LA DARES VIENT DE PUBLIER UN BILAN MITIGÉ DE L’EFFICACITÉ DES « EMPLOIS D’AVENIR »[1].
Le ciblage du public est net. Les bénéficiaires des « emplois d’avenir » avaient un diplôme inférieur ou égal au CAP-BEP pour 80% et 35% habitaient dans des zones défavorisées[2]. Seuls 19% avaient un bac ou plus. Les jeunes signant un contrat d’emploi d’avenir sont tous majeurs. Moins d’1% a moins de dix-huit ans et 5% ont plus de 25 ans.
Cette disposition de lutte contre le chômage des 18-25 ans, les plus éloignés de l’emploi, aurait eu des résultats modérés sur le retour au travail des bénéficiaires.
Cette mesure a été importante. Elle a concerné, entre fin 2012 et début 2018, 364 000 emplois d’avenir, pour un cout global de l’ordre de 4 milliards.
Elle a été mise en place sous François Hollande, puis abandonné dès l’arrivée d’Emmanuel Macron en raison de son coût élevé, qui a été, en moyenne, de 11 000 euros par jeune et par an[3].
L’étude de la Dares a comparé deux groupes témoins composés d’environ 22 000 jeunes chacun, les uns ayant bénéficié d’un emploi d’avenir et les autres non (dans le détail les échantillons ne sont pas tout à fait identique !).
D’une part, le taux d’accès à l’emploi est peu supérieur à la moyenne.
« Quatre ans après leur entrée en emploi d’avenir et compte tenu par ailleurs de la situation conjoncturelle sur l’ensemble de la période, leur probabilité d’être en emploi est de 8 points supérieure à celle qu’ils auraient eue sans avoir bénéficié du dispositif. » Dares.
Mais l’écart reste assez faible : 62% des bénéficiaires d’un emploi d’avenir ont trouvé un nouveau travail, contre 54% des non-bénéficiaires…
D’autre part, le taux d’abandon de ces contrats est très élevé puisque 44% des contrats signés ont été rompus, en particulier par les plus jeunes et les moins diplômés.
Une part de ces ruptures de contrats (29%) est justifiée par une entrée du jeune en emploi ou en formation. Les autres, près du tiers, ont rejeté le système.
La durée moyenne d’un « emploi d’avenir » a été de 24 mois[4].
Un tiers des jeunes rentrés en emploi d’avenir y sont restés au moins trois ans.
De plus, l’accompagnement a été assez suivi : 69% de ces jeunes ont reçus la visite d’un conseiller des Missions locales sur leur poste de travail. 85% des bénéficiaires d’un emploi d’avenir ont été suivi par un tuteur au sein de l’établissement (Dares).
Enfin, le volet formation aurait assez bien fonctionné, pour les jeunes qui ont achevé leur contrat. Il était obligatoire pour ce contrat.
« Près de quatre jeunes sur cinq en emploi d’avenir ont bénéficié d’une formation au cours de leur emploi d’avenir et près de trois sur cinq ont eu accès à une formation certifiante. » Dares[5].
RAPPEL CONCERNANT LES CARACTÉRISTIQUES DES EMPLOIS D’AVENIR
« Les emplois d’avenir sont des contrats aidés qui ont lieu majoritairement dans le secteur non marchand et peuvent être réalisés de manière dérogatoire dans le secteur marchand.
Dans le cadre de cet emploi aidé, les subventions de l’État sont de 75% pour le secteur non marchand (35 % pour le secteur marchand).
Les contrats ont une durée initiale allant d’un à trois ans. Cette durée est plus longue que celle des autres contrats aidés en place à l’époque, notamment les contrats uniques d’insertion (CUI-CAE et CUI-CIE) qui durent de six mois à deux ans. Les contrats d’avenir d’un an peuvent être renouvelés jusqu’à atteindre trois ans. »
« Les missions locales sont les seules (avec Cap Emploi pour les jeunes en situation de handicap) à pouvoir prescrire ces contrats aidés. »
« Les emplois d’avenir se distinguent des précédents contrats aidés dédiés aux jeunes car la loi impose aux employeurs d’assurer la formation des bénéficiaires. De plus, les missions locales et la structure employeuse sont chargées de suivre de manière plus régulière le jeunes. »
[1] Dares Analyses N°37 – Quel bilan dresser des emplois d’avenir ? – 2 juillet 2021 – https://dares.travail-emploi.gouv.fr/sites/default/files/45f87f619883037607b51c417d47c0aa/Dares%20Analyses_emplois%20d%27avenir_bilan.pdf
[2] 35 % des jeunes entrés en emploi d’avenir habitent en zone urbaine sensible (ZUS), en zone de revitalisation rurale (ZRR) 1 ou dans les DROM.
[3] Rapport de 2016 de la Cour des comptes.
[4] Durée réelle passée en emploi d’avenir
Moins d’un an | 24% |
Un an et moins de deux ans | 19% |
Deux ans et moins de trois ans | 24% |
Trois ans et plus | 33% |
Ensemble | 100% |
Champ : jeunes ayant commencé un emploi d’avenir entre octobre 2013 et mars 2014.
Source : Dares, Panel Emplois d’avenir.
[5] « 82% des bénéficiaires accèdent à au moins une formation et, pour 59% d’entre eux, elle est certifiante. » Dares.
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