LES TENSIONS SUR LE MARCHÉ DU TRAVAIL EN 2022
La Dares vient de publier une analyse sur « les tensions sur le marché du travail en 2022 »[1].
La Dares présente la situation sur une série de métiers avec une approche multi critères assez complexe figurant dans un tableau à 8 colonnes[2].
Mais le document fait déjà un peu partie de l’Histoire, car la réalité sur le plan du marché de l’emploi, qui est connue pour 2023 et qui s’annonce pour 2024, a évolué sur de nombreux métiers où la demande a diminué de manière significative.
MAIS LE MARCHE DU TRAVAIL ÉVOLUE VITE
Le nombre des emplois a diminué par exemple dans la Construction ou dans hôtellerie-restauration.
Un indice : le nombre de liquidations judiciaires a augmenté de +18% au 3ème trimestre 2023 par rapport à 2022 (7 723 liquidations).
Ce phénomène touche en particulier l’immobilier, avec une baisse de la vente de biens[3], mais commence à toucher le Bâtiment[4], avec une chute des mises en chantier des bâtiments neufs qui va s’inscrire dans la durée. La poursuite de la chute du nombre des permis de construire se poursuit.
Des commerces et services de proximité sont également concernés dont en particulier l’habillement, avec la fermeture de plusieurs enseignes.
De même, pour des boulangeries-pâtisseries[5] ou des salons de coiffure qui ferment.
Enfin, le remboursement des prêts garantis par l’État (PGE) pose progressivement problème à certaines entreprises[6].
IL FAUT BIEN PRÉCISER LES PROBLÈMES DES TENSIONS SUR LE MARCHE DU TRAVAIL
La Dares pose bien les problèmes des tensions sur le marché du travail qui apparait comme un sujet complexe[7] :
« La coexistence de tensions importantes sur le marché du travail et d’un chômage élevé révèle l’existence d’un volant structurel du chômage que l’analyse des tensions par métier permet de mieux comprendre. »[8]
Deux situations de tensions sur le marché du travail très différentes sont présentes.:
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D’une part, « des métiers pour lesquels les besoins de recrutement sont élevés, alors que le vivier de main-d’œuvre disponible est relativement réduit. » – Dares. ;
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D’autre part, « des métiers pour lesquels les besoins de recrutement sont également élevés, mais le vivier de main-d’œuvre est plus important. » – Dares.
LES SOLUTIONS A METTRE EN ŒUVRE SONT DIFFÉRENTES SELON LES CAS.
Le premier cas concerne notamment des métiers qualifiés dans des secteurs en croissance ou en réorganisation, comme ceux :
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Des ingénieurs et techniciens dans le numérique et les télécoms (métiers de la cybersécurité par exemple) ou
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Des professionnels de santé : médecins, pharmaciens, sage-femmes, infirmiers, aides-soignants, etc.
Le commentaire de la Dares conclut que la solution repose sur une augmentation des formations.
« Le désalignement de l’offre et de la demande est donc de nature quantitative et provient principalement de problématiques de qualification/compétences. Ainsi, une modification des politiques de formation pourrait aider à réduire les tensions dans ces métiers. » – Dares.
Le second cas concerne souvent de métiers moins qualifiés qui manquent d’attractivité.
Une réduction des tensions dans ces métiers passe par une communication dynamique mais surtout une amélioration des conditions de travail et d’emploi (type de contrats de travail, rémunérations, horaires, etc.).
Par exemple, relèvent de cette catégorie des métiers : de l’hôtellerie et de la restauration[9], d’agents de sécurité ou de conducteurs de transports collectifs.
C’est-à-dire des métiers pour lesquels le potentiel de candidats existent, mais que ceux-ci restent à convaincre par l’attractivité des offres.
PROCÉDURE CHOISIE PAR LA DARES
La présentation des métiers en tension peut apparaitre compliquée pour le non spécialiste, à lire l’analyse du ministère du Travail (Dares).
Pour être clair, il n’existe pas une liste de 20 ou 30 métiers en tension en France au 1er novembre 2023.
Concernant la diffusion d’informations sur les métiers en tension, la Dares explique que plusieurs options sont possibles.
Elle a opté sur une combinaison des différentes options pour produire « un indicateur quantitatif composite ».
Le but est que l’information diffusée doit être adaptée en fonction des interlocuteurs qui vont la mobiliser (pour délivrer des autorisations de travail, pour allouer des fonds destinés à la formation, etc.).
[1] Dares – Résultats N° 59 – 3 novembre 2023
[2] Tension (valeur), Tension (discret), Intensité d’embauches, Manque de main-d’œuvre disponible, Lien formation-emploi, Non-durabilité de l’emploi, Conditions de travail contraignantes, Inadéquation géographique.
[3] 165 agences immobilières ont ainsi été placées en liquidation judiciaire sur la période allant du 1er juillet au 30 septembre 2023, soit une augmentation de 175% sur un an.
[4] Les entreprises spécialisées dans les travaux de maçonnerie générale et le gros œuvre de bâtiment connaissent une augmentation de 90% des liquidations judiciaires.
[5] A cause des prix élevés de l’énergie et des matières premières.
[6] 4% des PGE ont déjà rencontré des difficultés de remboursement, ce mouvement va se poursuivre. – Fédération bancaire française (FBF).
[7] « La tension sur le marché du travail se définit comme un excès de demande de travail. Au niveau macroéconomique, le taux de chômage est donc un indicateur direct de tension : plus il se rapproche de son niveau frictionnel, plus les tensions sont élevées. Toutefois, si des tensions coexistent avec un taux de chômage élevé (ce qui était le cas de 2017 à 2019 en France), cela révèle une inadéquation entre l’offre et la demande de travail, source de chômage structurel.
Une analyse détaillée par métier et par zone géographique permettant de mesurer et de comprendre la source potentielle de ces tensions s’impose »
[8] Dares – Comment mesurer les tensions sur le marché du travail ? – Septembre 2021 – N° 252 – https://www.dares.travail-emploi.gouv.fr/sites/default/files/ebbf6476aa69df7b7ab2ac6aee011689/DE%20-%20Comment%20mesurer%20les%20tensions%20sur%20le%20march%C3%A9%20du%20travail%20.pdf
[9] Serveurs, employés et maîtrise de l’hôtellerie ou apprentis de cuisine par exemple.
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