Le ministère de l’Éducation nationale publie chaque année « L’état de l’École » présente une synthèse d’indicateurs statistiques qui apparaissent essentiels pour analyser notre système éducatif et pour apprécier les politiques publiques mises en œuvre.
Ce travail est globalement très riche. Il comporte en particulier une partie relative à l’insertion professionnelle des jeunes. Cette édition 2019 [EE 2019][1] donne des indications sur le parcours de jeunes, sortis de l’enseignement en 2010, et leur situation 3 ans après leur sortie, puis 7 ans après (donc en 2017). Cette approche a un petit côté « historique », mais elle illustre bien les tendances constatées de l’entrée dans la vie active des jeunes.
LE NIVEAU DE FORMATION INITIALE DES JEUNES NE PROGRESSE PLUS
En moyenne sur 2015, 2016 et 2017[2],
- 46 % des jeunes sortants de formation initiale sont diplômés de l’enseignement supérieur,
- 41% des diplômés de formations 2d degré, dont bacheliers, et
- 12% ont le Brevet ou aucun diplôme (soit 90 500 jeunes).
La proportion de bacheliers a atteint un plafond (79,7% en 2019). Le nombre de diplômés du supérieur stagne. La proportion de jeunes sans diplôme ne diminue pas vraiment. Cette donne influe par rapport à une demande en qualification croissante dans de nombreux secteurs et concourent à demander une évolution des formations initiales avant même de recourir à la formation professionnelle.
L’INSERTION PROFESSIONNELLE DES JEUNES 3 ANS ET 7 ANS, APRÈS LE DERNIER DIPLÔME, EST CONNUE.
L’indicateur 29 de l’État de l’école 2019 traite de « l’insertion professionnelle des jeunes ». Il indique le taux de chômage 3 ans et 7 ans après l’issue des études en fonction du dernier niveau de diplôme validé[3].
L’indicateur 30 concerne « Le diplôme et l’entrée dans la vie active ». Un autre billet sera consacré à commenter les chiffres de cet indicateur qui conduit à d’autres questions.
IL APPARAIT QUE LE TAUX DE CHÔMAGE EST DIRECTEMENT CORRÉLÉ AU NIVEAU DU DERNIER DIPLÔME VALIDÉ.
Pour lire les chiffres de la Depp, il convient de rappeler qu’en moyenne sur le quatrième trimestre 2017, le taux de chômage au sens du BIT était de 8,9% de la population active en France (hors Mayotte)[4].
Pour des non-diplômés, le taux de chômage est de +50% après trois ans et de +35% après 7 ans.
Pour titulaires de CAP-BEP et mentions complémentaires, le taux de chômage est de +32% après 3 ans et +21% après 7 ans.
Ces chiffres confirment le positionnement des Missions locales sur l’emploi de ces publics jeunes, compte tenu de leurs difficultés d’insertion dans l’emploi.
Au niveau des bacheliers, l’insertion est meilleure, mais reste lente, à plus de +20% au bout de trois ans et +13% au bout de 7 ans.
Pour les diplômés de l’enseignement supérieur, la situation est bien plus satisfaisante (de l’ordre du plein emploi au bout de 7 ans) avec des nuances, selon les niveaux et les formations.
Par exemple, les taux de chômage les plus bas sont ceux des diplômés à Bac + 2/3 en santé-social, arrivant sur des professions qui recrutent.
LA QUALITÉ DE L’INSERTION PROFESSIONNELLE EST GÉNÉRALEMENT LIÉE AU DIPLÔME
Tous les autres critères, comme la rapidité d’accès à l’emploi, le niveau de salaires, la proportion de CDI ou l’accès au statut-cadre, dépendent du niveau du dernier diplôme validé.
Pour prendre le taux d’emploi en CDI, 7 années après la fin de la formation initiale, la variation est nette, sans même compter la différence des taux de jeunes en emploi[5]. Il varie de 56% pour les non-diplômés, à 74% pour les titulaires de CAP BEP, pour atteindre près de 80% pour les bacheliers et se rapprocher de 90% pour les « bac+5 ». À noter que les diplômés à bac+2 et +3, ont un taux élevé en CDI.
Sept années après la fin de la formation initiale, le taux de cadre[6] est élevé parmi les titulaires d’un bac+5 :
- Bac +5 universitaire : 62%,
- Écoles de commerce et d’ingénieur (Bac +5) : 81% et
- Doctorat : 92%.
Pour les titulaires de Licence professionnelle, il se situe à 21% et à 25% pour les Bac +3/4 hors santé-social. Il reste à 12% pour les BTS et DUT.
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Ces statistiques peuvent évidemment occulter des exceptions dans les parcours et ne prennent pas en compte des profils hors norme (mannequins, sportifs, acteurs, artistes, joueurs de poker, etc.).
