les recrutements envisagés ont été repoussés ou annulés. »
[4] « Depuis le début de la crise sanitaire, en mars dernier, ils utilisent davantage les canaux numériques et sont plus nombreux à solliciter leurs réseaux personnel et professionnel. Les employeurs déclarent plutôt maintenir leurs modalités de recrutement. De même, les employeurs indiquent ne pas avoir revu leurs critères de recrutement. Les salariés comme les demandeurs d’emploi se disent prêts à des concessions pour se donner de meilleures chances de voir leur projet professionnel aboutir. »
[5] « Environ un tiers des demandeurs d’emploi et des employeurs indiquent avoir fait au moins un entretien de recrutement en distanciel (par téléphone ou visioconférence) depuis le début de la crise. »
[6] « Selon les employeurs, l’entretien à distance permet d’évaluer les compétences et qualités du candidat. Selon les demandeurs d’emploi, ces modalités n’empêchent pas de se sentir en confiance. »
[7] Avant le second confinement, « les employeurs étaient plus optimistes concernant l’avenir, puisqu’ils étaient 41% à envisager de recruter d’ici la fin de l’année. »
[8] Unédic (2020), « Baromètre de la perception du chômage, 1ère édition », Eclairages, avril 2020.
[9] « Les demandeurs d’emploi seraient ainsi majoritairement prêts à faire de concessions quant aux missions proposées, à « accepter un CDD ou un contrat saisonnier » ou encore à accepter un contrat qui implique de « prendre sa voiture tous les jours. En revanche, ils sont plus réticents à accepter des « conditions de travail dégradées » ou à « revoir à la baisse leurs prétentions salariales. »
[10] « Le gouvernement envisage une chute de 11% du PIB 2020, l’Insee entre 9,2% et 9,5% selon les scénarios de durée du deuxième confinement (17 novembre 2020), -8,7 % selon la Banque de France en septembre dernier et -9,1 % selon l’OCDE en décembre. »
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