DEPUIS MARS 2020, LA DIMINUTION DU NOMBRE D’OFFRES D’EMPLOI EST SPECTACULAIRE
La ministre du Travail a déclaré qu’il y avait eu :
« 70% d’offres d’emplois en moins en mars 2020 par rapport à mars 2019 ». « Mais il y a quand même des secteurs qui recherchent activement », a-t-elle ajouté, citant entres autres l’agriculture, le transport ou encore le médico-social. »
La diminution s’est poursuivie en avril.
Le tableau de la situation du marché du travail durant la crise sanitaire de la DARES (21 avril 2020) porte sur un panel d’une quinzaine de sites en publiant juste un indice[1], mais il n’apporte pas d’informations chiffrées en nombre d’offres d’emploi !
Le choix de cet indicateur reste flou, il a été probablement été produit pour ne pas effrayer.
La plateforme « Mobilisation emploi » lancé par le Ministère du Travail et portée par Pôle emploi plafonne à un niveau faible (10 650 offres le 7 avril). Cette plateforme avait pour objectif de faire valoir des besoins en recrutement sur des secteurs estimés encore porteurs au début de la période de confinement à mi-mars : santé, aide à domicile, agriculture, agro-alimentaire, transports, logistique, énergie et télécommunications. Ils se tarissent !
Des responsables de Pôle emploi évoque encore des offres dans le domaine de la santé (aides-soignantes, veilleurs de nuit…), de la logistique (chauffeurs livreurs, etc.), le commerce (mise en rayon, etc.), etc., mais cela apparait désormais marginal en nombre.
Illustration, le nombre d’offres disponibles sur le site Internet de Pôle emploi serait passé de 655 000 à 512 000 en deux semaines (du 24 mars au 6 avril).
Pour les cadres, le nombre des offres d’emploi a enregistré une chute de 40% en un seul moi[2]. Les trois secteurs recrutant le plus de cadres (activités informatiques, l’ingénierie R&D, et conseil et gestion des entreprises) subissent chacun une baisse moyenne de 40% également par rapport au nombre d’offres d’emploi à la même période en 2019[3].
L’Apec vient de préciser que « la situation ne cesse d’évoluer, et ce, de façon très rapide » !
L’AVENIR DU NIVEAU DES EMBAUCHES DÉPENDRA DE L’AMPLEUR ET DE LA RAPIDITÉ DE LA REPRISE DES ACTIVITÉS.
La ministre du Travail s’inquiète légitimement pour la suite et a exprimé la situation très clairement :
« Tout ce qui peut permettre de reprendre dans les semaines qui viennent une activité, en protégeant les salariés, contribue à éviter le spectre d’un chômage qui augmenterait », « Tout dépendra de l’ampleur et de la rapidité de la reprise d’activité, aujourd’hui c’est vraiment trop tôt pour le dire. »
Son appel à la reprise d’activité parait avoir un effet plus que limité.
MAIS, DANS L’IMMÉDIAT, LA PERSPECTIVE D’UN POINT « ZÉRO RECRUTEMENT » SE PROFILE.
Le rapide recul du dépôt d’offres a été constaté par l’ensemble des acteurs de l’emploi : sites emploi de tous types, agrégateurs, SPE, service d’insertion professionnelle, etc. Il se poursuivra dans le mois qui vient.
Plus de 66% des salariés seront en chômage partiel au 1er mai.
1,05 million d’entreprises ont des salariés au chômage partiel (21/04).
Les entreprises, sauf exception, sont au mieux dans l’attentisme, par rapport à la perspective du retour de plus de 13 millions de salariés au chômage partiel. Elles n’embauchent pas.
On dénombre 10,2 millions à ce jour (21/04) de salariés en activité partielle.
Ce chiffre qui continue à croitre. Viendra s’y ajouter plus, au moins 2,1 millions au 1er mai, avec le transfert des arrêts maladie pour garde d’enfants ou de personnes vulnérables vers l’assurance chômage.
Le point « zéro recrutement » ne sera pas atteint, mais on va s’en approcher.
Il restera des besoins dans des secteurs qui fonctionnent encore (à cause des absences, des départs en retraite, etc.) et pour des travaux ponctuels (main d’œuvre agricole).
Enfin, les recrutements sur concours des fonctions publiques ont bien été confirmés avec certains aménagements.
[1] Source : Panel de 13 sites d’offres d’emploi – Calculs de la Dares.
La liste des 13 sites emplois concernés n’est pas précisée.
« L’indicateur sur les offres d’emploi en ligne porte sur 13 sites suivis par la Dares. Il comptabilise chaque semaine les nouvelles offres déposées. Les offres sont dédoublonnées, de façon à ne comptabiliser qu’une seule fois une annonce présente sur plusieurs sites mais qui porte en réalité sur une même proposition d’embauche. Ces offres reflètent partiellement l’ensemble des démarches réalisées par les entreprises pour recruter. » DARES
[2] Selon des chiffres publiés, le 22 avril, par l’Association pour l’emploi des cadres (Apec), le nombre d’offres d’emploi pour ces cadres a enregistré une baisse de 40 % en un mois
[3] L’APEC estime que dans ce « contexte sanitaire inédit, les 297 000 embauches cadres annoncées en début d’année ne se réaliseront pas en 2020 ».
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