Le plan de lutte contre le chômage de longue durée fait l’économie de l’analyse des différents profils des chômeurs de longue durée et ignore le débat sur la priorité à accorder aux actions de prévention du chômage de longue durée et celles à mener ensuite.
CROISSANCE DU CHÔMAGE DE LONGUE DURÉE A 43%
En France métropolitaine, le nombre de demandeurs d’emploi inscrits en catégories A, B, C depuis un an ou plus a augmenté de +9,7 % en 2014 tandis que celui des inscrits depuis moins d’un an augmente de +3,9% sur un an.
Les chômeurs de longue durée représentent plus de 43% des demandeurs d’emploi (+1,3 point en 2014).
Cette augmentation est particulièrement forte pour les demandeurs d’emploi de plus de trois ans : +19,1%.
Ancienneté de l’inscription | Nombre de DE catégorie A, B et C | Evolution sur 2014 |
Moins de un an | 2 963 600 | 3,90% |
Plus de un an[1] | 2 254 600 | 9,70% |
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1 040 100 | 3,70% |
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506 600 | 10,70% |
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705 100 | 19,10% |
La durée d’inscription à Pôle Emploi augmente avec l’âge et continue à augmenter en 2014.
Catégorie d’âge | Nombre de jours | Evolution en jours sur 2014 | En % |
Moins de 25 ans | 159 | +2 | 1,3% |
De 25 à 49 ans | 290 | +6 | 2,1% |
50 ans et plus | 517 | +69 | 13,3% |
France métropolitaine[2] | 286 | +19 | 6,6% |
Ces chiffres tiennent uniquement compte des personnes inscrites à Pôle Emploi. Les jeunes sans droits à indemnisation tardent le plus souvent à s’inscrire, de même pour des personnes au bout de 2 ou 3 ans qui rentrent dans la mécanique du RSA suite à la fin de leurs droits à l’allocation chômage.
UN PLAN DE LUTTE CONTRE LE CHÔMAGE DE LONGUE DURÉE
L’engagement de renforcer les actions en direction des chômeurs de longue durée a été pris par le président de la République et le premier ministre à l’issue de la Grande Conférence sociale des 7 et 8 juillet 2014. Un plan vient d’être annoncé. Il ne comprend pas d’éléments novateurs ou un engagement de nouveaux moyens, tout juste appelle-t-il à certains transferts vers des publics chômeurs de longue durée (CLD).
Il a le mérite de pointer le problème et la progression de son intensité. En résumé, ce plan porte, sur :
- L’accompagnement renforcé. Les chômeurs de longue durée bénéficieraient en priorité du doublement, prévu d’ici à 2017, du nombre de procédure d’accompagnement renforcé de demandeurs d’emploi par Pôleemploi (passage de 230 000 aujourd’hui à 460 000).
- la formation professionnelle, en mobilisant le Compte Personnel de Formation (CPF) pour permettre aux chômeurs d’accéder beaucoup plus vite à des formations qualifiantes (limitées à 150 heures !). Mais, le financement du CPF des chômeurs reste à mettre en place. Pôle emploi devrait expérimenter avec l’AFPA la mise en place d’un système de réservation « zéro place de formation inoccupée » permettant de connaitre en temps réel les places libres ou devenues vacantes dans les formations.
- Le transfert d’une part des contrats de professionnalisation des jeunes vers les seniors, avec
o un contrat de professionnalisation « nouvelle carrière », adapté aux demandeurs d’emploi ayant bénéficié d’une longue expérience professionnelle, mais ayant subi une rupture du contrat de travail à l’âge de 50 ans ou plus
o un contrat de professionnalisation « nouvelle chance », adapté aux demandeurs d’emploi de longue durée peu ou pas qualifiés.
- La période de mise en situation en milieu professionnel (PMSMP)[3], introduite par la loi du 5 mars 2014, devrait être mise en place en 2015 avec la collaboration de la Fondation Agir contre l’Exclusion (FACE). Diverses autres actions de mobilisation des employeurs sont listées.
Le Ministre a annoncé une action de l’Agence nationale des solidarités actives (ANSA) pour « identifier des projets et de leur apporter appui méthodologique et financements pour s’étendre à d’autres territoires, voire se généraliser »[4].
Le choix de l’association ANSA, qui n’est en aucun cas une Agence publique, par rapport aux autres acteurs intervenant sur la création d’entreprise ne peut que surprendre. On ignore si cette action correspond à un financement spécifique et sur quelle base.
Parallèlement, une intervention sur les freins sociaux à l’accès à l’emploi concernera en particulier : le logement, les places en crèches, la santé, la levée des freins à la mobilité entre les territoires etc.
Le gouvernement souhaite encourager l’extension de la formule d’« accompagnement global » testé en 2014 par Pôle emploi en lien avec des conseils régionaux.
CONCLUSIONS
Cette mobilisation de différentes politiques publiques existantes semble logique, mais elle n’amène aucun moyen supplémentaire en dehors du glissement d’une part des contrats de professionnalisation des jeunes vers les seniors.
[1] Pour la France entière y compris DOM le nombre de demandeurs d’emploi de plus d’un an est 2 417 100 soit + 9,3% en 2014.
[2] Pour la France entière y compris DOM le nombre de jours est de 290, soit + 21 jours (+7,2%).
[3] Elle a pour objet de permettre au demandeur d’emploi de tester sa capacité à vivre dans un milieu de travail, à occuper un poste, à maîtriser des compétences, et donc, à reprendre confiance en soi.
[4] « Pour tirer parti de la multitude d’initiatives qui, sur le terrain, partent de besoins non couverts par le marché pour créer des activités nouvelles, adaptées à l’emploi de personnes éloignées du marché du travail, un accélérateur d’innovation sociale sera mis en place. »
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