Contrairement à ce que l’on entend dire dans certains discours politiques, il n’est pas simple de dire de manière générale, formelle et définitive quels sont les « métiers en tension ».
La liste de ceux-ci n’est pas stable.
Ce critère peut difficilement inspirer une politique publique sous ce seul terme.
LE CONCEPT DE « MÉTIERS EN TENSION » EST A PRENDRE AVEC DES PINCETTES.
Il y a bien des métiers pour lesquels les recrutements apparaissent difficile : pour une période donnée et pour des bassins d’emploi précis. Et il existe bien des postes non pourvus dans le délai voulu.
Mais les prévisions sur les « métiers en tension » doivent être considérées comme fragiles.
Le choix de formations ciblées doit en tenir compte.
Par exemple, dans le « TOP 10 des métiers où le taux de difficulté est le plus élevé[1] » le BMO 2023 figure :
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En numéro un : les couvreurs, couvreurs zingueurs qualifiés et
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En numéro 7 les plombiers, chauffagistes (ouvriers qualifiés).
Or, sur l’année écoulée, on annonce une baisse de 40% de la construction de maison neuves !
Les organisations patronales évoquent une perte possible de 100 000 emplois (cela illustre la tendance).
Ces métiers « vedettes » du second œuvre du bâtiment seront évidemment impactés.
A l’opposé, des métiers s’installent de manière plus stable : professionnels de cybersécurité ou conducteurs de transport routiers ; mais là aussi cela sera à confirmer.
La situation de métiers de santé apparait comme une préoccupation stable : les pharmaciens (en raison de mauvais choix dans les formations initiales), les Infirmiers, cadres infirmiers et puéricultrices, les spécialistes de l’appareillage médical, les agents de services hospitaliers, etc.
Mais en dehors de ceux-ci les incertitudes sont nombreuses.
Les annonces du probable impact du développement de l’Intelligence artificielle (IA) sur les emplois (administratifs, numériques, de communication, etc.) l’illustre bien.
Sur cette évolution, les prévisions portent sur davantage de suppression de postes que de créations de nouveaux métiers encore inconnus.
De même, les annonces sur la réindustrialisation ne peuvent cacher la poursuite de la baisse du nombre des emplois car on constate à la fois créations et des fermetures (ou réduction d’activités). Les relocalisations existent, mais sont rares et à faible impact à ce jour.
Les annonces de recrutements liés aux investissements étrangers (8 000 postes directs !) s’il elles se réalisent ont un calendrier pour le moins incertain.
Quant aux « métiers verts » proprement dit, l’annonce de leur création remonte à des décennies…
Enfin, les propos sur les métiers de l’énergie nucléaire dépendent de décisions qui ne sont toujours pas prises au niveau politique et le calendrier s’allonge…
LES PROBLÈMES DE RECRUTEMENT ONT DES CAUSES VARIÉES, ILS ÉVOLUENT
Les divers motifs des difficultés exprimées par les recruteurs participent à la compréhension des difficultés de recrutement.
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D’une part, la faute repose sur les candidats : en nombre insuffisant de candidats (85% des réponses) ou ayant un profil inadéquat des candidats (79%).
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D’autre part, le problème repose sur les postes proposés proprement dits : conditions de travail (37%), déficit d’image (23%), procédures internes (16%) ou accès au lieu de travail (16%).
[1] Parmi les métiers regroupant au moins 5 000 intentions d’embauche.
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