UN SALARIÉ SUR DEUX TRAVAILLAIT FIN MARS 2020.
A la fin mars, selon l’enquête « Acemo spéciale Covid »[1] de la DARES :
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Un quart des salariés travaillaient sur site,
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Un quart en télétravail,
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Un quart était en chômage partiel,
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Les autres étaient soit en congés maladie ou en garde d’enfants (fermeture des écoles).
De cette photo instantanée, on peut déduire qu’un salarié sur deux travaillait à cette date (hors TPE).
EN DÉPIT D’UNE FORTE RÉDUCTION D’ACTIVITÉ, LES ENTREPRISES ONT PEU RÉDUIT LEURS EFFECTIFS
D’après cette enquête, « les entreprises ont toutefois peu réduit leurs effectifs, et très peu licencié », à ce stade. « Les ajustements de la main d’œuvre passent par des solutions temporaires et flexibles. »
Les entreprises, dont les effectifs ont diminué du fait de la crise sanitaire (disposant de 11,1% du total des salariés), ont surtout recours :
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À l’annulation ou au report d’embauches prévues (51%) pour des remplacements,
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Au non-renouvellement de CDD (49%),
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Les ruptures conventionnelles également très peu fréquentes (4%),
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Le licenciement étant resté, à ce stade, marginal (2%).
Les quelques entreprises, dont l’activité augmente (disposant de 3,4% du total des salariés), privilégient :
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Les heures supplémentaires ou complémentaires (70%),
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Les recrutements en CDD (48%),
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Le recours à des intérimaires (36%),
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L’extension des horaires d’activité (28%).
L’ACCÈS MASSIF AU CHÔMAGE PARTIEL A RÉDUIT L’IMPACT DE LA CRISE DANS L’IMMÉDIAT.
La moitié des salariés se trouvent dans une entreprise dont l’activité s’est arrêtée ou a diminué de plus de moitié.
59% des salariés travaillent dans une entreprise qui a mis au moins une partie de ses salariés au chômage partiel.
Le recours au chômage partiel est particulièrement marqué dans les secteurs de la « fabrication de matériel de transport » (automobiles) (97%), dans l’hébergement et la restauration (96%), et dans la construction (95%).
Ce taux est nettement moindre dans l’industrie agro-alimentaire (37%), dans l’enseignement, la santé et l’action sociale (37%), dans les secteurs liés à l’énergie, l’eau, et la gestion des déchets (35%) et pour les activités financières et d’assurance (14%).
72 % dans les entreprises ayant entre 10 et 19 salariés y recourent contre seulement 51 % pour les entreprises de 500 salariés ou plus.
HORMIS LES FERMETURES ADMINISTRATIVES, PLUSIEURS MOTIFS DE FERMETURE OU DE RÉDUCTION D’ACTIVITÉS COEXISTENT.
La difficulté majeure est liée à la gestion des questions sanitaires : manque de masques, de gel hydroalcoolique, de maintien des distances, etc.[2]. Des entreprises, employant 62% des salariés, citent ce motif.
Suivent les préoccupations financières (34%), les problèmes d’approvisionnement (28%)[3]. Puis le manque de débouchés : 24,8%, la manque de personnel (24%), les difficultés liées à l’aval (question de transports, etc.).
Les fermetures administratives concernent des entreprises employant seulement 24% des salariés.
Par ailleurs, la nature des difficultés rencontrées par les entreprises varie selon les secteurs professionnels.
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Par exemple, « le manque de personnel se fait sentir plus fortement dans la fabrication d’autres produits industriels, particulièrement dans les secteurs de la pharmacie et de la chimie, mais aussi dans la recherche et développement ainsi que dans l’action sociale ».
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Autre motif : « Les difficultés d’approvisionnement sont très fréquentes dans les secteurs de la fabrication d’équipements électriques, électroniques, informatiques et de machines (71%), la construction (70%) et la fabrication de matériels de transport (64%) ».
Le manque de personnel « pouvant travailler » n’apparait pas comme une cause majeure de la situation par rapport à la perte de débouchés ou des problèmes d’approvisionnement ou des problèmes de distribution.
LA SITUATION VA ENCORE BEAUCOUP ÉVOLUER D’ICI AU 11 MAI
Ces chiffres décrivant la situation à fin mars vont fortement évoluer d’ici au 11 mai (sortie possible du confinement).
Le nombre de personnes en chômage partiel a, en effet, augmenté de 3,6 millions, au 31 mars, à plus de 9 millions à ce jour (pour tous les types d’entreprises privées).
Mais les tendances analysées à l’occasion de cette enquête, portant sur le mois de mars, demeurent intéressantes dans la mesure où elles indiquent :
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L’importance primordiale de la gestion des risques (qui impose réorganisation de l’entreprise et disponibilité des matériels) qui appelle la disponibilité des matériels partout et une organisation apportant la confiance.
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Le poids de l’imbrication des activités (approvisionnements, débouchés, distribution) qui va constituer un frein à la reprise ou au moins la ralentir.
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La préoccupation financière qui émergeait déjà fin mars et qui sera critique le 11 mai. De la rapidité et de la qualité de la mise en œuvre des mesures de soutien aux entreprises annoncées (caution, prêts, interventions directes, etc.) dépend le rétablissement des activités de nombreuses entreprises.
[1] « L’enquête Acemo spéciale Covid a interrogé les entreprises de 10 salariés ou plus du secteur privé non agricole entre le 1er et le 10 avril 2020, sur leur situation et les conditions d’emploi de la main- d’œuvre à fin mars. » Source : Dares, enquête Acemo Covid, avril 2020. Champ : salariés du privé hors agriculture, particuliers employeurs et activités extraterritoriales ; France (hors Mayotte).
[2] « Question : À la date du 31 mars, quelles sont vos principales difficultés rencontrées depuis le début de la crise sanitaire ? » Source : Dares, enquête Acemo Covid, avril 2020. Champ
[3] « La gestion des questions sanitaires pose plus de difficultés pour les grandes entreprises (69% pour celles de 500 salariés ou plus). Les difficultés financières touchent davantage les plus petites d’entre elles (42% pour les entreprises de 10 à 19 salariés). »
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