Sur la « question des retraites », trois principes me semblent fondamentaux.
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Le régime des retraites doit rester conditionné aux cotisations, liées au travail, selon moi[1]. Il s’inscrit dans une fonction d’assurance collective.
Il faut interdire qu’il soit mélangé demain, comme cela tend à être le cas, avec un quelconque régime d’assistance sociale (légitime pour d’autres fonctions).
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Le régime des retraites devrait être structurellement équilibré ou avec un écart très réduit (par exemple, plus ou moins 5%).
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Le nombre des travailleurs qui cotisent fonde la clé de cet équilibre, compte tenu de la population de retraités.
LE NOMBRE DES EMPLOIS DEMEURE LA CLÉ DU PROBLÈME DES RETRAITES.
Compte tenu de l’augmentation du nombre de retraités (élévation de l’âge moyen de vie, augmentation liée au travail des femmes au XXème siècle, etc.), le nombre des personnes en emploi doit augmenter.
Pour cela, les effectifs de travailleurs cotisant pour leur retraite doivent augmenter rapidement et massivement pour permettre d’arriver l’équilibre des retraites[2].
La présence de 6 millions de chômeurs, dont près de 4 millions immédiatement disponibles, confirme que le potentiel humain existe pour augmenter massivement le nombre de travailleurs. On peut y ajouter des réserves non comptabilisées, comme une part significative des jeunes ayant terminé leurs études, à quelque niveau que ce soit.
Pour mener une politique de l’emploi, le contexte de l’évolution en cours des activités doit faire l’objet d’un regard global.
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La numérisation économique et les contraintes liées à l’environnement sont des impératifs incontournables, vont supprimer des emplois, et imposer, le plus souvent, des postes moins nombreux et plus qualifiés que précédemment.
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Les effectifs dans la production et les milieux amont et aval, doivent croitre (agriculture, construction et industrie). Le développement de ces secteurs devient LA priorité économique. C’est-à-dire pour résumer qu’il apparait de faire repartir la production en France[3]. Pour y parvenir, il faut créer toutes les conditions favorables à cela : relocaliser certaines activités dans la mesure du possible et surtout développer des activités nouvelles, bien situées en France.
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Les effectifs doivent augmenter dans le secteur de l’Économie sociale et solidaire (ESS) pour contrebalancer la baisse probable des effectifs des fonctions publiques non régaliennes[4].
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Etc.
LE POLITIQUES DE L’EMPLOI CIBLÉES ONT DÉMONTRÉ LEURS LIMITES DEPUIS DES DÉCENNIES. IL FAUT PRENDRE LES CHOSES AUTREMENT.
Pour avoir davantage de travailleurs, il faut adopter une démarche globale en remettant en emploi des chômeurs de tous les âges, de toutes les qualifications, de tous les territoires, etc.
Le but majeur semble devoir être le nombre de travailleurs en France[5], en abandonnant les approches catégorielles sauf certaines exceptions (comme pour les travailleurs handicapés).
Dans ce contexte, l’augmentation de l’âge de la retraite de 62 à 64 ans (et demain 70 ans) n’est pas sérieux. Cela apparait comme une approche technocratique, limitée et parcellaire, d’un ministère contre un autre.
Le taux des professionnels de 62 à 64 ans en emploi reste faible (sans compter la crise 2020-2021), donc la prolongation de l’âge de départ ne résout rien. Elle implique des couts sociaux comme par exemple l’assurance chômage ou le bénéfice du RSA.
La seule priorité qui vaille est de créer des emplois :
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Pour des jeunes de 18 ans (bac), de 20 ans (BTS) ou dès 23 ans (Master), c’est-à-dire plus jeunes qu’aujourd’hui de deux à trois ans ;
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Pour des chômeurs qui veulent vraiment bosser[6] ;
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Pour des « plus de 60 ans », qui ont la santé[7] et envie de poursuivre encore leur carrière quel que soit leur motivation.
CETTE PRIORITÉ SUR LE NOMBRE DES EMPLOIS EST INCONTOURNABLE POUR SAUVER LES RÉGIMES SOCIAUX ET, EN PARTICULIER, CELUI DES RETRAITES.
[1] Il existe évidemment beaucoup d’autres conceptions, comme par exemple celle d’un régime privé d’assurance retraite. Néanmoins, le passage d’un système à un autre pose des questions difficile à résoudre semble-t-il.
[2] L’équilibre ne semble pas, à mon avis, reposer sur une quelconque augmentation des cotisations salariales et patronales.
[3] Une politique nationale est incontournable dans la mesure où nos régimes sociaux sont nationaux et non au niveau de l’Union européenne. L’implantation des activités doit obligatoirement suivre ce contexte existant.
[4] Ce sujet nécessite un développement plus complet et sans doute discutable.
[5] Un ancien patron du Medef vient d’évoquer deux millions d’emploi nouveaux, sur cinq années.
[6] La motivation des chômeurs, qui veulent travailler, doit être prise en compte autant que possible de manière réaliste, voire cynique. Car le but qui compte est le nombre de travailleurs en poste.
[7] C’est-à-dire la possibilité physique et morale.
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