Pour la France entière, Pôle emploi comptait en mai 5,43 millions d’inscrits « tenus à des actes de recherche d’emploi » (catégorie ABC) sur un nombre d’inscrits total de 6,2 millions.
Le paradoxe existant entre la coexistence d’un chômage de masse et de difficultés ponctuelles de recrutement en 2021, au moins quant aux délais, a orienté la politique de l’emploi vers la formation d’acquisition de compétences et/ou de reconversion des salariés et demandeurs d’emploi vers les postes considérés comme disponibles.
L’efficacité des mesures prises reste à confirmer dans la durée au travers d’un bilan précis.
Un « PLAN DE RÉDUCTION DES TENSIONS DE RECRUTEMENT » a été lancé en septembre 2021[1], il se poursuit avec pour objectif de :
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Réduire les difficultés de recrutement des entreprises et
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Orienter les demandeurs d’emploi vers les métiers qui recrutent le plus.
CE PLAN CIBLE LES DEMANDEURS D’EMPLOI DE LONGUE DURÉE
Ce plan visait, en particulier, les demandeurs d’emploi de longue durée[2].
En mai 2022, Pôle emploi comptait 2,42 millions de demandeurs d’emploi de longue durée[3], en catégorie A, B et C, c’est-à-dire 47% des inscrits à Pôle emploi[4].
En novembre 2021, la proportion était de 49,2% (- 2,2 points).
La baisse des inscrits a été de 238 400 sur ce délai de 6 mois.
Celle des inscrits de moins d’un an seulement de 16 000.
Pôle emploi a été chargé de recontacter tous les demandeurs d’emploi de longue durée en 2021 pour les orienter vers les nouvelles mesures du plan[5].
La « remobilisation » devait prendre en compte l’ensemble des difficultés de la personne : sociale, de santé, professionnelles, etc., grâce à un diagnostic personnalisé…
Le plan s’appuie sur la formation des salariés en poste et des sans-emplois[6].
LE PLAN CONTRIBUE AU FINANCEMENT DES ENTREPRISES POUR LA FORMATION
Pour répondre aux besoins en formation des entreprises, le budget annoncé initialement sur cette politique était de près d’1,4 milliard d’euros[7].
1. Formation de 350 000 salariés supplémentaires pour leur permettre d’adapter leurs compétences aux besoins des entreprises, face aux mutations économiques et technologiques ; 600 millions d’euros.
Ont été évoquées 50 000 formations « longues » de 400 heures en moyenne pour des parcours de reconversion ou de transition et 300 000 formations « courtes » de 40 heures en moyenne.
Et également devait être engagée la simplification du dispositif « transitions collectives » pour favoriser les reconversions professionnelles[8].
2. Amplifier la formation des demandeurs d’emploi vers les métiers en tension, en particulier les demandeurs d’emploi de longue durée ; 560 millions.
Il était question d’une augmentation du nombre de formations associées à une promesse d’embauche, sous la forme d’une formation préalable au recrutement (AFPR) ou de la Préparation opérationnelle à l’emploi individuelle (POE I)[9].
3. Encourager les entreprises à former des demandeurs d’emploi de longue durée ; 240 millions.
A ce jour, le montant des dépenses réellement engagées sur ces objectifs ne peut être estimé.
PÔLE EMPLOI POURSUIT PLUSIEURS ACTIONS CLASSIQUES
Parmi ces actions, on note :
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L’opération #TousMobilisés (jobs dating, ateliers de découverte des métiers, sessions de recrutement, visites en centre de formation, informations collectives et visites d’entreprises) ;
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Des périodes d’immersion en entreprise par le biais de stages;
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Le recrutement par simulation[10];
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Des méthodes de constitution de « viviers »: composition et entretien de groupe de personnes qualifiées pour répondre aux offres d’emploi des métiers donnés ;
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Enfin, l’appli « La bonne compétence pro » permet à des entreprises de repérer des personnes récemment formées sur les champs de compétences recherchées.
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La poursuite ou l’évolution de ce Plan devrait être décidé en fonction du bilan sur les mois écoulés.
[1] Ce plan doit être déployé à l’échelle de chaque bassin d’emploi pour répondre au plus près des besoins des entreprises. – https://travail-emploi.gouv.fr/actualites/l-actualite-du-ministere/article/actualite-reduction-des-tensions-de-recrutement
[2] Deux mesures concernent les demandeurs d’emploi de longue durée : une aide à l’embauche de 8 000 € aux entreprises qui les recrutent en contrat de professionnalisation et une aide de 1 000 € à ceux qui bénéficient d’une proposition d’emploi dans une entreprise et sont formés dans le cadre d’une POE I (préparation opérationnelle à l’emploi individuelle).
[3] Nombre des inscrits à Pôle emploi en catégorie ABC, pour la France métropolitaine.
1 à 2 ans | 2 à 3 ans | 3 ans et plus | Ensemble |
936 500 | 514 400 | 974 100 | 2 425 000 |
[4] Pôle emploi – Séries mensuelles nationales sur les demandes d’emploi – données CVS-CJO – mai 2022.
[5] Pôle emploi a cherché faire remonter les bonnes pratiques du terrain qui permettent de ramener vers l’emploi les demandeurs d’emploi de longue durée. Elles devaient être soutenues financièrement pour permettre leur développement.
[6] « La formation des salariés et des demandeurs d’emploi est déterminante pour répondre non seulement aux besoins de court terme mais aussi – pour accompagner les grandes transitions en cours qui feront notre économie de demain, c’est-à-dire les métiers de la transition écologique, du numérique, de l’industrie et des services. »
[7] Ce plan de 1,4 milliard d’euros s’inscrit dans le plan d’investissement dans les compétences (PIC) de près de 15 milliards d’euros. L’objectif annoncé était de former 1,4 million de demandeurs d’emploi en 2022.
[8] « L’objectif est de le rendre plus accessible aux petites et moyennes entreprises et de créer un réseau local de délégués à l’accompagnement des reconversions professionnelles pour faciliter la vie des entreprises et renforcer l’action des 86 plateformes territoriales d’appui aux transitions professionnelles. »
[9] Ces formations devaient être renforcées et leur accès simplifié pour l’employeur.
[10] Il s’agit de repérer les compétences cognitives, comportementales et techniques des individus, même lorsqu’ils n’ont pas les qualifications sur un métier donné.
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