Les propos récurrents sur l’absence de prise en compte des diplômes dans la pratique des recrutements semblent tenir à des cas de figure réels, mais qui demeurent marginaux.
[1] Les publications de la Depp – L’état de l’École 2019 – Synthèses statistiques – Statistiques – publications annuelles – Numéro 29, novembre 2019 – https://www.education.gouv.fr/cid57102/l-etat-de-l-ecole-2019.html
Cette édition 2019 présente 30 indicateurs structurés autour de quatre thèmes principaux :
- les élèves, présente les contextes de scolarisation de l’ensemble des élèves ;
- l’investissement, expose les moyens financiers, les moyens en personnels et les conditions d’accueil des élèves ;
- les acquis des élèves, synthétise les acquis des élèves évalués lors des évaluations nationales ou internationales ;
- les parcours, l’orientation et l’insertion, décrit les parcours des élèves, leur orientation et leur insertion professionnelle.
[2] Répartition des sortants de formation initiale en fonction de leur diplôme le plus élevé (28.1). L’état de l’École 2019 – DEPP
Plus haut niveau de diplôme en 2010 | En milliers | En % | |
Master, doctorat | 113,5 | 15% | |
Écoles supérieures | 60,3 | 8% | |
Licence | 71,9 | 10% | |
BTS, DUT et équivalents | 87,4 | 12% | |
Paramédical et social | 10,1 | 1% | |
Total diplômés des études supérieures | 343,1 | 46% | |
Baccalauréat général | 64,8 | 9% | |
Baccalauréat technologique | 42,8 | 6% | |
Baccalauréat professionnel et assimilé | 125,0 | 17% | |
CAP, BEP ou équivalent | 74,0 | 10% | |
Total diplômés formations du 2nd degré | 306,5 | 41% | |
Brevet seul | 49,6 | 7% | |
Aucun diplôme | 40,9 | 6% | |
Total brevet et aucun diplôme | 90,5 | 12% | |
Total sortants de formation initiale | 740,2 | 100% |
Champ : France métropolitaine + DOM (hors Mayotte), données provisoires. Sources : Insee, enquêtes Emploi, estimations de population, recensement de la population ; traitement MENJ-MESRI-DEPP.
[3] Taux de chômage des jeunes actifs à la date de l’enquête en 2017
Plus haut niveau de diplôme en 2010 | 3 ans après la fin des études | 7 ans après la fin des études |
Non-diplômés | 50% | 35% |
CAP-BEP – Mentions complémentaires | 32% | 21% |
Baccalauréat professionnel | 20% | 12% |
Baccalauréat technologique | 24% | 13% |
Baccalauréat général | 22% | 14% |
BTS-DUT, autres BAC+2 | 15% | 7% |
Bac + 2/3, santé-social | 2% | 0% |
Licence professionnelle | 10% | 1% |
Bac + 3/4 hors santé-social | 14% | 7% |
Bac + 5 (hors écoles de commerce et d’ingénieurs) | 12% | 6% |
Écoles de commerce et d’ingénieur (Bac +5) | 5% | 3% |
Doctorat | 6% | 3% |
Ensemble | 23% | 14% |
Champ : France entière, primo-sortants du système éducatif. Source : Céreq, enquête 2017 auprès de la Génération 2010.
[4] https://www.insee.fr/fr/statistiques/3326105
[5] Taux de CDI, 7 années après la fin de la formation initiale.
Plus haut niveau de diplôme en 2010 | Taux de CDI |
Non-diplômés | 56% |
CAP-BEP – Mentions complémentaires | 74% |
Baccalauréat professionnel | 81% |
Baccalauréat technologique | 77% |
Baccalauréat général | 76% |
BTS-DUT, autres BAC+2 | 90% |
Bac +2/3, santé-social | 95% |
Licence professionnelle | 86% |
Bac +3/4 hors santé-social | 83% |
Bac +5 (hors écoles de commerce et d’ingénieurs) | 87% |
Écoles de commerce et d’ingénieur (Bac +5) | 97% |
Doctorat | 91% |
Ensemble | 80% |
Champ : France entière, primo-sortants du système éducatif. Source : Céreq, enquête 2017 auprès de la Génération 2010.
[6] Taux de cadre, 7 années après la fin de la formation initiale.
Plus haut niveau de diplôme en 2010 | Taux de cadre |
Non-diplômés | 1% |
CAP-BEP – Mentions complémentaires | 1% |
Baccalauréat professionnel | 2% |
Baccalauréat technologique | 5% |
Baccalauréat général | 12% |
BTS-DUT, autres BAC+2 | 12% |
Bac +2/3, santé-social | 2% |
Licence professionnelle | 21% |
Bac +3/4 hors santé-social | 25% |
Bac +5 (hors écoles de commerce et d’ingénieurs) | 62% |
Écoles de commerce et d’ingénieur (Bac +5) | 81% |
Doctorat | 92% |
Ensemble | 20% |
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